Après les yeux de Maurice Richard, il faudra bien parler de ceux de Corey Perry. Plus précisément de ses yeux après son but mis en scène par Connor McDavid, parce que c’étaient essentiellement les yeux de tout amateur de hockey rivé devant son téléviseur, mardi.

Perry a inscrit le but gagnant d’une victoire plus compliquée qu’anticipé, mais qu’importe. Les Oilers l’ont emporté 5-3, dans le cinquième match de la finale, pour réduire l’avance des Panthers à 3-2. Pour une deuxième rencontre de suite, Edmonton a donc repoussé l’élimination, et les Panthers devront maintenant en découdre de nouveau avec la bruyante foule de la Rogers Place, vendredi.

Le but, d’abord. McDavid a manœuvré avec un mélange d’agilité et de vitesse que lui seul possède, afin de se dégager pour faire la passe à Perry. Si jamais le défenseur Niko Mikkola doit se faire remplacer une hanche un bon jour, il pourra refiler la facture à l’assureur de McDavid.

C’est pourquoi Perry a jeté ce long regard ébahi vers le numéro 97, qui venait rejoindre ses coéquipiers pour célébrer le but.

PHOTO SAM NAVARRO, USA TODAY SPORTS, FOURNIE PAR REUTERS

Corey Perry (90)

C’était là un des faits saillants d’une autre banale soirée de quatre points (deux buts, deux aides) pour le capitaine des Oilers. Banale parce que c’est sa deuxième performance de quatre points de suite, comme si c’était devenu son nouveau standard. Le voici à 42 points depuis le début des séries. Seuls des dénommés Gretzky et Lemieux (pas Brent ni Jocelyn) en ont déjà obtenu plus lors d’un tournoi éliminatoire. Si cette finale devait se jouer en sept matchs, le record de 47 points de Gretzky serait atteignable.

Avec ces deux performances, McDavid compte maintenant 23 points en 12 matchs depuis le début de sa carrière dans les matchs où les Oilers risquent l’élimination. Un jour, il faudra inventer un mot pour décrire ses exploits.

Que les Oilers gagnent ou perdent, il deviendra de plus en plus difficile de ne pas voter pour McDavid pour le trophée Conn-Smythe, d’autant plus que le principal candidat des Panthers, Sergei Bobrovsky, est à court de miracles depuis deux matchs. Celui qui est surnommé « Bob » a accordé 9 buts sur 39 tirs dans les matchs 4 et 5.

PHOTO JIM RASSOL, USA TODAY SPORTS, FOURNIE PAR REUTERS

Sergei Bobrovsky (72)

Difficile de le blâmer quand McDavid se transforme en sorcier. Sauf que le portier russe nourrit lui-même la bête avec les déchets techniques dans son jeu, comme la protection du bas de son filet sur le troisième but des Oilers.

McDavid brille offensivement, mais se distingue aussi dans les autres facettes du jeu, tantôt en gagnant une bataille contre Aleksander Barkov le long de la rampe, tantôt en se repliant à toute vitesse pour soulever un bâton adverse et annuler une attaque.

La candidature de McDavid est d’autant plus difficile à ignorer que son fidèle acolyte de toujours ne joue assurément pas à 100 % de ses capacités. Leon Draisaitl ne compte que deux aides en cinq matchs en finale et malgré un temps de jeu de 22 minutes mardi, on a à peine noté son impact.

Le réveil de Tkachuk

Pour revenir sur le thème des yeux, on peut aussi parler de ceux de Bill Zito. Épié par les caméras de Sportsnet en fin de match, au moment où c’était 4-3 Oilers, le directeur général des Panthers paraissait au bord de la crise de nerfs.

Le jeu de Bobrovsky peut bien être une source de stress pour le DG. À la ligne bleue, Brandon Montour n’a pas non plus connu son meilleur match. Connor Brown, vaillant employé de soutien chez les Oilers, lui en a donné pour son rhume en première période. C’est d’ailleurs une passe de Montour que Brown a interceptée pour se pousser en échappée et ouvrir la marque.

Si Zito et les Floridiens cherchent une source d’espoir, ils peuvent toutefois se tourner vers Matthew Tkachuk. Le mâle alpha des Panthers ne connaissait pas nécessairement une grande finale jusqu’ici, mais son but inscrit en milieu de match l’a visiblement relancé. Dès lors, Tkachuk a été de tous les combats et a fini sa soirée avec deux points, quatre tirs et six mises en échec. C’est d’ailleurs lui qui a sonné le réveil des siens quand les Albertains menaient 3-0 et avaient coupé les jambes des Panthers. C’est aussi lui qui a préparé le troisième but des siens, resserrant le pointage à 4-3.

PHOTO JIM RASSOL, USA TODAY SPORTS, FOURNIE PAR REUTERS

Matthew Tkachuk (19)

Son plongeon en fin de match pour empêcher un but dans un filet désert fait également partie de ses faits saillants du jour, mais son coéquipier Oliver Ekman-Larsson a carrément arrêté de jouer, offrant à McDavid le but d’assurance sans l’inquiéter. Zito pouvait bien colérer dans sa loge.

Les Panthers auront besoin de tout ce que Tkachuk peut offrir, surtout pour déranger Stuart Skinner. Le gardien des Oilers a retrouvé sa superbe, au point où il hoche la tête au son de la musique pendant les arrêts, une pratique pas mal plus commune au basketball qu’au hockey. Sam Bennett a bien tenté de le déranger en le faisant trébucher dans la peinture bleue, mais ça n’a pas fonctionné. Il a fallu deux tirs imparables pour le déjouer, de même qu’une rondelle bondissante au terme d’une présence brouillonne des Oilers dans leur territoire.

Quelqu’un chez les Panthers devra se lever, parce que dans le camp adverse, le 97 a décidé que cette finale allait se prolonger.