(Ottawa) Le spectre d’une grève plane au-dessus du transport ferroviaire au pays. Le syndicat représentant plus de 9000 travailleurs des deux plus grandes compagnies ferroviaires du Canada a obtenu un solide mandat de grève de la part de ses membres au moment même où les négociations en vue de renouveler les conventions collectives sont au point mort. Un débrayage pourrait survenir dès le 22 mai.

Par un vote de 98 %, les membres de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), qui regroupent les travailleurs du Canadien National (CN) et du Canadien Pacifique Kansas City (CPKC), se sont prononcés clairement en faveur d’un mandat de grève. Le taux de participation était de 92 %.

Les négociations pour le renouvellement des conventions collectives pour les chefs de train, les ingénieurs et les ouvriers de gare de triage piétinent depuis plusieurs semaines. Les travailleurs ont été appelés à se prononcer sur la justesse d’un mandat de grève à compter du 8 avril et ils avaient jusqu’à midi aujourd’hui pour le faire.

La principale pierre d’achoppement des négociations concerne les horaires de travail. Le CFCT affirme que les deux compagnies ferroviaires cherchent à éliminer les principales dispositions de repos des contrats de travail – une mesure qui pourrait accroître la fatigue des équipages et mettre en danger la sécurité publique, selon le syndicat.

Signe indéniable des lourdes conséquences que pourrait avoir une grève dans le transport ferroviaire, le président du CFTC, Paul Boucher, est venu annoncer les résultats du vote sur le coup de 13 h sur la colline parlementaire à Ottawa.

« CN et CPKC, le message est clair. Vos employés se sont prononcés. Ils ne veulent rien savoir de vos propositions qui pourraient affecter leurs droits et leur sécurité », a lancé M. Boucher en conférence de presse.

« L’intention de ces compagnies est d’arracher le plus d’heures possible aux employés parce qu’elles sont incapables de trouver suffisamment de travailleurs. […] Faire des compromis sur la sécurité n’est jamais la solution pour régler un problème de main-d’œuvre », a martelé le président du CFTC.

M. Boucher a dit que le syndicat qu’il dirige demeure prêt à négocier de bonne foi, mais il a ajouté que les deux compagnies ferroviaires ont démontré peu d’intérêt à conclure une entente satisfaisante. « Une grève simultanée au CN et au CPKC pourrait perturber la chaîne d’approvisionnement d’une manière sans précédent au pays. Ce n’est pas notre stratégie. Mais nous ne sommes pas convaincus que c’est la même chose dans le cas des deux compagnies », a lancé M. Boucher.

En février, le CN et le CPKC ont demandé au ministre fédéral du Travail de nommer un conciliateur. Cette démarche a eu pour effet de lancer le processus judiciaire en vue d’une grève ou d’un lock-out éventuels, qui pourraient survenir à partir de 81 jours après la nomination des conciliateurs fédéraux.