(Las Vegas) Aatos Koivu avait choisi de ne pas faire le voyage de la Finlande jusqu’à Las Vegas pour le repêchage de la LNH. Il a donc tout suivi à la télévision.

Au début du troisième tour, au 70rang au total, la parole a été accordée au Canadien de Montréal. Koivu a regardé par terre, fixement, en silence. Silence rapidement rompu par les cris de sa mère, qui a commencé à sauter dans la pièce.

« Je n’ai pas vraiment entendu mon nom, juste ma mère qui disait : “Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu !” », a raconté le jeune homme, samedi, en visioconférence.

Son père et lui ont alors pris une seconde pour fixer la télé. C’est bel et bien le nom du joueur de centre qui y était inscrit, après qu’il fut devenu un membre de l’organisation du Canadien.

« C’est juste là que j’ai réalisé que j’étais repêché, a-t-il poursuivi. Je suis tellement content, tellement emballé… Je ne peux pas décrire ce sentiment ! »

Aatos, c’est bien sûr le fils de Saku, capitaine de l’équipe de 1998 à 2009. Aussi le neveu de Mikko, capitaine du Wild du Minnesota de 2009 à 2020. Son père et son oncle, multiples médaillés aux Jeux olympiques et au Championnat du monde, sont des légendes vivantes dans leur pays natal.

Fiston sait donc depuis longtemps que de porter ce nom de famille vient avec un bagage. C’est ce qui lui fait croire que ce ne « sera pas plus dur » pour lui que pour un autre de faire sa place à Montréal et, plus largement, au hockey professionnel.

« Bien sûr, les gens savent qui est mon père, a repris Koivu. Je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose. Ce ne sera pas différent d’un autre endroit. »

De la métropole, il garde bien peu de souvenirs. Et c’est bien normal, puisqu’il n’avait que 3 ans lorsque son père a conclu son règne chez le Canadien. Il était toutefois au Centre Bell à l’occasion du dernier match de Saku Koivu, dans l’uniforme des Ducks d’Anaheim, en 2013, et se rappelle très bien la charge émotive qui habitait l’aréna.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

En décembre 2014, hommage à Saku Koivu au Centre Bell. Le jeune Aatos était présent avec sa sœur Iona, sa mère Hanna et ses grands-parents Jukka et Tuile.

Ses parents n’ont eu, à ce jour, que de bons mots pour leur expérience à Montréal, assure-t-il. Il n’a pas, pour autant, encore eu de conversations approfondies avec son père au sujet de ce qui l’attend.

Ça ne saurait tarder, imagine-t-on.

« Responsable »

Le Canadien a ainsi mis la main sur un joueur qu’il aime beaucoup, sans égard à son nom de famille, encore que le codirecteur du recrutement amateur Martin Lapointe ait reconnu que le « lien de sang » n’est pas anodin.

On le décrit comme un joueur de centre responsable défensivement, ce qui court manifestement chez les Koivu. Lui-même dit s’inspirer de Sebastian Aho, des Hurricanes de la Caroline.

C’est un gars responsable, vraiment engagé sur la patinoire. Il a de belles habiletés, une bonne tête de hockey, mais il faut qu’il se renforce physiquement. On a confiance qu’il y arrivera.

Martin Lapointe, codirecteur du recrutement amateur

À 6 pi 1 po et 170 lb, l’attaquant est en effet un peu frêle, résultat d’une poussée de croissance tardive. Nick Bobrov, autre codirecteur du recrutement amateur, salue son « grand potentiel de croissance », sur le plan physique comme sportif.

« Visiblement, son père lui a bien enseigné, car ses habitudes [de travail] sont déjà celles d’un professionnel », a-t-il souligné.

Selon lui, Koivu n’a jusqu’ici montré qu’une partie de son talent. En outre, « il a grandi dans une maison où la pression était commune », a ajouté Bobrov. Un autre atout.

Comme son père et son oncle avant lui, Aatos se développe dans l’organisation du TPS Turku. La saison dernière, il a amassé 22 points en 20 matchs avec la formation des moins de 18 ans, et ajouté 31 points en 28 matchs avec celle des moins de 20 ans.

Il a aussi eu une audition de quatre matchs avec le club sénior, qui évolue en Liiga, principal championnat finlandais.

Toute son énergie est actuellement consacrée à son entraînement estival, dans le but d’obtenir un poste à temps plein avec cette équipe l’automne prochain. C’est pour cette raison qu’il a fait l’impasse sur le repêchage et qu’il ne participera pas au camp de développement des espoirs du CH, la semaine prochaine.

« C’est une décision que j’ai prise avec mon père et mon agent, a-t-il expliqué. On trouvait que la meilleure chose, pour moi, c’était de rester à la maison et de m’entraîner le plus possible, sans multiplier les allers-retours en Amérique du Nord. »

De fait, il ne veut pas simplement être sélectionné pour jouer en Liiga. Déjà, il patine avec des joueurs du grand club, mais « ce n’est pas assez » pour lui. « Je veux jouer un rôle important, disputer de grosses minutes », a-t-il détaillé.

On pourrait ironiser sur le fait qu’avec un père et un oncle qui sont impliqués de près dans l’équipe, il pourrait demander un passe-droit. Mais ce serait mal connaître celui qui est déterminé à se faire un prénom. À Turku, d’abord. Et à Montréal, ensuite.