(New York ) La scène traumatisante, limite choquante, arrive à la fin du film I Am: Celine Dion (Je suis : Céline Dion), qui dure 1 h 42. La chanteuse de 56 ans rencontre son physiothérapeute, qui l’aide avec la mobilité de ses pieds. Puis, une violente crise se déclenche.

La caméra de la réalisatrice Irene Taylor filme tout. Et en gros plan. Étendue sur une table de traitement, Céline se raidit. Ses mains crochissent, ses jambes ne se déplient plus. Incapable de parler et de bouger, elle émet un long râle, elle pleure, elle grogne et son visage se crispe comme celui d’une morte. Vraiment, je n’exagère pas. C’est bouleversant et terrifiant à regarder.

Ce visage tordu par la douleur, qui fixe le vide, explique en quelques secondes tous les ravages que cause le syndrome de la personne raide, dont souffre la diva depuis 17 ans. C’est terrible, ce que Céline Dion a traversé. Épouvantable même.

Cet extrait du film I Am: Celine Dion, qui sort le 25 juin sur la plateforme Amazon Prime Video, n’a jamais été présenté dans les entrevues télévisuelles que l’interprète a accordées récemment. Et on comprend pourquoi. Il s’agit du cœur du film, qui illustre de façon crue et frontale comment se manifeste cette maladie neurologique sur le corps de Céline Dion.

Je n’en reviens pas des progrès qu’a accomplis Céline depuis l’annonce de son diagnostic, à l’automne 2022. Dans le film documentaire, Céline en arrache. Elle se montre sans maquillage, avec repousse de cheveux gris. Elle enregistre péniblement des chansons, où sa voix casse et n’atteint plus les hautes notes. Et elle paraît terriblement seule, seigneur, enfermée dans sa maison-château de Lake Las Vegas avec son chien Bear, avec qui elle écoute des opéras de Maria Callas, près de la piscine.

Lundi soir, pour la première new-yorkaise d’I Am: Celine Dion, c’est une Céline glamour, énergique et pétillante qui a foulé le tapis rouge, déroulé à l’intérieur du Alice Tully Hall, une salle de concert du Lincoln Center, dans le Upper West Side.

Vêtue d’un chic ensemble en soie d’un blanc crème, la chanteuse est restée plus d’une heure avec les reporters canadiens et américains, enchaînant les entrevues et souriant abondamment pour les caméras de télé. Toujours accompagnée par son fils aîné René-Charles Angélil, qui portait une énorme bague à l’auriculaire, elle a ensuite passé un long moment avec des fans VIP, qui l’ont accueillie dans un silence quasi religieux. Elle a pris une quantité incroyable d’égoportraits, tandis que sa relationniste Jessica Sciacchitano lui tirait la manche pour qu’elle pénètre dans la salle de projection. Son impresario John Nelson, qui occupe le rôle de René Angélil, restait toujours à un bras de distance.

Avant de fouler le tapis rouge, Céline a également pris le temps d’autographier le disque vinyle d’une admiratrice, Carissa Gurgul, venue d’East Berlin, en Pennsylvanie, qui se pinçait encore. « Elle est plus belle que jamais », répétait-elle alors que son idole donnait des interviews.

C’est vrai que la Céline devant nous avait l’air tellement plus en forme que celle à l’écran. Elle revient de très loin, Céline. Elle a vécu recluse pendant quatre ans dans le désert du Nevada, terrassée par un mal inconnu que la médecin spécialiste Amanda Piquet a finalement identifié. Céline Dion lui a d’ailleurs dédié le film, lundi soir, et a annoncé la création d’un fonds de recherche pour cette maladie rare.

« La Dre Amanda Piquet a résolu le mystère de ma santé. Elle a remplacé ma peur par de l’espoir », a rappelé Céline devant les 1000 spectateurs assis devant elle. La neurologue Amanda Piquet était dans l’assistance et elle a été applaudie chaleureusement.

« C’est de loin la plus grosse foule que j’ai vue depuis quelques années », a glissé Céline dans un discours émotif de 10 minutes. Calme et posée, Céline Dion a aussi remercié ses trois garçons, Nelson et Eddy, qui ont 13 ans, ainsi que René-Charles, 23 ans, qui accompagnait sa célèbre mère sur la scène et qui lui tendait des mouchoirs quand les larmes montaient. René-Charles Angélil portait un magnifique habit noir et blanc, top classe.

« Ce film est une lettre d’amour à mes fans. J’espère vous revoir bientôt », a conclu Céline Dion, laissant planer le doute sur la date possible de son retour en spectacle.

Je vous mentirais en écrivant que le buzz était immense autour du Lincoln Center pour la présentation de ce film très attendu. C’était très tranquille. Des petits groupes d’admirateurs se pressaient près des fenêtres de la salle de spectacle, mais pas de cohue, de fans qui brandissent des pancartes ou de paparazzi. J’ai aperçu l’actrice Laverne Cox (Orange Is the New Black) et l’auteure de Sex and the City, Candace Bushnell, alors que la rumeur de l’arrivée de Kelly Clarkson bourdonnait. Je ne l’ai pas vue, hélas.

Par contre, Céline Dion a eu droit à une longue ovation quand elle s’est placée derrière le micro pour présenter le film. À la fin de la projection, la chanteuse est revenue sur scène et tout le monde s’est levé d’un bond.

Honnêtement, elle mérite tous les bravos du monde, Céline Dion. De femme frêle, fragile et esseulée dans le film, on la retrouve forte et déterminée, prête à affronter ce chapitre difficile de sa vie. Et jamais sa chanson I’m Alive n’aura aussi bien sonné.

Les frais de déplacement et d'hébergement pour cette chronique ont été payés par Prime Video, qui n'a eu aucun droit de regard sur son contenu.