Par une belle soirée ou pour un lunch ensoleillé, prendre une bouchée au restaurant est toujours une fête en été. Nos critiques mettent à l'essai des adresses de sorties estivales, pour manger sur place ou pour emporter au parc.

Le Parasol ne possède peut-être pas une terrasse à proprement parler. Mais avec son local dont la porte de garage ouverte donne sur la ruelle et ses petites assiettes de saison ensoleillées, c'est l'arrêt parfait pour profiter de l'été montréalais dans toute sa splendeur.

Parasol est le projet estival du chef propriétaire du restaurant Maïs, William Cody. Puisqu'il trouvait que la partie arrière privée de son restaurant servait bien peu pendant la saison chaude, il a eu la bonne idée, il y a trois étés, de transformer l'espace en resto éphémère. Trois ans plus tard, le projet est toujours bien vivant, avec l'apport, cette année, du sommelier et maître d'hôtel William Saulnier (Hoogan & Beaufort) à qui on doit le service tout aussi impeccable que sympathique, ainsi qu'une carte à boire courte, mais bien ficelée.

Si l'on peut accéder au Parasol en traversant le Maïs, il est beaucoup plus amusant de découvrir l'endroit en passant par la ruelle arrière. Elle n'est pas verte ni spécialement charmante, mais on y a l'impression, en arrivant devant la porte de garage ouverte, d'être un peu ailleurs. Quelque part entre Montréal et les tropiques, peut-être.

Ici, on travaille avec les moyens du bord : un barbecue « de ruelle », sur lequel le chef et son équipe font fumer, cuire et griller protéines et légumes, et un petit espace de préparation derrière le bar doté d'une plaque à induction. Bref, avec presque rien, la cuisine mitonne de jolis plats, tout en parfums et en fraîcheur, qui ne donnent qu'une envie : y retourner.



PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Le menu et la composition des plats varient au fil des récoltes, comme ce plat de betteraves et endives, où les framboises noires remplacent les cerises goûtées il y a quelques semaines.

Cuisine de saison

Le menu, qui varie au fil de l'été en fonction des arrivages, est court et, à deux, on peut facilement en faire le tour, à moins qu'on préfère grignoter en prenant un verre, ce qui est aussi tout à fait de mise.

Mais avant de plonger dans la nourriture, l'apéro s'impose. Le cocktail Parasol, un spritz composé d'apérol, de gin, de bulles et de purée de fraises, nous appelle. Un choix en phase avec la température estivale, et qui s'avale plus rapidement qu'on le voudrait, alors que l'ambiance se réchauffe et que les lumières se tamisent dans la petite salle d'une vingtaine de places presque entièrement remplie.

La description des plats laisse place à l'imagination. Nous naviguons entre les « moules, pois, ventrèche de porc » et le « flétan, courgette, ail vert, safran », intrigués. Les assiettes, format entrée, appellent au partage et on nous conseille de deux à trois plats par personne.

Nous en commandons cinq, le tout accompagné d'une bouteille d'Ekwo, un vin blanc italien biologique de la région des Abruzzes, fait à partir du cépage pecorino. D'une jolie couleur jaune, ce pinard aux notes minérales et citronnées rafraîchissantes est tout indiqué pour accompagner les jolis plats qui s'amènent.

De l'artichaut avec une vinaigrette acidulée et légèrement poivrée à la capucine - une mise en bouche à se lécher les doigts, feuille par feuille - aux petites crevettes roses couplées à des haricots jaunes et à de la crème, un mariage parfait qui nous donne le sourire, sans oublier le surprenant plat de betteraves rouges, amandes fraîches, cerises bien croquantes, servies avec d'amères endives grillées et du fromage frais, les assiettes se succèdent et nous ravissent.

Servi avec des courgettes grillées et de l'ail vert, le flétan, cuit sur le gril, nous semble manquer un peu de punch. Mais au fil des bouchées et en liant bien les composants avec la sauce au beurre qui accompagne le tout, ce plat tout en subtilité se révèle de plus en plus goûteux et savoureux. De la laitue Boston servie avec des copeaux de Tomme du Maréchal, de la chapelure et une sauce crémeuse au kéfir : on aime la jolie présentation et la cohabitation des textures.

Resterait-il un peu de place ? William (le serveur) nous avait grandement vanté les mérites du demi-poulet cuit doucement sur le barbecue. En fin de parcours, nous nous laissons convaincre. Heureusement. C'est la vedette du jour : la volaille est tendre, juteuse, et sa peau, croustillante à souhait. Un plat qui se laisse manger tout rond servi, ce soir-là, avec des carottes grillées et des gourganes charnues, enveloppées d'une sauce au beurre légèrement citronnée dans laquelle on trempe à l'envi le moelleux pain de la boulangerie Automne.

Le dessert de fraise, parfait au gingembre sauvage et sureau est appétissant, mais, repus, nous rendons les armes... Pas le choix, il faudra repasser pour y goûter !

Parasol

5439 1/2, boulevard Saint-Laurent, Montréal

https://www.parasolbaravin.com

Pour un repas de « BBQ de ruelle » délicieux et sans prétention entre amis cet été.

NOTRE VERDICT

Prix : Doux. Plus ou moins 10 $ par plat, sauf quelques exceptions (le demi-poulet est à 21 $).

Carte des vins : Composée de jus faciles à boire et à aimer, avec un accent sur les vins d'importation privée et la viticulure biodynamique. Quelques bières et cidres sélectionnés, petite carte des cocktails bien pensée.

Espace : Petite salle intime d'une vingtaine de places, chaises et tables en bois. Rien de très sophistiqué, mais ambiance agréable et décontractée où se réunissent familles, couples, amis et gens de la restauration.

Service : Amical et professionnel, donne envie d'y retourner.

Plus : La cuisine de saison, le barbecue de ruelle, l'assemblage étonnant et réussi des textures et des parfums, le service, la carte à boire, l'emplacement.

Moins : Par temps caniculaire, il fait vraiment très chaud au Parasol, avec la porte de garage ouverte et le petit climatiseur qui ne fournit pas.

On y retourne ? D'ici à la fin du mois de septembre, oui !

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Le Parasol est installé dans la salle privée du restaurant Maïs, située à l'arrière du restaurant et donnant sur la ruelle.