(Paris) L’inattendue Jasmine Paolini, qui jouera samedi à 28 ans sa toute première finale de Grand Chelem, aura-t-elle les armes pour éviter le K.-O., voire priver d’un quatrième titre à Roland-Garros la N.1 mondiale Iga Swiatek ?

La Polonaise de 22 ans a traversé le tableau comme attendu, sans cahot. Le seul grain de terre dans sa chaussure, elle l’a secoué au deuxième tour lorsqu’elle a dû sauver une balle de match contre l’ex-N.1 mondiale Naomi Osaka, avant de s’imposer en trois manches.

Par la suite, elle a joué quatre matchs et n’a perdu que quatorze jeux au total. Aucun en 8es de finale face à la Russe Anastasia Potapova renvoyée au vestiaire en 40 minutes sans avoir empoché le moindre jeu et en n’ayant remporté que dix points au total…

Même la N.3 mondiale Coco Gauff, vainqueur des derniers Internationaux des États-Unis, n’a pu faire douter une seconde Swiatek en demies (6-2, 6-4).

L’Américaine de 20 ans était tendre lorsqu’elle s’était inclinée face à la Polonaise en finale sur ce même court Philippe-Chatrier il y a deux ans. Cette année, de l’aveu même de la Polonaise, Gauff était plus coriace.

Et pourtant… quand Gauff a joué à son meilleur niveau, elle a effectivement accroché son adversaire. Elle lui a même pris une fois son service, pour se détacher 3-1 dans la deuxième manche, et a sauvé trois balles de match.

Mais la moindre baisse de régime a été punie impitoyablement.

Confiance

Gauff met quelques minutes pour entrer dans le match ? Swiatek lui prend son service d’entrée et fait la course en tête.

Gauff commet un peu trop de fautes ? Swiatek réussit un double bris.

Et ce, jusqu’au bout. Sans faillir.

PHOTO AURELIEN MORISSARD, ASSOCIATED PRESS

Iga Swiatek et Coco Gauff

« Les premiers tours en Grand Chelem sont toujours compliqués. Ensuite, j’ai gagné en confiance », a simplement expliqué jeudi la N.1 mondiale incontestée et parfaitement incontestable cette saison sur sa surface préférée qu’est la terre battue.

Elle est en effet sur la voie d’un rare triplé, réussi pour la dernière fois en 2013 par Serena Williams : enchaîner les titres à Madrid, Rome et Roland-Garros.

Avec deux défaites en 36 matchs depuis sa première apparition dans le tableau principal en 2019, Swiatek est à peu près injouable sur la terre battue parisienne, un peu comme son idole Rafael Nadal.

De là à s’habituer à gagner ? À y voir une routine ?

« Il est difficile de faire abstraction des enjeux, de l’atmosphère de ces matchs. Donc je ne peux pas dire que j’y suis habituée. Ce n’est pas de la routine », tempère-t-elle en expliquant néanmoins qu’elle se concentrait sur son travail et son jeu de manière à rendre le moment plus routinier et donc « plus facilement gérable ».

Rêve

Quant à la comparaison avec Nadal, « on verra dans 14 ans si le parcours est comparable », tranche-t-elle en référence aux 14 titres remportés par l’Espagnol à Roland-Garros.

Actuellement, la plus apte a priori à lui poser des problèmes sur terre est la Bélarusse Aryna Sabalenka (N.2 mondiale). Mais, diminuée par des troubles d’estomac, elle a cédé en quarts.

Et ce sera donc Paolini (15e) qui sera de l’autre côté du filet samedi pour tenter de priver Swiatek d’un troisième titre consécutif à Roland-Garros, le quatrième au total après 2020, 2022 et 2023, le cinquième en Grand Chelem (avec les Internationaux des États-Unis 2022).

Car l’Italienne, vainqueur surprise en quarts de la N.4 mondiale Elena Rybakina, a nettement dominé en demies la prodige russe Mirra Andreeva (38e mondiale à 17 ans) 6-3, 6-1.

À 28 ans, Paolini n’avait encore jamais dépassé les huitièmes de finale en Grand Chelem (atteints en Australie cette année). À Roland-Garros, elle n’avait jamais franchi le deuxième tour.

« Je suis si heureuse », a-t-elle lancé de sa voix rauque.

« Rêver est la chose la plus importante dans le sport et dans la vie. J’ai peut-être mis plus longtemps que d’autres joueuses pour le comprendre », a-t-elle ajouté en référence à son arrivée plus tardive que pour d’autres en finale d’un Majeur.

Elle peut rêver double puisqu’elle est également qualifiée pour la finale du double, dimanche, avec sa compatriote Sara Errani.