Malgré une belle remontée en deuxième manche, la Lavalloise Leylah Annie Fernandez s’est inclinée par la marque de 6-3, 6-4 en finale du tournoi d’Eastbourne, en Angleterre.

Il faudra encercler cette défaite contre Daria Kasatkina, 14joueuse mondiale, lorsque l’on revisitera la carrière de Fernandez. Surtout parce qu’il s’agissait de sa première finale dans un évènement de catégorie 500 – hormis évidemment sa finale aux Internationaux des États-Unis. Mais aussi parce que ce match représente en soi un réel récit d’apprentissage.

Brisée dès le premier jeu, Fernandez a paru nerveuse en lever de rideau. Son adversaire était patiente, prudente, multipliait les balles en fond de terrain. Kasatkina essayait de pousser Fernandez à jouer la balle de trop. Piège dans lequel est tombée la Québécoise.

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Daria Kasatkina

Agressive, Fernandez coulait, poussée du milieu du terrain par de longues balles, basses et rapides. Lorsque l’on attaque, il est normal de faire plus d’erreurs que son adversaire. Mais quelle est la limite acceptable ? Il aurait été facile à ce moment de changer de stratégie. De trahir son identité, d’adhérer à un jeu de patience.

Fernandez a préféré garder le cap. Tirant de l’arrière 0-3 à la deuxième manche, elle a adapté ses frappes, s’assurant de pouvoir réussir des coups gagnants, mais à un niveau de risque moins élevé. Et le pari fut le bon.

Du moins, pour lui permettre de remonter à 4-3. Dans la dernière ligne droite, Fernandez a semblé manquer de force mentale, cédant son service sur deux des trois points finaux de Kasatkina, qui a filé vers la victoire.

N’empêche que la défaite aura été davantage attribuable à un manque d’« opportunisme » qu’à une faille stratégique.

Fernandez n’a remporté que deux balles de bris d’égalité sur sept. Au fil du duel, la gauchère aurait appris à mesurer ses attaques, à devenir plus incisive au moment opportun.

Il s’agit d’une troisième victoire pour Kasatkina en trois duels entre les deux joueuses. Elle a remporté par ailleurs son premier titre en carrière sur gazon. La Russe s’était inclinée en finale de la dernière édition du tournoi d’Eastbourne contre l’Américaine Madison Keys.

En force pour la suite

Fernandez, 30joueuse mondiale, peut bien sûr quitter Eastbourne la tête haute. Il s’agissait de sa première participation au tournoi, et il y a fort à parier qu’elle voudra y retourner. Sa compétition aura été marquée par de grandes victoires, notamment contre la septième favorite Barbora Krejčíková et en demi-finale, contre la troisième favorite Madison Keys.

« Je veux féliciter Leylah pour sa grande semaine ici, a souligné Kasatkina, après s’être vu remettre le trophée par l’illustre Martina Navratilova. J’espère qu’on pourra s’affronter encore plusieurs fois sur les grandes scènes ».

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Leylah Annie Fernandez, Martina Navratilova et Daria Kasatkina

« On doit continuer de travailler fort, ne jamais abandonner. Espérons qu’on aura beaucoup plus de ces finales », a pour sa part commenté Fernandez.

La joueuse de 21 ans connaît une bonne séquence. Plus tôt en juin, elle avait atteint les quarts de finale du tournoi de Birmingham. L’Australienne Ajla Tomljanović l’avait alors vaincue en trois manches, avant de s’incliner en finale.

Fernandez choisit un bon moment pour disputer du tennis de haut calibre, alors qu’elle compétitionnera au prestigieux tournoi sur gazon de Wimbledon dès la semaine prochaine. À la fin du mois suivront les Jeux olympiques, pendant lesquels elle défendra les couleurs du Canada en simple et en double.