Reconsidérer les dates de péremption peut entraîner une réduction substantielle du gaspillage alimentaire et des économies pour les ménages canadiens. La campagne « Observez, sentez, goûtez » permet aux consommateurs de faire des choix plus intelligents et plus judicieux pour le portefeuille.

Nous savons tous que le gaspillage alimentaire représente un problème environnemental, mais aussi un fardeau financier considérable. Selon Second Harvest, près de 60 % des aliments produits pour les Canadiens, environ 35,5 millions de tonnes, se perdent et se gaspillent chaque année. De ce nombre, 32 % ou 11,2 millions de tonnes sont encore comestibles et pourraient être redistribués pour soutenir les gens dans nos communautés. La valeur financière totale de ces aliments potentiellement récupérables atteint 49,46 milliards de dollars, et nous payons tous pour ce gaspillage.

En tant que consommateurs, nous gaspillons des aliments pour diverses raisons, notamment une mauvaise planification et une gestion d’inventaire faible à la maison. Cependant, l’un des principaux problèmes obligeant de nombreuses familles à gaspiller des aliments inutilement réside dans les dates de péremption. Ces dates constituent la deuxième raison pour laquelle les consommateurs jettent des aliments à la poubelle.

On estime qu’un ménage canadien pourrait éviter de gaspiller entre 100 et 400 $ de nourriture chaque année en raison de la croyance écrasante que « meilleur avant » signifie « mauvais après ».

L’initiative « Observez, sentez, goûtez », lancée cette semaine par l’application de sauvetage alimentaire Too Good To Go, vise à résoudre ce problème. À partir de cette semaine, certains articles sélectionnés à travers le pays présenteront une étiquette invitant les consommateurs à observer, sentir ou goûter un produit si sa date de péremption est dépassée avant de le jeter. Bien que la règle « en cas de doute, jetez-le » reste une référence, cette nouvelle campagne pourrait aider à sauver de nombreux emballages alimentaires non ouverts qui finiraient autrement dans le compost, coûtant de l’argent.

PHOTO FOURNIE PAR TOO GOOD TO GO

Le logo « Observez, sentez, goûtez »

Cette initiative représente une bonne nouvelle pour les Canadiens. Il s’agit de sensibilisation et d’éducation, mais surtout de confiance dans les pratiques de sécurité alimentaire au Canada. Selon l’Indice mondial de la sécurité alimentaire, le Canada se classe premier au monde pour la qualité et la sécurité, suivi du Danemark et des États-Unis. Malgré des rappels occasionnels et des revers, la nourriture au Canada reste parmi les plus sûres au monde.

Un autre facteur important se loge dans l’emballage. Au fil des ans, des recherches ont permis d’améliorer grandement la sécurité alimentaire en réalisant d’énormes progrès avec la technologie d’emballage. Par exemple, les nouveaux emballages antimicrobiens et sous atmosphère modifiée procurent une sécurité alimentaire accrue en offrant une meilleure protection et une meilleure surveillance des produits alimentaires. Les technologies d’emballage intelligentes, comme les indicateurs temps-température et les capteurs de fraîcheur, permettent une surveillance en temps réel de la condition des aliments, garantissant que les consommateurs reçoivent des produits sûrs et de haute qualité. Ces avancées réduisent le risque de contamination, de détérioration et de maladies d’origine alimentaire, améliorant ainsi la sécurité alimentaire tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

La plupart des consommateurs ne peuvent pas apprécier tout le travail effectué en coulisses tout au long de la chaîne d’approvisionnement, mais ce travail garantit que les aliments sont aussi sûrs que possible au détail. Cependant, le gestionnaire de risque le plus important de toute la chaîne d’approvisionnement alimentaire reste le consommateur lui-même. C’est à lui de décider comment atténuer les risques et ce qu’il considère comme un seuil de risque acceptable. Notre société a fait de la perception du risque une question très personnelle, et la sécurité alimentaire n’y fait pas exception.

Selon une enquête du laboratoire de l’Université Dalhousie l’année dernière, environ 27 % des Canadiens élimineraient complètement les dates de péremption pour réduire le gaspillage alimentaire. Cette petite partie de notre population indique que la culture de la sécurité alimentaire au Canada et la dépendance aux indicateurs clés comme les dates sur les emballages restent très fortes.

De plus, certains consommateurs recherchent ces dates pour obtenir des offres sur les aliments dont la date de péremption approche dans les épiceries ou à l’aide d’applications. Il est difficile de s’opposer à cette pratique.

En attendant, nous avons besoin d’une éducation et d’une sensibilisation en continu. La campagne Too Good To Go, Observez, sentez, goûtez, offre une approche équilibrée pour aborder notre problème de gaspillage alimentaire au Canada, du moins pour l’instant.