Les amateurs de vol plané ont peut-être déjà testé les étonnantes séances de simulation de chute libre d’iFLY (anciennement Skyventure), à Laval. Mais ont-ils tenté l’expérience équipés d’un casque de réalité virtuelle (RV), une option proposée depuis peu ? Nous avons enfilé les lunettes pour en avoir le cœur net ; lequel a surtout éprouvé quelques palpitations. Rapport.

Sans doute avez-vous déjà visionné des vidéos d’apprentis-oiseaux en suspension dans une sorte de soufflerie géante. Les scènes ne sont pas filmées dans un labo de la NASA, mais bien au sein de l’impressionnante structure située à deux pas du Cosmodôme de Laval, chez iFLY. Ici, autant les néophytes du vol libre de tout âge peuvent se prêter au jeu, autant les experts viennent peaufiner leurs techniques de saut – des militaires s’y rendent régulièrement, nous dit-on.

Le principe est simple : dans une cuve atteignant plus de 13 mètres (45 pieds) de hauteur, un système de ventilation géant vous permet de rester en suspension dans les airs, générant des poussées d’air de 180 à 300 km/h. L’expérience, déjà insolite en soi, peut s’avérer encore plus immersive en optant pour une petite séance supplémentaire de vol en réalité virtuelle.

« Le système a d’abord été testé à Paris avant d’être implanté ici, indique Jean-Christophe Ouimet, directeur général d’iFLY. Nous proposons sept scénarios différents avec des casques Meta, filmés par drone et reproduisant par exemple des vols de proximité en wingsuit [combinaison de vol avec membranes]. On descend graduellement, avec un effet de mouvement vers l’avant. »

Les diverses trajectoires au menu présentent des cadres variés : certaines sont plus orientées « adrénaline », comme le vol en montagne ou au cœur d’un canyon, d’autres se veulent plus contemplatives (on longe des rochers maritimes), des compromis entre ces deux types d’aventure figurant aussi dans la liste, par exemple « la cascade du Fjord ».

En toute détente

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Une formation est d’abord donnée en dehors de la soufflerie.

Mais avant de s’élancer les yeux fermés dans cette expérience numérico-planante, il est nécessaire de se familiariser avec les bases du vol en soufflerie. Pour ce faire, l’instructeur Joël Domingue, qui enseigne également le parachutisme en conditions réelles (avec 300 sauts derrière la cravate), nous initie aux positions, aux signes de communication et aux principes de base, sur le plancher des vaches.

Rien de bien sorcier : mains en l’air dans le style « hold-up », tête relevée et regard vers l’avant, jambes relativement dépliées et, surtout, un corps détendu. « Les gens ont souvent tendance à se crisper et à se replier. Il faut comprendre que c’est le déploiement de notre corps qui permet à l’air de nous pousser », illustre le moniteur, qui nous accompagne en tout temps dans la soufflerie.

Les bases théoriques posées, nous voici dans le sas, couloir vitré longeant la cuve principale, équipé d’un casque avec visière et d’une combinaison intégrale. « Tu as vraiment l’air d’un pilote de la Résistance dans Star Wars », s’esclaffe notre photographe. Par ailleurs, pour les enfants – et les adultes dans le déni –, notez que des costumes de Superman sont à disposition.

Planant

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Une combinaison aux couleurs de Superman, pour le bonheur des plus petits. Quoique des tailles adultes sont aussi offertes…

La lourde alarme de fermeture des portes retentit. Face à nous, dans une cabine vitrée, est postée Ella Bogdanov, en qualité de contrôleuse de soufflerie. C’est elle qui, de concert avec l’instructeur, régule la poussée des vents. Joël se lance en premier à partir de la porte d’accès à la cuve, puis nous invite à entrer dans la danse. Que les personnes en proie au vertige se rassurent : on ne saute pas dans le vide, une grille métallique étant disposée à un mètre sous nos pieds.

Évidemment, ça souffle fort. Bras en l’air et paumes ouvertes, on se laisse tomber comme un fruit trop mûr, mais nous voici plutôt telle une feuille d’automne flottant dans un courant éolien.

L’instructeur, dont on ne voit que les mains, donne des consignes et corrige les postures. Index vers le haut : ah oui, il faut relever la tête. Index et majeur tendus latéralement : déplie un peu les jambes. Pouce en l’air : ça plane pour moi !

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Le décollage vertical offre d’excellentes sensations.

Les sensations sont étranges, enivrantes et, surtout, inédites. Cela paraît aussi l’occasion idéale, pour celles et ceux qui rechigneraient à s’adonner à la chute libre, d’en croquer la saveur sans nécessairement se retrouver propulsé dans le vide à 13 000 pieds d’altitude. Surtout, on a adoré le décollage vertical, avec propulsion et redescente de plusieurs mètres (optionnel, seulement si le participant est à l’aise), où l’adrénaline s’est invitée.

Comme un rêve

  • Prêt à décoller pour des contrées aériennes virtuelles.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Prêt à décoller pour des contrées aériennes virtuelles.

  • Un alphabet de signes pour que le contrôleur de la soufflerie et l’instructeur puissent communiquer.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Un alphabet de signes pour que le contrôleur de la soufflerie et l’instructeur puissent communiquer.

  • L’instructeur vous guide et vous corrige en tout temps.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    L’instructeur vous guide et vous corrige en tout temps.

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Après quatre vols d’une petite minute chacun, on enfile les lunettes de réalité virtuelle. Destination : la région montagneuse, laquelle ressemble aux Alpes. On se lance dans la position enseignée, mais cette fois, on peut pivoter la tête où on le souhaite pour pouvoir admirer les environs à 360 degrés, comme cette belle aiguille rocheuse qui se rapproche, se rapproche, encore et en…. haaaaaa ! On fonce dessus ! Ouf, on ne fait que la frôler… petit frisson, quand même !

Les paysages sont grandioses, surtout que l’on peut se concentrer sur l’environnement, puisque l’instructeur vous maintient dans la bonne position et vous dirige vers le bon cap pour un réalisme optimal.

Le tout est vraiment immersif, malgré quelques tremblements de l’image provoqués par la puissance des vents, quant à eux bien réels, glissant sous notre corps – mieux vaut demander à bien serrer la sangle du casque Meta.

C’est plutôt court (une grosse minute), mais on a le temps d’oublier l’environnement métallico-industriel de la cuve pour planer entre ciel dégagé et falaises abruptes, qui ne manquent pas de nous arracher quelques cris étouffés par la visière du casque. Nous avons pu également nous envoler au-dessus de la « cascade du Fjord », un scénario moins effréné, mais tout aussi grisant, avec une géographie qui pourrait bien être celle de la Norvège.

Au total, de bonnes sensations et un concept original qui permet d’obtenir un compromis : pas besoin de jouer les têtes brûlées à partir d’un avion pour se prendre pour un oiseau, même virtuel, l’espace de quelques instants.

Consultez le site d’iFLY Canada

À savoir avant de voler

Être relativement en forme
À partir de 3 ans pour les vols standards, de 6 ans pour les vols en RV
Ne pas excéder 136 kg (300 livres)
Ne pas avoir subi de dislocation de l’épaule
Ne pas souffrir de problèmes cardiaques, de nuque ou de dos sérieux

Combien ça coûte ?

Initiation en réalité virtuelle (2 vols standards et 1 vol en RV), à partir de 90 $, expérience RV ultime à partir de 150 $ (5 vols standards, 1 vol en RV, décollage vertical)