Le dossier Juraj Slafkovsky n’a pas traîné en longueur. L’attaquant était admissible à une prolongation de contrat pour 2025 à compter de lundi, et le marché a été conclu dès le jour 1.

Un marché de huit ans, bon pour 60,8 millions de dollars, pour une moyenne annuelle de 7,6 millions.

Le dossier ne s’est évidemment pas réglé comme par magie dès le 1er juillet. Les pourparlers ont duré « environ un mois », a estimé Kent Hughes, en point de presse à Brossard, lundi.

C’est quelqu’un qu’on a repêché numéro 1, il est très important pour l’avenir du Canadien de Montréal. Juraj, de son côté, adore Montréal, la ville, il adore jouer ici. L’objectif a toujours été de voir si on était capables de trouver un contrat à long terme, même si c’était huit ou sept ans, même six ans.

Kent Hughes, directeur général du Canadien

C’est finalement sur huit ans, la durée maximale permise, que les deux camps se sont entendus, ce qui lie Slafkovsky au Tricolore jusqu’en 2033.

2033, c’est loin. À titre indicatif, cet été-là, Nick Suzuki sera un vétéran de 34 ans, Martin St-Louis en aura 58, et il ne restera plus que deux ans aux paiements que les Mets de New York versent à Bobby Bonilla.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Juraj Slafkovsky et Nick Suzuki

Slafkovsky, lui, aura 29 ans, et l’équipe souhaite évidemment que son fulgurant développement de la saison dernière se poursuive afin qu’il devienne une aubaine. À compter de la mi-décembre, il s’est véritablement métamorphosé et a cimenté sa place aux côtés de Nick Suzuki et Cole Caufield. En 53 matchs à partir du 15 décembre, il a inscrit 43 points, dont 18 buts, et a joué 19 minutes par match en moyenne.

Le respect de la structure

Au-delà de la durée, c’est toutefois le salaire annuel de 7,6 millions de dollars qui est intéressant, car il démontre la volonté de Hughes de respecter une structure salariale dont Suzuki est le point de référence.

Hughes n’a pas voulu s’étendre sur les détails des négociations ; Slafkovsky s’adressera aux médias mardi et il faudra voir s’il en dévoilera davantage. Mais le DG a clairement identifié ses paramètres.

« On croit que chaque équipe a une structure interne, a-t-il exposé. Nick, c’est notre capitaine, notre leader. Je pense que les gens, dans l’organisation, respectent ça, les joueurs aussi. »

C’est la deuxième fois que Hughes doit flirter avec cette limite psychologique. Précisons d’abord que le salaire de Suzuki en soi est un héritage de l’ancienne administration : son contrat fut le dernier que Marc Bergevin a signé en tant que DG du Canadien, en octobre 2021.

Caufield était admissible à une prolongation de contrat à l’été 2022, mais il a décidé de disputer la campagne 2022-2023 sans assurer son avenir à long terme. Il a répondu avec une récolte de 26 buts en 46 matchs (une blessure à une épaule a mis fin à sa saison), et une fois juin venu, le petit ailier a décroché 62,8 millions sur huit ans.

Hughes a d’ailleurs expliqué que Slafkovsky aurait lui aussi pu amorcer la prochaine saison sans prolongation en poche et ainsi miser sur lui-même. « On lui a dit qu’on n’avait pas de problème à le payer plus, a reconnu Hughes. Mais on était tellement proches, on a décidé de signer le contrat. »

Bref, Hughes voulait respecter la structure, mais Slafkovsky aurait pu franchir la ligne psychologique en connaissant une grande saison. À deux tu l’auras, il a préféré un tiens.

Le cas des Leafs

Tôt ou tard, cette structure sera mise à l’épreuve. Kent Hughes a toutefois clairement laissé entendre que le moment n’était pas venu pour se lancer dans les folles dépenses.

À titre indicatif, un seul contrat signé lundi, en ce jour 1 du marché des joueurs autonomes, est de valeur supérieure à celui de Suzuki. C’est celui de Steven Stamkos, qui a obtenu 8 millions de dollars par saison à Nashville.

Mais d’ici là, le CH évite la spirale inflationniste dans laquelle sont pris les Maple Leafs de Toronto depuis l’embauche de John Tavares comme joueur autonome en 2018. En rappel :

  • John Tavares, 1er juillet 2018 : contrat de 11 millions de dollars par année
  • Auston Matthews, 5 février 2019 : contrat de 11,634 millions
  • Mitch Marner, 13 septembre 2019 : contrat de 10,903 millions
  • Auston Matthews, 23 août 2023 : contrat de 13,25 millions
  • William Nylander, 8 janvier 2024 : contrat de 11,5 millions

Ces quatre attaquants occuperont, la saison prochaine, 53 % de la masse salariale des Leafs, ce qui vient avec des conséquences sur le reste de la formation.

Matthews et Marner, cela dit, sont aussi des joueurs de calibre élite, ce qui crée des paramètres différents. Mais l’arrivée de Tavares dans le décor a forcément établi le plafond très haut pour la suite des choses.

La prudence de Hughes dans sa quête de grands noms peut faire rager les plus impatients, mais quand vient le temps de négocier avec les jeunes, cette sobriété le sert. Ça devrait aussi être le cas lorsqu’il s’assoira avec Kaiden Guhle, le prochain gros dossier sur la table, un joueur qui peut lui aussi signer une prolongation de contrat un an en avance cet été.

« Ça n’a peut-être pas commencé au même rythme qu’avec Slaf, a reconnu Hughes, mais si on est en mesure de trouver un contrat, on le fera cet été. »