Sans complètement régler la congestion au sein de la défense montréalaise, Kent Hughes a aidé sa cause en échangeant Johnathan Kovacevic aux Devils du New Jersey, dimanche.

Le retour modeste, un choix de quatrième tour au repêchage de 2026, était prévisible. Kovacevic, coéquipier apprécié et chouchou des journalistes, était essentiellement devenu le huitième défenseur de la brigade tricolore, la saison dernière, et il aurait pu encore descendre des échelons si un arrière du Rocket s’était taillé un poste à Montréal l’automne prochain.

Le DG du Canadien a ainsi un dossier de réglé… en attendant les autres. Car à quelques heures de l’ouverture du marché des joueurs autonomes, le Tricolore est aux prises avec un surplus de personnel en défense comme en attaque.

En défense, position surveillée de près, si les négociations avec Arber Xhekaj et Justin Barron ne piétinent pas, le top 6 est pratiquement établi avec Mike Matheson, Kaiden Guhle, David Savard et Jordan Harris. Parmi les défenseurs « émergents », on pourrait présumer que Jayden Struble partira avec une longueur d’avance au camp, encore que la direction pourrait aussi bien décider de garder Lane Hutson à Montréal pour qu’il se développe, comme Juraj Slafkovsky, avec le grand club. Juste là, on en est à huit.

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Le Canadien a échangé Johnathan Kovacevic aux Devils dimanche.

Le départ de Kovacevic ouvre aussi la porte à une compétition sur le flanc droit, à laquelle s’inviteront Logan Mailloux et David Reinbacher. Évidemment que ces deux-là, comme Struble et Hutson d’ailleurs, peuvent sans problème passer la prochaine année chez le Rocket de Laval. Ça laisse toutefois, objectivement, beaucoup de monde.

À très court terme, le poste qui se libère est une bonne nouvelle pour Barron, droitier lui aussi. Mais s’il y en a un qui fera l’objet d’une évaluation longue et diligente, c’est bien lui. Le club ne peut plus le céder aux ligues mineures sans le soumettre au ballottage. À moins d’un échange, il serait virtuellement assuré d’amorcer la saison à Montréal.

Or, a-t-il suffisamment progressé au cours de la dernière année pour se rendre indispensable à droite ? Ou le personnel d’entraîneurs voudra-t-il donner sa chance à Mailloux, plus robuste et plus prolifique offensivement que lui ?

En attaque

L’autre surplus dont on parle moins, c’est celui en attaque. Il est certes moins criant qu’en défense, mais il est particulièrement intéressant de s’y attarder alors que s’ouvre le marché des joueurs autonomes.

Kent Hughes l’a dit au bilan de fin de saison, et il l’a répété en marge du repêchage à Las Vegas au cours des derniers jours : le Canadien a besoin de punch offensif. La sélection d’Ivan Demidov au premier tour est un pas dans la bonne direction, mais il ne jouera pas avec le CH avant au moins un an.

La saison prochaine, si l’organisation veut être « dans le mix » des séries éliminatoires, il faudra de l’aide. Toujours à Vegas, Jeff Gorton, vice-président aux opérations hockey, a prévenu que Hughes et lui ne se lanceraient pas à la poursuite des « gros noms ».

Cela ne veut pas dire que l’équipe ne tentera pas de s’améliorer, mais Gorton en a rajouté : « On a des jeunes qui se développent, ils doivent avoir l’occasion de jouer, et je ne voudrais pas bloquer leur développement avec des vétérans sur des ententes à long terme qui feraient reculer la reconstruction. »

Le problème, c’est que pour ajouter de nouveaux attaquants, même avec des contrats à court ou à moyen terme, il faudra leur faire de la place. Pas sur le plan salarial, s’en faut, mais bien au sein de la formation même.

En trop

Ce n’est pas réjouissant à dire au sujet d’un club qui vient de terminer au 28rang du classement général, mais le CH compterait sur une équipe complète pour disputer un match dès aujourd’hui. En attaque, il y a déjà 12 joueurs étiquetés « LNH », même 13 si on estime que Joshua Roy a fait la preuve qu’il peut jouer à temps plein à Montréal.

Ces joueurs – et leurs contrats – ne peuvent pas être bêtement effacés du tableau.

Bien qu’un vétéran puisse, comme Joel Armia l’an dernier, être cédé au Rocket, on ne le fera certainement pas pour deux ou trois en même temps.

La capacité du Canadien à s’améliorer en attaque est donc, pour l’heure, intimement liée à sa capacité à se séparer des joueurs en trop, donc à réaliser des transactions. Sans quoi il arrivera exactement ce que Gorton ne veut pas : des jeunes (Roy, par exemple) seront coincés dans le bas de la formation, sinon à Laval, où il y a par ailleurs déjà beaucoup de monde.

En excluant Roy et Oliver Kapanen, qui devrait jouer en Europe la saison prochaine, et si Filip Mesar, Owen Beck et Florian Xhekaj ne retournent pas dans la Ligue junior de l’Ontario, on dénombrera chez le Rocket 12 attaquants sous contrat avec le CH. Douze attaquants, donc, qui ne pourraient espérer jouer à Montréal si le Tricolore embauchait Steven Stamkos sans échanger Christian Dvorak (exemple fictif).

Dans la longue reconstruction du club, le jour viendra, on l’imagine, où la direction ajoutera des vétérans de renom pour finaliser un effectif devenu plus compétitif. Ce jour risque toutefois d’être plutôt en 2025 qu’en 2024, à moins que s’accélère la délicate gestion des surplus.