En 2020, Christopher Morales-Williams avait 15 ans quand il a inscrit cette note dans la case « 1er janvier 2024 » de son agenda virtuel : « Tu as intérêt à te qualifier pour les Olympiques cette année ! »

Quatre ans et demi plus tard, l’Ontarien de 19 ans a pratiquement atteint son objectif, mais il ne pensait jamais le faire de cette façon. À ce jour, il est le meneur mondial au 400 m en vertu d’un chrono de 44,05 secondes réussi le 11 mai dans le cadre des championnats régionaux de la Southeastern Conference, en Floride. Ce temps est également un record canadien.

« C’est certainement arrivé plus vite que prévu, mais vous savez quoi ? J’ai toujours rêvé de ça et je suis heureux de vivre ce rêve », a déclaré Morales-Williams après avoir inscrit le meilleur temps des demi-finales (45,77 s), en fin d’après-midi vendredi, aux Essais canadiens d’athlétisme de Montréal.

La trajectoire de Morales-Williams fait penser à celle d’Andre De Grasse. Découvert par le même entraîneur dans la région de Toronto, Tony Sharpe, il s’est présenté au complexe sportif Claude-Robillard fraîchement couronné aux championnats nationaux de la NCAA. Son programme à l’Université de Géorgie est dirigé par Caryl Smith Gilbert, la même entraîneuse qui a mené De Grasse à deux titres de la NCAA en 2015.

La différence est que Morales-Williams trône au sommet du palmarès mondial du 400 m à l’approche de ses premiers Jeux olympiques. L’étudiant en écologie ne cache pas que ce statut impose une pression.

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Christopher Morales-Williams

Je sens toujours la pression, non seulement parce que je suis classé premier, mais parce que je suis un compétiteur et que je l’ai toujours été.

Christopher Morales-Williams

« Peu importe où je suis placé, si je ne suis pas classé premier, j’ai la pression de vouloir être le premier. Et maintenant que je suis classé premier, j’ai la pression de vouloir le rester. En fin de compte, rien ne change, mais vous savez, il faut juste avoir le même genre d’attitude. Traiter chaque course de la même manière, traiter tous mes concurrents de la même manière, parce que tout le monde est là pour gagner. »

Son défi en finale, ce samedi, sera de dépenser le minimum d’énergie pour décrocher une deuxième couronne nationale de suite.

« Nous allons y aller pour être rapide, mais j’espère ne pas trop me fatiguer. Je le ferai si nécessaire, mais j’espère que ça ne prendra pas ça, car tous ces gars à Paris, ils n’ont pas eu une longue saison collégiale comme moi ! Donc, je dois être intelligent et penser à ce qui est le plus important maintenant, les nationaux, ou les Jeux olympiques qui ont lieu tous les quatre ans ? »

« Avoir ce qu’il faut »

À deux couloirs de Morales-Williams, Damian Warner avait une stratégie très précise : « Me tenir loin de Christopher ! » « Je l’ai fait, c’était donc un plan solide », a blagué l’Ontarien de 34 ans, quatrième en 47,44 s.

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Damian Warner

« Je me sens mieux qu’il y a 47 secondes ! C’était difficile, mais c’est un sommet cette saison, donc une course solide. »

Déjà qualifié pour Paris, le champion olympique du décathlon est également inscrit au 110 m haies et au saut en longueur à Montréal. Vainqueur pour la huitième fois de l’Hypo-Meeting de Götzis, principal rendez-vous du décathlon mondial, il croit « avoir ce qu’il faut » pour obtenir une autre médaille d’or en août.

« J’ai l’impression qu’il y a même un peu moins de pression. Je pense que tous ceux qui vont aux Jeux olympiques et n’ont pas encore gagné de médaille se demandent au fond d’eux-mêmes : “Est-ce ma dernière chance ? Vais-je pouvoir remporter une médaille ?” Pour ma part, j’y vais en donnant tout et en essayant de décrocher la victoire. Nous verrons ce qui se passera. »

Son compatriote Pierce LePage, qui l’a battu aux Mondiaux l’an dernier, est absent à Montréal. Limité à une seule compétition extérieure cette année, il a obtenu une exemption médicale d’Athlétisme Canada.