« Même si je suis honorée d’être la première, je ne veux pas être la seule. »

Jessica Campbell a fracassé un autre de ces plafonds de verre pour les femmes dans le monde du sport professionnel, mercredi. En étant nommée entraîneuse adjointe de Dan Bylsma avec le Kraken de Seattle, elle est devenue la première femme de l’histoire à faire sa place derrière le banc d’une équipe de la Ligue nationale de hockey.

« De façon peut-être un peu naïve, j’ai eu le courage de croire que c’était possible, même si je ne voyais pas [de femmes derrière les bancs]. J’ai cru que je pouvais le faire », a raconté la femme de 32 ans dans une conférence à laquelle a assisté virtuellement La Presse, mercredi en fin d’après-midi.

« J’ai eu à me faire confiance et à croire en ce que je faisais sans me concentrer sur le bruit extérieur. Les barrières qui existent sont, généralement, celles que l’on s’impose soi-même. »

Comme beaucoup d’autres entraîneurs, Campbell a parcouru un long chemin avant de faire sa place au sein de la meilleure ligue au monde. Elle s’est lancée dans l’univers du coaching en 2017, après sa carrière de joueuse dans la NCAA et au sein de la défunte Ligue canadienne de hockey féminin.

Il y a environ cinq ans, elle a lancé son propre programme de patinage et d’habiletés. Elle avait alors sous son aile des joueurs professionnels, dont Brent Seabrook.

J’ai réalisé que c’est ça que je voulais faire. Ces gars-là se présentent à mes entraînements en grand nombre. Je veux poursuivre ce but et me rendre derrière un banc.

Jessica Campbell

Depuis deux ans, Campbell était entraîneuse adjointe du club-école du Kraken, les Firebirds de Coachella Valley, dans la Ligue américaine. Elle assistait Bylsma, qui a été promu dans le grand club à la fin du mois de mai.

PHOTO JASON REDMOND, ASSOCIATED PRESS

Jessica Campbell

« La raison pour laquelle j’ai engagé Jess [il y a deux ans], c’est pour son expérience et son habileté à travailler avec les joueurs et à développer un plan de match, a expliqué l’entraîneur-chef, mercredi. Elle voit ce qu’ils doivent améliorer. »

« La démonstration qu’elle a donnée dans les deux dernières années n’est pas différente. […] Ça me donne envie de lui donner une chance de faire ça dans la LNH. »

De toute évidence, la principale intéressée s’est dite « honorée » d’être la première dans cette position, précisant toutefois qu’« être la première n’a jamais vraiment été quelque chose » sur lequel elle se concentrait. « Je me suis toujours concentrée sur le travail, sur l’impact [que je pouvais avoir]. »

Même si je suis honorée d’être la première, je ne veux pas être la seule. Et honnêtement, je ne me sens pas comme la seule dans cette organisation. […] Certaines ne sont pas derrière le banc, mais il y a une longue liste de femmes incroyables qui font un travail phénoménal au sein de groupes de gestion, du recrutement, du développement des joueurs. Je suis excitée d’apporter ma contribution sur le banc.

Jessica Campbell

Bien sûr, comme toutes celles qui, avant elle, ont fait tomber un plafond de verre, Campbell est consciente que sa réussite aidera les entraîneuses en devenir. « Je sais que si l’équipe connaît du succès, et que mon impact est bon, alors ça pourrait ouvrir des portes à d’autres. Ça pourrait ouvrir les yeux d’autres personnes et les amener à penser différemment. »

La communication

Jessica Campbell a été très claire : elle croit « beaucoup en la communication ». Elle n’hésite pas, soutient-elle, à « montrer de la compassion pour les joueurs en fonction de ce qu’ils vivent, surtout quand les choses sont difficiles ».

« Je suis juste excitée de commencer à connaître l’histoire de tous les joueurs. Je veux qu’ils m’expliquent individuellement où ils en sont dans leur carrière et voir comment je peux les aider personnellement à améliorer leur jeu. »

D’un point de vue personnel, elle souhaite également continuer d’apprendre et d’être « une étudiante du jeu ».

« Dans ma tête, c’est important de continuer à évoluer et à grandir. J’ai acquis une expérience avec les joueurs de la LNH au début de ma carrière d’entraîneuse et je veux utiliser ça dans les relations que je veux bâtir ici avec les joueurs du Kraken. »

Et, qui sait, peut-être sera-t-elle entraîneuse-chef un jour ?