« Trois ans, c’est long. » Jacob Fowler ne pouvait pas mieux dire. Car s’il y en a un pour qui la vie peut changer en trois ans, c’est bien lui.

Fowler est ce gardien respirant la confiance que le Canadien a repêché au 69rang l’an dernier. Il poursuit son développement à Boston College, mais le voici de passage dans le Grand Montréal cette semaine pour le camp de développement du Canadien.

Or, s’il y a une position où ça peut changer vite dans l’organisation du Tricolore, c’est bien celle de gardien. À l’heure actuelle, Samuel Montembeault détient une entente de trois ans, qui expire en 2027. Celle de Cayden Primeau vient à échéance dans un an. À Laval, Jakub Dobeš tentera de poursuivre sur sa lancée après avoir excellé devant le filet du Rocket à compter de décembre.

Et il y a Fowler, qui a fait tourner les têtes à sa première année dans la NCAA. Malgré ses 18 ans à l’automne 2023, il s’est vite imposé comme le gardien numéro 1 des Eagles. Pendant combien d’années un gardien peut-il être titulaire dans les rangs collégiaux avant de faire le saut chez les pros ? C’est la question qui alimentera les réflexions lorsqu’il sera question de l’enthousiaste Floridien cette saison.

« Chaque joueur est différent. Que je sois prêt dans deux, trois ou quatre ans, je ne suis pas pressé, a-t-il affirmé, mardi. J’aime mieux être trop prêt que pas assez. Il y a plusieurs autres facteurs que les matchs qu’on joue qui entrent dans la balance. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Jacob Fowler au camp de perfectionnement du Canadien à l’été 2023

Si la saison se déroule sans anicroche et qu’il demeure gardien numéro 1, il y aura toutefois lieu de se demander s’il ne sera pas mûr pour l’étape suivante. Dans l’organigramme du Canadien, Primeau et Dobeš sont aussi passés par la NCAA. Les deux étaient titulaires dès leur arrivée au collège, et les deux ont jugé qu’après deux ans dans ce rôle, ils étaient prêts à faire le saut chez les pros. Chez les Sabres de Buffalo, Devon Levi a pris la même décision en 2023, après sa deuxième campagne à Northeastern.

Théoriquement, cependant, il peut encore jouer trois ans à l’université s’il le désire. « Trois ans, c’est long, a convenu Fowler. Mes trois dernières années, c’était fou. Dans trois ans, ça peut être complètement différent. Je vais retourner passer le reste de l’été à Boston pour être prêt à gagner un championnat la saison prochaine. »

Ses objectifs

Il a donc énoncé clairement un de ses objectifs pour 2024-2025 : un championnat. La saison dernière, il est passé à une victoire d’y parvenir. Boston College s’est incliné 2-0 en finale du championnat national contre Denver University. « Ça fait mal de passer si près, mais ça donne plus de motivation pour la prochaine saison », estime-t-il.

Ce championnat s’ajouterait à un palmarès bien garni qui comporte aussi un titre de l’USHL (2023 à Youngstown) et une médaille d’or au Championnat du monde junior (2024 avec les États-Unis).

Sur le plan individuel, Fowler souhaite aussi cesser d’accorder ce qu’il décrit comme de mauvais buts.

« J’ai toujours été fier d’être un compétiteur. Que j’accorde un ou deux mauvais buts, je finis quand même par réussir le dernier arrêt qui nous permet de gagner. Mais en fin de saison, à chaque match, je sentais que j’accordais un mauvais but par match. Tu peux t’en tirer au collège, mais ça te rattrape chez les professionnels, car les gars savent tirer. Si je peux éviter ces buts qui passent sous moi ou à travers mon corps, ça ne laissera plus beaucoup d’endroits où marquer. »

Fowler se dit entre bonnes mains, dans « un programme qui a produit tant de gardiens de la LNH ». Thatcher Demko (Canucks de Vancouver), Joseph Woll (Maple Leafs de Toronto) et Spencer Knight (Panthers de la Floride) sont en effet issus des Eagles. Suivra-t-il leurs traces ?