(Ottawa) Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a déclaré lundi qu’Israël semblait être sur le point d’approuver un programme qui permettrait au Canada d’accueillir des réfugiés palestiniens qui ont de la famille au Canada, et ce avant l’invasion de la ville de Rafah par le pays.

« Bien que notre succès ait été limité, ce n’est certainement pas faute d’avoir essayé », a dit M. Miller devant le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration.

« Nous n’abandonnerons pas l’idée de mettre les membres de la famille en sécurité. »

Ses commentaires interviennent dans un contexte de critiques croissantes concernant les mesures introduites il y a des mois et destinées à mettre en sécurité les proches des Canadiens des zones de conflit dans la bande de Gaza et au Soudan.

Marc Miller a annoncé lundi qu’il fait passer de 1000 à 5000 le nombre de demandes qui pourront être traitées dans le cadre d’un programme visant à réunir les Palestiniens avec des proches canadiens. Toutefois, son ministère n’est pas sûr si des Palestiniens sont réellement arrivés au Canada par ce biais.

L’ancien plafond concernait les demandes pouvant être « acceptées pour traitement », ce qui signifie que tous les documents avaient été remplis avant un éventuel traitement biométrique en Égypte. M. Miller affirme que 2903 candidatures avaient atteint cette étape au 24 mai.

Le ministère de l’Immigration indique qu’en date du 29 avril, il avait octroyé 179 visas de résident temporaire dans le cadre du programme pour la bande de Gaza, mais il ne sait pas si ces personnes sont effectivement arrivées au Canada.

L’opposition néo-démocrate a dénoncé le cafouillage dans ces deux programmes et a accusé le gouvernement libéral de ne pas avoir su tirer les leçons d’autres conflits, comme la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans en août 2021.

Des familles avec des proches en Palestine affirment avoir reçu des informations mitigées d’Ottawa sur le programme, ce qui signifie que certaines personnes ont raté l’occasion de quitter Rafah par d’autres moyens.

Un volume élevé était attendu

Un document obtenu en vertu de la Loi sur l’accès à l’information montre que le ministère de l’Immigration s’attendait à un « volume élevé » de demandes dès le début du programme, malgré le plafond de 1000 personnes.

Le mémo indique aussi que 45 905 Canadiens d’origine ethnique ou culturelle palestinienne ont été comptés lors du recensement de 2021.

Marc Miller a déclaré que le programme qu’il a lancé début janvier nécessite la coopération de l’agence gouvernementale israélienne qui coordonne le travail dans les territoires palestiniens, connue sous le nom de COGAT. Il a affirmé que cela ne s’était pas produit pendant des mois.

« Très récemment, nous avons reçu – jusqu’à la fermeture du terminal de Rafah le 7 mai – des signaux positifs de la part du gouvernement israélien indiquant que ce programme serait reconnu et que le traitement via COGAT serait effectué en temps opportun », a témoigné M. Miller.

Rafah est une ville située à la frontière avec l’Égypte et est le seul passage permettant aux gens de quitter Gaza, et uniquement dans le cadre de protocoles stricts mis en place par Israël et l’Égypte. La ville est devenue un refuge pour les Palestiniens fuyant les frappes aériennes et les assauts militaires israéliens dans le nord de la bande de Gaza.

Mais il y a environ trois semaines, Israël a lancé une offensive à Rafah, ignorant les appels du Canada, des États-Unis et de plusieurs autres pays à ne pas le faire. Israël affirme que Rafah est devenue un bastion du Hamas et qu’elle joue un rôle crucial dans la lutte contre le groupe qui a tué 1200 personnes en Israël en octobre dernier.

Des images d’enfants blessés lors de frappes aériennes et d’incendies dans des campements de personnes déplacées ont provoqué un tollé mondial dimanche. Le ministère de la Santé à Gaza, dirigé par le Hamas, rapporte que 36 000 personnes ont été tuées pendant la guerre, y compris des combattants.

La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a réitéré lundi ses appels à un cessez-le-feu.

« Nous sommes horrifiés par les frappes qui ont tué des civils palestiniens à Rafah », a-t-elle écrit sur la plateforme X. « Ce niveau de souffrance humaine doit cesser ».

Le programme pour la bande de Gaza implique des visas de séjour temporaire, tandis que le programme pour le Soudan concerne la résidence permanente.

« Il y a des considérations géopolitiques très importantes, en particulier certaines rhétoriques autour de l’exode de Gaza, et la perception que le Canada y participerait », a témoigné M. Miller. « C’est principalement la raison pour laquelle nous ne l’avons pas rendu permanent. »

Pendant ce temps, la guerre civile au Soudan a éclaté au printemps dernier, mais M. Miller a déclaré qu’il ne s’attend pas à ce qu’aucune personne n’arrive au Canada en vertu du programme avant la fin de l’automne au plus tôt.

Des gens en attente de leurs proches affirment que les responsables ont évoqué des retards dans la prise d’empreintes digitales et d’autres exigences biométriques. Mais Marc Miller a noté que le programme du Soudan a un processus plus approfondi, car il implique la résidence permanente.

Le ministre a déclaré qu’Ottawa acceptait 3250 demandes dans le cadre du programme du Soudan, à partir desquelles environ 7000 personnes arriveront au Canada.

Il a déclaré que ce chiffre était basé sur la capacité de son ministère et de ses « partenaires de sécurité » à gérer la logistique, mais qu’il pourrait être élargi.