Shea Weber mérite-t-il d’être admis au Temple de la renommée dès sa première année d’admissibilité ? Pavel Datsyuk sera-t-il bloqué par le « facteur russe » ? Les portes du Temple vont-elles enfin s’ouvrir à Alexander Mogilny ?

On connaîtra les réponses à ces questions ce mardi, lorsque les 18 membres du comité de sélection du Temple de la renommée du hockey se réuniront à Toronto. Quelque part en après-midi, une fois les délibérations du comité terminées, les heureux élus recevront l’appel tant attendu de Lanny McDonald, président du Temple de la renommée. Cet appel, c’est la fumée blanche du hockey. C’est ce qui confirme qu’un joueur passe de simple retraité à immortel.

Coup d’œil sur les principaux candidats, en commençant par ceux qui en sont à une première année d’admissibilité.

Pavel Datsyuk

  • Attaquant
  • 918 points (314 buts, 604 aides) en 953 matchs dans la LNH
  • Palmarès : deux Coupes Stanley, une médaille d’or olympique, une médaille d’or au Championnat du monde, trois trophées Selke, quatre trophées Lady-Byng

Rares sont les attaquants de sa génération qui ont été admis sans avoir disputé 1000 matchs dans la LNH. Paul Kariya, Pavel Bure et Eric Lindros y sont parvenus, mais ils ont tous été ralentis par les blessures. Datsyuk, lui, n’a pas atteint le chiffre magique notamment parce qu’il est arrivé dans la LNH sur le tard (à 23 ans) et parce que les conflits de travail de 2004 et 2012 lui ont potentiellement coûté 116 matchs. De plus, à 38 ans, il est rentré en Russie pour y poursuivre sa carrière. Mais ses trois trophées Selke de suite suggèrent qu’il était, à son apogée, le meilleur attaquant défensif du circuit. Pendant ses 14 saisons dans la LNH, son différentiel de +249 a d’ailleurs constitué un sommet chez les attaquants. À moins que des membres du comité soient réticents à élire un Russe pour des raisons politiques, Datsyuk est le favori sur papier parmi les joueurs de première année.

Shea Weber

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Shea Weber

  • Défenseur
  • 589 points (224 buts, 365 aides) en 1038 matchs
  • Palmarès : deux médailles d’or olympiques, une médaille d’or au Championnat du monde

Comme Datsyuk, Weber n’a pas non plus atteint le volume habituellement requis pour les joueurs élus, en termes de matchs et de points. Ses 224 buts, par contre, sont dignes du Temple. Sauf que Weber s’est surtout distingué dans des aspects moins quantifiables comme le jeu défensif et le leadership. Ce n’est pas un hasard s’il a été capitaine des deux équipes avec lesquelles il a joué dans la LNH, les Predators de Nashville et le Canadien. Il a aussi longtemps été perçu comme un des défenseurs les plus difficiles à affronter. À défaut d’une Coupe Stanley, Weber a engrangé deux titres olympiques, chaque fois parmi les piliers d’Équipe Canada. Il n’a jamais gagné de trophée Norris, mais a fini deuxième à deux reprises ; les deux fois, il était à moins de 1 % du gagnant au scrutin. Son ancien DG David Poile fait partie du comité de sélection. S’il y en a un qui pourra vendre sa candidature, c’est bien lui. Tant qu’il passe rapidement sur la fois où il l’a échangé…

Patrick Marleau

PHOTO HARRISON BARDEN, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Patrick Marleau

  • Attaquant
  • 1197 points (566 buts, 631 aides) en 1779 matchs
  • Palmarès : deux médailles d’or olympiques, une médaille d’or au Championnat du monde

On se questionnait sur la longévité de Datsyuk et Weber. Avec Marleau, le problème inverse se pose : un joueur peut-il être admis sur la simple base d’un volume de matchs extraordinaire ? Son record de 1779 matchs disputés sera en effet dur à ignorer, mais du reste, il n’est jamais même passé proche d’être considéré parmi les meilleurs de son époque à sa position. Le fait d’avoir battu le mythique Gordie Howe pour les matchs joués pourrait bien lui valoir un buste, un jour, à Toronto. Mais pas dès l’an 1.

Jennifer Botterill

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Jennifer Botterill (à droite)

  • Attaquante
  • Palmarès : trois médailles d’or olympiques, cinq médailles d’or au Championnat du monde, deux titres de joueuse la plus utile au Championnat du monde

Ses trois titres olympiques, dont deux en tant que joueuse d’impact, devraient suffire pour son élection, mais elle attend néanmoins son tour depuis 10 ans. Le critère de « contribution générale au hockey en tant que sport » ne s’étend peut-être pas à la sphère médiatique, mais ses interventions au panel principal de Hockey Night in Canada depuis quelques années ajoutent à son legs.

Alexander Mogilny

PHOTO CHUCK STOODY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Alexander Mogilny

  • Attaquant
  • 1032 points (473 buts, 559 aides) en 990 matchs
  • Palmarès : une Coupe Stanley, une médaille d’or olympique, une médaille d’or au Championnat du monde, un trophée Lady-Byng

Statistiquement, il présente des arguments intéressants. Sa moyenne de 0,48 but par match est la 19e de l’histoire parmi les joueurs qui ont disputé plus de 800 matchs. Une partie de cette récolte a été engrangée pendant son épique saison de 76 buts, en 1992-1993. Le fait qu’il soit un gagnant de la Triple Couronne du hockey (Coupe Stanley, Jeux olympiques, Championnat du monde) milite également en sa faveur. L’autre argument coup de poing n’est pas chiffrable, mais il est devenu, en 1989, le premier joueur soviétique à faire défection pour venir jouer dans la LNH. Son exclusion du Temple jusqu’ici n’est visiblement pas liée à des raisons politiques, puisqu’il est admissible à une élection depuis 2009, bien avant l’agression de l’Ukraine par la Russie.

Rod Brind’Amour

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Rod Brind’Amour

  • Attaquant
  • 1184 points (452 buts, 732 aides) en 1484 matchs
  • Palmarès : une Coupe Stanley, une médaille d’or au Championnat du monde, deux trophées Selke

Une Coupe Stanley en tant que capitaine. Un des meilleurs attaquants défensifs de son époque. Des statistiques offensives impressionnantes. Trois présences en finale de la Coupe Stanley. On voit mal ce qui bloque Brind’Amour, mais il attend son tour depuis 2013. Ses détracteurs diront que son différentiel n’est pas digne des meilleurs attaquants défensifs, mais il faudrait leur rappeler qu’il a passé une bonne partie de sa carrière au sein des très instables Hurricanes de la Caroline. Brind’Amour vient en outre au troisième rang de l’histoire pour les mises en jeu (elles sont compilées depuis 1997) avec un taux de succès de 58,7 %. Seuls Yanic Perreault et Joe Nieuwendyk le devancent.

Rappel des règles

Pour être admissible, un joueur doit être inactif depuis trois ans. Son statut contractuel importe peu ; Chris Pronger détenait encore un contrat de la LNH quand il a été élu, une situation similaire à celle de Shea Weber cette année. Un candidat doit d’abord être présenté par un des 18 membres du comité de sélection. Il doit ensuite recueillir 75 % des voix, soit 14 votes parmi les 18 membres. Chaque année, un maximum de quatre joueurs masculins, deux joueuses féminines et deux bâtisseurs peuvent être admis.