(Montréal) Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) demande au gouvernement du Québec de doubler le nombre de logements sociaux dans la province d’ici 15 ans.

L’organisation regroupant des comités logements et des associations de citoyens a formulé cette demande dimanche, à la suite d’un congrès de trois jours à Sherbrooke.

« Par le passé, on avait déjà cette volonté de dire, il faut qu’on augmente la part [de logements sociaux] pour répondre aux besoins des ménages locataires à faibles et à modestes revenus, qui déjà, étaient nombreux à consacrer une part trop importante de leur revenu pour se loger. Mais là, il y a comme une urgence qui s’est rajoutée depuis quelques années avec la pénurie de logements locatifs et l’inabordabilité qui est galopante. Partout les loyers augmentent rapidement », a affirmé Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, en entrevue.

Le FRAPRU indique que la part de logements sociaux sur le nombre de logements actifs se chiffre actuellement à 10,5 % au Québec. L’organisme souhaite que cette proportion se chiffre à au moins 20 %. Pour y arriver, le FRAPRU demande au gouvernement de se fixer comme objectif d’acquérir ou de construire 10 000 logements sociaux chaque année, sous forme d’organisme sans but lucratif (OSBL), de coopératives d’habitation et de logement sociaux publics (comme des HLM), pendant une période de 15 ans.

« Pour ça, ça prend des programmes qui sont adaptés à la fois pour la construction neuve et pour sortir du marché des immeubles locatifs encore abordables. On se dote d’une perspective avec des cibles, et des moyens d’y arriver », a poursuivi Mme Laflamme, indiquant qu’il s’agit de la nouvelle orientation sur laquelle le FRAPRU va travailler.

La porte-parole du FRAPRU a précisé que cela ne signifie pas qu’il faudrait arrêter de mettre en place de nouveaux logements sociaux après 15 ans, mais que cette demande représente plutôt « un minimum ».

« À tous les niveaux, les Villes, le gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral nous disent : il faut construire pour sortir de la crise. Mais le constat qu’on fait, et qui est fait un peu partout, c’est que si on construit n’importe quoi, on ne se sortira pas de la crise. Si la solution ce n’est que de construire du logement neuf privé, on va venir augmenter le problème d’inabordabilité », a soutenu Mme Laflamme.

« Il faut s’assurer qu’on ait des constructions minimales de logements sans but lucratif sur lesquels personne ne fait de profits qui vont répondre aux besoins des ménages à faibles et modestes revenus, qui sont les plus touchés par cette crise-là et qui, déjà, sont souvent à un imprévu de tomber en situation d’itinérance », a-t-elle ajouté.

Le taux d’inoccupation était faible dans plusieurs villes en 2023, selon le rapport annuel de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Dans le Grand Montréal, le taux d’inoccupation est passé de 2 % à 1,5 % en 2023. À Québec, le taux d’inoccupation est descendu à 0,9 %, son plus faible niveau en 15 ans, selon la SCHL. Le taux d’inoccupation est toutefois resté stable dans la partie québécoise de la région métropolitaine de recensement d’Ottawa-Gatineau en 2023, se chiffrant à 1,1 %.

Un 1er juillet qui s’annonce difficile

Le FRAPRU s’attend à ce que le 1er juillet soit à nouveau difficile cette année, notamment en raison des faibles taux d’inoccupation et des hausses de loyer, a indiqué Mme Laflamme.

« Il ne faut pas oublier que, malgré le fait que la recherche de logements est très difficile, il y a tous ces ménages qui vivent dans des situations de mal-logement, des logements déjà trop chers, dans des logements en mauvais état, dans des logements trop petits pour leur famille, qui n’ont pas d’alternative et qui demeurent dans leur logement par crainte de se retrouver à la rue », a-t-elle ajouté, disant qu’elle craint que ces situations soient normalisées.

Mme Laflamme a aussi indiqué que le FRAPRU constate que la demande dans les services d’aide au relogement est dans plusieurs cas en hausse.

« Il n’y a plus beaucoup de régions qui sont épargnées par ce phénomène de ménages locataires à risque d’être sans logis à l’approche du 1er juillet », a dit Mme Laflamme. Elle indique qu’en dehors des grands centres, des villes comme Trois-Rivières, Granby, Sherbrooke et Rimouski sont aussi touchées par la crise du logement.