(Montréal) Des organisations juives de défense ont appelé les autorités à agir pour protéger leurs communautés, jeudi, après la découverte d’impacts de balles sur une école juive pour la deuxième fois en une semaine au Canada.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) enquête après qu’un immeuble abritant une école juive et une synagogue, dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, aurait été touché par des coups de feu, quelques jours seulement après qu’une école juive de filles de Toronto ait également été la cible de tirs.

Personne n’a été blessé dans aucun des deux incidents.

Les Amis du Centre d’études sur l’Holocauste Simon Wiesenthal ont décrit l’évènement à Montréal comme « le plus récent évènement d’une vague incessante d’incidents antisémites au Canada depuis le 7 octobre dernier », le jour où les hostilités entre Israël et le Hamas ont repris après une attaque meurtrière du Hamas contre Israël.

« Une action immédiate et décisive est nécessaire pour assurer la sûreté et la sécurité des communautés juives à travers le Canada, a déclaré le président Michael Levitt dans un communiqué. Nous appelons tous les niveaux de gouvernement à mettre en œuvre des mesures urgentes et globales pour protéger les Juifs canadiens. »

Le SPVM a reçu des informations selon lesquelles des impacts de projectiles étaient visibles sur l’école située sur le chemin Hillsdale dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce—Notre-Dame-de-Grâce. La police s’est rendue à l’école vers 18 h, mercredi, et a découvert l’impact de deux balles sur la devanture de l’école.

Le Conseil de la communauté juive de Montréal a confirmé que la fusillade présumée aurait eu lieu à l’école Belz, située à la synagogue Young Israel of Montreal.

Jeudi, une voiture de police était garée à l’extérieur et ce qui semblait être un impact de balle était visible dans la vitre de la porte du bâtiment.

La police a déclaré qu’elle ne savait pas exactement quand les tirs se sont produits. Aucun suspect n’avait été identifié jeudi après-midi.

Indignation et condamnation

Le premier ministre Justin Trudeau a dénoncé la violence et a promis que les forces de l’ordre travailleraient pour que les responsables soient arrêtés.

« J’étais bien sûr soulagé que personne n’ait été blessé, mais je suis dégoûté par ces actes d’antisémitisme ignobles et méprisables. Cela doit cesser maintenant, a-t-il déclaré à Toronto. Aux parents et étudiants juifs de tout le pays, nous sommes à vos côtés. Nous travaillerons toujours pour protéger votre droit de vivre fièrement une vie juive au Canada. »

L’évènement survient moins d’une semaine après que la police de Toronto a déclaré que des coups de feu avaient été tirés sur l’école primaire Bais Chaya Mushka, et des mois après des incidents similaires dans d’autres institutions juives de Montréal qui ont suivi le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Le SPVM a annoncé la semaine dernière avoir arrêté un homme de 20 ans en lien avec des coups de feu tirés contre une école juive de la ville en novembre 2023.

Le bureau du procureur de la Couronne affirme qu’Abdizarak Mahdiahmed fait face à des accusations de décharge d’une arme à feu, de vol et de recel de véhicules.

Une autre école juive de Montréal a également été visée par des tirs et une synagogue de la banlieue de la ville a été la cible d’une bombe incendiaire en fin d’année. Personne n’a été blessé dans ces incidents.

Deux organisations juives, la Fédération CJA et le Centre consultatif des relations juives et israéliennes ont publié mercredi soir une déclaration commune condamnant la nouvelle des tirs et appelant les dirigeants municipaux de Montréal à faire davantage pour lutter contre l’antisémitisme.

« Nous en appelons désormais à tous les citoyens de bonne foi, ceux pour qui toute cette haine dégueulasse est en train de dépasser les bornes, ont écrit le président-directeur général de la Fédération CJA, Yair Szlak, et la vice-présidente du CIJA Québec, Eta Yudin. Ça suffit, l’importation de ce conflit au Québec au prix de la destruction de ce qui nous lie ! »

Le chef conservateur Pierre Poilievre a également condamné cet acte.

« Nous assistons à une escalade terrifiante de l’antisémitisme dans ce pays, a-t-il écrit sur le réseau social X. Le gouvernement Trudeau doit agir et prendre enfin des mesures pour protéger les Juifs au Canada contre cette violence. »

La communauté juive demande des changements

Le Conseil de la communauté juive de Montréal a appelé à une présence policière accrue ainsi qu’à des changements au programme fédéral d’infrastructure de sécurité, qui fournit du financement aux communautés risquant d’être victimes de crimes motivés par la haine.

Il a recommandé que le gouvernement canadien donne accès au programme à davantage d’établissements et couvre un plus grand pourcentage des coûts, en fonction de la taille et de la capacité de l’établissement, afin de permettre aux établissements plus petits d’acheter des équipements tels que des caméras de sécurité.

Les Amis du Centre Simon Wiesenthal et le CIJA ont été moins précis dans leurs revendications envers les autorités. Cependant, tous deux ont visé les campements propalestiniens érigés sur divers campus universitaires, suggérant qu’ils contribuent à l’antisémitisme.

« Depuis des mois et des mois, nous constatons dans nos rues et sur nos campus universitaires la promotion et la glorification ouverte de la violence contre les Juifs, a écrit M. Levitt. L’histoire nous a appris que ce qui commence par des mots mène souvent à la violence, et c’est la sombre réalité à laquelle les Juifs du Canada sont confrontés aujourd’hui. »

Dans une réponse envoyée par courrier électronique, Mme Yudin a décrit les campements comme « toxiques et haineux », écrivant que « les chants de haine et d’antisémitisme ne devraient pas être la réalité quotidienne dans nos rues ».

Les membres de différents campements ont nié le caractère antisémite de leurs manifestations et affirment qu’elles visent à dénoncer la mort de Palestiniens et à appeler leurs écoles à se désengager d’Israël.