(Montréal) Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) affirme que malgré l’arrestation de 15 personnes en lien avec l’occupation d’un édifice administratif de l’Université McGill jeudi, il n’a pas l’intention d’intervenir dans un campement propalestinien sur le campus du centre-ville.

L’occupation de jeudi, qui s’est terminée par des policiers antiémeute lançant des gaz lacrymogènes sur les manifestants, constitue une escalade dans l’impasse qui a commencé lorsque les manifestants ont installé un campement sur la pelouse de l’université il y a plus d’un mois.

L’agent Jean-Pierre Brabant du SPVM a affirmé vendredi que la police était intervenue parce que des crimes étaient commis, ce qui n’est pas le cas du campement. Il n’a pas voulu dire si les personnes arrêtées étaient impliquées dans le campement.

« En ce qui concerne le campement, rien ne va changer », a indiqué M. Brabant, ajoutant qu’il appartenait à l’université de convaincre le tribunal de procéder au démantèlement du campement. La Cour supérieure du Québec a rejeté à deux reprises des demandes d’injonction visant à évacuer les manifestants.

Dans un communiqué envoyé aux médias vendredi, l’Université McGill a qualifié ces évènements de « troublants ».

Selon la version des faits de la direction, les manifestants qui sont entrés dans le pavillon de l’administration James jeudi ont « vandalisé des parties intérieures et extérieures de l’immeuble, se sont barricadés à l’intérieur d’une pièce et ont endommagé du mobilier ». « Certains employés ont été forcés de trouver refuge, à l’abri des manifestants qui frappaient sur les portes et proféraient des menaces », a ajouté la direction.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Des policiers ont affronté des manifestants qui s’étaient barricadés dans un édifice de l’Université McGill jeudi.

McGill affirme soutenir le droit à la liberté d’expression dans les limites de la loi, mais condamne « le recours à toute forme d’intimidation, d’agression et de harcèlement ou aux tactiques illégales ».

La police a déclaré que 13 personnes ont été arrêtées pour introduction par effraction et que deux personnes ont été arrêtées pour entrave au travail de la police.

Des manifestants propalestiniens ont installé des tentes sur le terrain de l’Université McGill à la fin avril, exigeant que l’université mette fin à ses investissements liés à l’armée israélienne et rompe ses relations avec les institutions universitaires israéliennes. Vendredi après-midi, le campement situé dans le terrain inférieur de l’université, au centre-ville de Montréal, était toujours en place.

Véronique Dubuc, porte-parole de la police de Montréal, a reconnu que les policiers avaient utilisé des gaz lacrymogènes et des boucliers pour disperser les manifestants jeudi. Elle a déclaré que les manifestants avaient lancé des objets et des pierres sur les policiers.

Solidarité pour les droits humains des Palestiniens McGill, un groupe étudiant participant au campement, a publié une déclaration sur Instagram alors que les évènements de jeudi se déroulaient, promettant une « escalade » du mouvement de protestation.

« Alors que les forces sionistes massacrent les Palestiniens à Rafah et à Jabalia, notre administration continue de financer sans vergogne le génocide, ignorant les revendications collectives des étudiants et du campement, a déclaré le groupe. Jusqu’à ce que McGill mette fin à tous ses liens financiers et académiques avec le régime sioniste, les étudiants mèneront une vigoureuse campagne d’escalade. »

L’institution a rejeté la faute sur les manifestants pour l’impasse dans les négociations, affirmant que les étudiants du campement s’étaient retirés des pourparlers la semaine dernière.

Sur le réseau social X, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a indiqué que la police était intervenue jeudi pour « ramener l’ordre ».

Elle a déclaré que le droit de manifester ne justifie pas « la violence et l’occupation illégale des locaux » de l’école. Lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville plus tôt dans la journée, Mme Plante a refusé de répondre aux questions sur la situation.

M. Brabant a indiqué que le calme était revenu sur le campus, mais que la police maintenait une présence sur la rue Sherbrooke, devant les portes principales de l’université.