Coup de théâtre à Laval : le Rocket aura un nouvel entraîneur-chef. Trois semaines après l’annonce d’une prolongation de contrat avec le club-école du Canadien, Jean-François Houle quitte ses fonctions.

Houle et le Rocket « mettent conjointement fin à leur association », dit l’équipe dans un communiqué, une version corroborée par Houle en entrevue avec La Presse.

Houle quitte son poste afin de retourner à l’Université Clarkson, son alma mater, où il deviendra entraîneur-chef du programme masculin.

« J’ai adoré mon séjour à Laval, a indiqué Houle, au bout du fil. Le Canadien m’a toujours bien traité. Et je suis très heureux de retourner à Clarkson. »

C’est toujours spécial d’être coach du programme où tu as joué. Ça va me permettre de continuer à développer des joueurs.

Jean-François Houle, à propos de son nouvel emploi à l’Université Clarkson

Ce poste à Clarkson vient tout juste de se libérer. Casey Jones, qui l’occupait, a été embauché par l’Université Cornell, son alma mater, où il sera entraîneur associé pour la saison à venir. Il succédera ensuite à Mike Schafer, qui dirigeait Cornell depuis 1995. Cette situation explique le moment plutôt particulier du départ de Houle.

Quelle a été la réaction de John Sedgwick, directeur général du Rocket, quand Houle a évoqué la possibilité de quitter son poste ?

« J’ai une super bonne relation avec le Canadien, affirme Houle. Mais c’était quelque chose d’important pour moi et ma famille. Ils ont compris l’importance que ça avait pour moi. C’est pour ça qu’ils ont donné l’autorisation à Clarkson de me parler. Je leur en suis très reconnaissant. »

Une rétrogradation ?

Houle a passé les trois dernières années à la barre du Rocket. Son poste impliquait cependant une dynamique familiale particulière. Sa fille de 21 ans étudiait à l’université en Californie, son fils de 20 ans est quant à lui inscrit à l’Université d’État de New York à Potsdam, établissement voisin de Clarkson, d’ailleurs. Et les fins de semaine où le Rocket jouait à domicile, sa conjointe venait des États-Unis avec leur fille de 7 ans pour passer du temps à Laval.

Au bilan de fin de saison du Rocket, Houle avait souligné l’importance du temps en famille pendant la saison morte. « [Conduire] ma fille à l’école, aller la chercher, aller à la pêche avec elle », avait-il énuméré.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

En 2021, Jean-François Houle avec les recrues du Canadien de Montréal à Brossard

Houle assure toutefois que ce nouveau poste vient lui aussi avec des obligations. « Les deux jobs sont très exigeantes. La NCAA l’est même peut-être plus, parce que tu dois faire du recrutement et t’occuper des anciens. Mais côté familial, ma famille était heureuse à Laval et elle le sera à Clarkson. Ça n’a pas pesé dans la balance. »

Dans ces circonstances, il est donc particulier qu’un entraîneur quitte la Ligue américaine, d’où la LNH est généralement plus accessible que dans les rangs universitaires.

Tous les coachs ont un cheminement différent. Le mien est vraiment différent de plusieurs autres coachs.

Jean-François Houle

« Pour moi, retourner à l’université ne change pas grand-chose. Je reste coach, je continue à développer des joueurs. Le côté académique est différent, mais je garde des contacts avec des agents, avec des gens du milieu professionnel. »

Se sentait-il bloqué à Montréal, où Martin St-Louis semble bien en selle ? « Non. On était bien à Laval. Montréal m’a toujours bien traité. Tu peux quand même monter dans la LNH à partir de la NCAA. Personne ne te retient et ce n’est pas un rêve que j’abandonne. Mais retourner coacher où j’ai joué, c’est spécial. »

Quel successeur ?

Le Rocket devait trouver un adjoint pour remplacer Kelly Buchberger, mais voilà que l’équipe devra d’abord trouver un entraîneur-chef.

Il sera intéressant de voir dans quelle cour l’équipe pigera. L’administration Hughes-Gorton en sera à une première embauche dans la Ligue américaine, puisqu’elle avait hérité de Houle, engagé par Marc Bergevin.

Il serait logique que la capacité à développer des joueurs soit un critère essentiel. Après tout, le club-école pourrait fort bien amorcer la saison avec un ou deux défenseurs parmi David Reinbacher, Lane Hutson et Logan Mailloux, tous vus comme de très bons espoirs. C’est sans oublier Owen Beck et Sean Farrell à l’avant, de même que Joshua Roy, s’il est incapable de gagner un poste à Montréal.

Dans la LHJMQ, Sylvain Favreau est le nom qui fera le plus jaser. Le Franco-Ontarien de 46 ans vient de mener les Voltigeurs à une participation à la Coupe Memorial, à sa première année à Drummondville. En 2023, il avait mené les Mooseheads d’Halifax à la finale du trophée Gilles-Courteau. Favreau a en outre un pied chez Hockey Canada par sa participation à la Coupe Hlinka-Gretzky, ce qui ne nuit jamais à un entraîneur qui souhaite grimper les échelons.

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

L’entraîneur-chef des Remparts de Québec, Éric Veilleux

À 52 ans, Éric Veilleux, entraîneur-chef des Remparts, a déjà huit ans d’expérience chez les pros derrière la cravate, principalement dans la Ligue américaine.

Louis Robitaille, 42 ans, vient de mener les Eagles du Cap-Breton à une présence en demi-finale des séries de la LHJMQ. Le Canadien avait rencontré Robitaille à l’été 2021 afin de trouver un successeur à Joël Bouchard, mais avait finalement opté pour Jean-François Houle.

Carl Mallette, 42 ans, possède une expérience semblable à celle de Favreau dans la LHJMQ, et a lui aussi bossé pour Hockey Canada, mais au niveau U17.

À l’interne, il faudra voir si Alex Burrows ou Stéphane Robidas, adjoints de Martin St-Louis à Montréal, souhaiteront tenter leur chance comme entraîneurs en chef dans la Ligue américaine.

Une telle décision implique cependant de sacrifier le confort de la LNH pour faire avancer une carrière à coups de trajets d’autocar vers Utica, Belleville et Wilkes-Barre, des villes aussi connues comme les perles de l’Amérique.

Pascal Vincent s’est imposé ce rythme de vie de 2016 à 2021 chez le Moose du Manitoba. Fraîchement congédié après un an comme entraîneur-chef à Columbus, souhaitera-t-il refaire ses classes dans l’antichambre de la LNH ?

Le moment choisi pour se mettre à la recherche d’un entraîneur-chef n’est pas idéal, deux mois après la fin de la saison. Mais il reste néanmoins plusieurs options sur la table.