(Saint-Denis) A un mois de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, l’ambiance sportive et festive peine à gagner Saint-Denis (Seine–Saint-Denis), qui concentre deux sites de compétition, les esprits étant surtout préoccupés par le sujet des transports.

Sur la place qui s’étend devant la basilique, dans le centre-ville, la compétition sportive tente de se rappeler au bon souvenir des passants : sur la devanture de la mairie, une large banderole « Partageons les jeux à Saint-Denis » donne le ton. Mais les habitants croisés sur les lieux semblent assez hermétiques aux évènements qui débuteront le 26 juillet.

« Je m’en fiche un peu », souffle Bessalem, 50 ans, sacs de courses en main, en traversant la place. L’homme n’a pas de billets pour les Jeux et n’assistera pas aux compétitions qui se dérouleront dans la ville-water-polo, natation artistique et plongeon au centre aquatique récemment inauguré, athlétisme et rugby à VII au Stade de France. « Ceux qui travaillent, ils vont galérer », ajoute l’homme, actuellement sans emploi.

Les Dionysiens, spectateurs pendant plusieurs années des travaux de préparation des Jeux, se divisent désormais en deux catégories : ceux qui seront en villégiature pendant la compétition, comme Zina, artiste de 50 ans attablée à la terrasse d’un café, et les autres, préoccupés par l’afflux de touristes.  

Lola Niole, infirmière de 24 ans, fait partie des seconds et s’inquiète du bon fonctionnement des transports en commun pour se rendre sur son lieu de travail à Paris. « S’il faut attendre 15-20 minutes pour avoir un métro, alors que c’est déjà souvent surchargé, ça va être encore plus pénible », lâche-t-elle.

Assis sur un banc au soleil, Hicham Bennady n’est guère plus exalté et redoute la congestion de l’A86 qu’il emprunte chaque jour. « On ne sent pas les Jeux olympiques », ajoute l’homme de 42 ans, qui travaille dans l’aéronautique. « Ça manque d’évènements, d’animation, […] je n’ai pas l’impression qu’ils aient prévu de faire participer la population ».

« Accueillir le monde entier »

À moins de deux kilomètres de là, aux abords des sites olympiques, Farid Kerraouche, 53 ans, est l’un des rares à se laisser gagner par une certaine impatience, tandis qu’il regagne la commune voisine d’Aubervilliers, après sa journée de travail. « Personnellement, je n’ai jamais assisté à un évènement comme ça », confie-t-il en espérant pouvoir « voir des athlètes » et assister aux concerts organisés au parc Georges-Valbon, situé entre La Courneuve, Saint-Denis et trois autres communes du département.  

Mickaël Sekkaï, 33 ans, n’a pas la tête aux festivités, « avec tout ce qui se passe en politique », et suivra « de loin » les épreuves, depuis son lieu de vacances.  

Quant à l’héritage des JO en Seine–Saint-Denis, promesse des organisateurs, il n’y croira qu’à condition que les infrastructures puissent bénéficier « aux plus défavorisés ».  

Shaïma Kotrane, auxiliaire de puériculture de 24 ans, qui a elle aussi choisi de partir en vacances avant le 26 juillet, concède qu’à Saint-Denis, « ça s’est un peu amélioré sur la propreté ». Mais elle dit attendre de voir si cette tendance se confirme sur la durée.

Seuls les restaurateurs semblent attendre unanimement cette date, dans l’espoir de voir le nombre de clients grimper au rythme des flots de touristes. « On est prêts », assure le gérant du café Les Arts, Hafid Boumeziren, qui a déjà recruté deux serveurs en plus pour la période.

Même engouement au bar-restaurant Le Khédive, idéalement situé en face de la mairie et de la basilique et dont la terrasse a obtenu une autorisation d’extension pour la période. « Pas de vacances cette année », clame son patron Sid Ould-Moussa, « on est motivé pour accueillir le monde entier ».