(Eugene) La reine du 100 m Sha’Carri Richardson concentre l’attention aux sélections olympiques américaines pour Paris-2024, qui débutent vendredi à Eugene en Oregon, là où un contrôle positif à la marijuana l’avait privée des Jeux de Tokyo en 2021.

Sha’Carri Richardson (24 ans) a des comptes à solder avec Eugene, petite ville universitaire de l’Oregon, cœur battant de l’athlétisme américain, où la sprinteuse a connu quelques joies, mais surtout beaucoup de peines depuis son début de carrière.

En 2021, la flamboyante athlète aux cheveux colorés et aux ongles interminables avait enflammé la piste lors des sélections olympiques, avant d’être disqualifiée et privée des Jeux de Tokyo pour un contrôle positif à la marijuana. Richardson avait appris le décès de sa mère biologique une semaine plus tôt, la plongeant dans un abîme de souffrance, qu’elle avait essayé d’apaiser.

Le début d’une petite descente aux enfers, entre déclarations douteuses, outrances sur les réseaux sociaux et bataille autour d’une relation toxique avec son ex-petite amie, avant d’échouer à se qualifier aux Mondiaux-2022, disputés à… Eugene.

« À l’époque de ma suspension, je n’allais pas bien du tout, j’étais jeune, j’avais couru la finale saoulée au Hennessy (une marque de cognac, NDLR) », expliquait-elle en décembre 2022 sur son blogue.

« Il y a des moments dans la vie où je m’effondre parce que je n’arrive plus à supporter tout ce qui m’arrive. Depuis ma suspension, les gens me voient dans ma chair, à vif, ils voient mon côté humain », ajoutait la native de Dallas à l’enfance difficile, élevée avec sa sœur par sa grand-mère, sa mère se révélant incapable de s’occuper d’elles.

Rapide fin mai

« C’est la dernière fois que les Jeux olympiques se font sans Sha’Carri Richardson, et c’est la dernière fois que les États-Unis reviennent sans la médaille d’or » du 100 m, avait-elle prévenu en 2021.

Trois ans plus tard, Richardson à l’occasion de tenir sa promesse et refermer ce chapitre douloureux, elle qui aime voir les « cercles de vie », des retours à la case départ, comme lorsque la piste de son lycée à Dallas avait été renommée en son honneur en novembre dernier, des années après y avoir révélé son talent unique.

Afin de se qualifier pour les Jeux de Paris (26 juillet-11 août), elle doit terminer dans les trois premières des impitoyables sélections américaines, avec un premier tour disputé vendredi, puis une demie et une finale samedi.

PHOTO THOMAS BOYD, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Sha'Carri Richardson

Une formalité a priori pour celle qui est devenue championne du monde du 100 m l’été dernier à Budapest en 10 sec 65, faisant d’elle la 5femme la plus rapide de l’histoire, avant de prendre une nouvelle dimension hors de la piste en signant des contrats de commandite avec des marques de montres, casques audio, téléphones, boissons et cosmétiques, adossés à ses 3 millions d’abonnés sur Instagram.

Un seul 100 m canon en 10 sec 83 a suffi cette saison, une nouvelle fois dans l’écrin du Hayward Field de Eugene fin mai, pour rappeler le statut et la nouvelle constance dans l’excellence de l’athlète entraînée en Floride par l’ex-sprinter Dennis Mitchell.

Lyles face à la meute

Autre attraction du week-end, le triple champion du monde (100, 200 et 4x100 m) Noah Lyles chasse une qualification sur la ligne droite (séries samedi, demies et finale dimanche), lui qui rêve d’un quadruplé aux JO avec le relais 4x400 m en sus.

Lyles doit composer avec une concurrence féroce, comme d’habitude, avec Fred Kerley (champion du monde 2022), Christian Coleman (champion du monde 2019), Kenny Bednarek (vice-champion olympique du 200 m) ou encore Ronnie Baker (finaliste olympique en 2021), mais sans Trayvon Bromell, blessé.

Les essais se poursuivent jusqu’au 30 juin, avec entre autres Sydney McLaughlin-Levrone, qui se concentre sur la défense de son titre olympique du 400 m haies, le 110 m haies de Grant Holloway, les 200 m, ou encore le poids de Ryan Crouser.

Athing Mu sera bien présente, elle qui n’a pas couru en 2024 à cause d’une blessure aux ischiojambiers.  

« Je suis assez confiante, je sais que j’ai les capacités de me qualifier », a-t-elle assuré jeudi en conférence de presse.