Le plein air, c’est bon pour la santé, tout le monde sait ça. Mais qu’en est-il des retombées physiques, psychologiques et sociales d’activités spécifiques, comme l’escalade de rocher, le canot de rivière et la randonnée pédestre ? Bon à savoir, si on veut recourir à ces activités dans le cadre d’interventions psychosociales.

Virginie Gargano, professeure adjointe à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval, veut savoir. Elle a donc entrepris une série d’études en rencontrant notamment des mordus de ces trois activités.

« Dans l’idée d’intégrer davantage des activités d’aventure dans l’intervention de groupe en travail social comme moyen pour atteindre des objectifs, c’est important de savoir ce que ces activités génèrent chez les participants », déclare-t-elle.

Elle explique que les programmes de plein air avec des visées éducatives ou d’intervention se sont souvent développés à partir de camps de vacances ou d’écoles d’aventures. On offrait une variété d’activités.

PHOTO FOURNIE PAR VIRGINIE GARGANO

Virginie Gargano est guide d’aventure et titulaire d’un doctorat en service social. Elle est professeure adjointe à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval.

Il y a plusieurs études qui démontrent des retombées sur différents plans, le plan personnel et le plan interpersonnel, mais rares sont les travaux qui s’intéressent aux retombées d’une activité spécifique. On va voir les participants, on dit : voici ce que ça donne. Mais est-ce que c’est réellement lié à l’activité ou à d’autres facteurs ?

Virginie Gargano, professeure adjointe à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval

Virginie Gargano s’y connaît en plein air. Elle est guide de formation, titulaire d’un baccalauréat en plein air et tourisme d’aventure, puis d’une maîtrise en travail social et d’un doctorat en service social.

« Mes travaux de recherche sont toujours articulés autour du plein air », déclare-t-elle.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le canot est une des disciplines étudiées par Valérie Gargano.

Elle a justement obtenu une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour étudier les retombées de trois activités spécifiques : l’escalade de rocher, le canot de rivière et la randonnée pédestre.

« Dans le cadre de cette subvention, il était important de rattacher nos projets à la population canadienne, explique Mme Gargano. Au Canada, on a plusieurs sites d’escalade extérieurs, une panoplie de rivières et de lacs, des réseaux de sentiers pédestres dans tout le pays. C’est la raison pour laquelle j’ai débuté avec ces disciplines-là. »

Elle a mené des entrevues avec des dizaines de participants, elle a colligé les données avec une collègue et elle est maintenant au stade de l’écriture. Elle espère faire publier ces études dans des revues scientifiques en français et en anglais, en libre accès, donc accessibles à la population.

Je trouve ça intéressant de réaliser des travaux scientifiques, mais je pense que c’est important que ça se rende à la population. Je veux que ça serve à la population.

Virginie Gargano, professeure adjointe à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval

Virginie Gargano a justement commencé à présenter des résultats préliminaires lors de conférences et a préparé des capsules vidéo, offertes sur sa chaîne YouTube, notamment en ce qui concerne l’escalade.

« Les gens qui font de l’escalade ont une perception d’une meilleure forme physique, de bien vieillir, indique-t-elle. L’escalade est un moteur pour rester en forme longtemps. Physiquement, ce qui émerge beaucoup des retombées perçues par les participants, c’est la force, la flexibilité, l’endurance. »

En fait de retombées psychologiques, les participants parlent de confiance en soi, de dépassement, du sentiment de compétence, de la fierté. Sur le plan social, ils évoquent la relation spéciale avec leur partenaire d’escalade.

« Il se crée une connexion profonde entre deux individus parce qu’ils vivent des défis similaires, ils doivent résoudre ensemble différentes sections de la paroi. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La connexion avec la nature est une facette importante des activités de plein air.

Sur un plan plus spirituel, les participants évoquent le besoin de se connecter à la nature.

Ultimement, Virginie Gargano aimerait comparer les résultats obtenus pour chacune des trois disciplines.

« Il y a une différence, affirme-t-elle. Les gens de canot d’eaux vives parlent plus d’une communauté que de la relation entre les partenaires. C’est aussi le cas des gens qui pratiquent la randonnée pédestre. »

Ceux-ci sont moins dans les activités qui génèrent de l’adrénaline ou un dépassement de soi. Ils sont davantage dans une démarche introspective, contemplative.

Virginie Gargano, professeure adjointe à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval

Ce sont des informations qui peuvent guider les organismes qui mettent sur pied des activités d’intervention psychosociale. Ces organisations pourront ainsi choisir les disciplines qui correspondent davantage à leurs objectifs.

PHOTO FOURNIE PAR FACE AUX VENTS

Le Québec compte plusieurs organisations impliquées dans l’intervention par la nature et l’aventure, comme Face aux vents.

« Au Québec, on fait figure de leader, soutient Mme Gargano. Nous avons plusieurs organisations qui se démarquent par rapport à l’intervention en contexte de nature et d’aventure. »

On parle notamment de la Fondation Sur la pointe des pieds, qui offre des expéditions d’aventure thérapeutiques aux jeunes atteints de cancer, de Face aux vents, qui vise une clientèle suivie en santé mentale, et de Maïkana, qui œuvre également dans le domaine de la santé mentale.

Consultez la chaîne YouTube de Virginie Gargano

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