(Bromont) Au moment où vous lirez ces lignes, les joueurs de 30 des 32 équipes de la LNH ont tout le temps du monde pour jouer au golf, se marier en Italie ou regarder la finale des Chefs!

Membre du Canadien, Joshua Roy entre donc dans cette catégorie tristement populaire, ce qui peut expliquer pourquoi il est apparu rayonnant dans la grisaille, lundi matin, à l’occasion d’un tournoi de golf caritatif organisé par la Fondation l’Originale.

« J’ai pris un bon mois off depuis la fin de la saison, donc je joue au golf presque chaque jour. Ça devrait bien aller ! », a lancé le jeune ailier du Canadien, en mêlée de presse avant le départ.

Les vacances tirent toutefois à leur fin. Lundi, Roy s’élançait sur les verts ; ce mardi, il sera attendu au Complexe sportif CN pour le début plus officiel de son entraînement estival. « Je me suis pris un loft, je vais rester là. Ça fait deux étés que je suis là et j’aime bien ça, donc je vais continuer », décrit-il.

C’est donc dans les installations du Canadien qu’il retrouvera la forme, une pratique recommandée par la maison. « C’est le fun. Tu crées une chimie avec les gars, décrit-il. L’an passé, je n’étais pas encore dans l’équipe, mais juste de côtoyer les gars, les entraîneurs, le personnel… Ça aide une fois arrivé au camp. »

La compétition est là chaque jour. C’est mieux que de retourner chez vous et patiner avec des gars du junior. T’entraîner tout l’été avec des gars de la LNH, c’est bon pour ton développement.

Joshua Roy

Roy vient de connaître une première année professionnelle plutôt réussie. Productif à Laval (32 points en 41 matchs), il a donc eu droit à une audition de 23 rencontres à Montréal, audition interrompue par une blessure à la main droite.

Une année enrichissante, mais également épuisante. « On joue beaucoup de matchs en peu de temps et c’est beaucoup de voyagement, en avion dans la Ligue nationale ou dans le bus dans la Ligue américaine. C’est vraiment demandant. C’est beaucoup moins facile que le junior quand tu es épuisé. »

Membre du Phœnix de Sherbrooke, il avait en effet la chance de compter sur plusieurs rivaux de division (Drummondville, Victoriaville, Shawinigan) dans un rayon de deux heures ou moins de route. Tout le contraire du Rocket, dont l’adversaire le plus proche, Belleville, est situé à trois heures de route.

C’est pourquoi il a jugé bon de s’accorder une « pause mentale » au terme de la saison. « Mentalement et physiquement, ça fait du bien. […] Ce n’est pas que ça n’allait pas bien. C’est juste de me changer les idées. Là, j’ai vraiment hâte de recommencer, donc ça a fait du bien de décrocher et de faire autre chose que le hockey. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Joshua Roy

Un poste à gagner

Ça a souvent été dit, mais le Canadien ne regorge pas d’espoirs de haut niveau à l’attaque.

Le développement de Filip Mesar (1er tour, 2022) piétine, et Sean Farrell (4tour, 2020) n’a pas connu les débuts professionnels escomptés. Oliver Kapanen (2tour, 2021) vient de s’entendre avec l’équipe, mais tout indique qu’il passera la prochaine saison en Europe.

Owen Beck (2tour, 2022) et Luke Tuch (2tour, 2020) disputeront leur première saison chez les pros en 2024-2025, mais leur potentiel offensif semble limité. Idem pour Emil Heineman (obtenu dans une transaction). Ces trois joueurs ont toutefois en commun de pratiquer un style qui s’intégrerait bien à un quatrième trio.

Ce n’est pas le cas de Roy, ce style de joueur dont on dit qu’il doit absolument jouer au sein des trois premiers trios afin d’aider l’équipe, car son identité cadre plus ou moins avec celle des quatrièmes trios tels qu’on les connaît dans la LNH.

Il a disputé chacun de ses 23 matchs au sein des deuxième et troisième trios la saison dernière, avec comme centres tantôt Alex Newhook, tantôt Sean Monahan.

Le défi de Joshua Roy consistera maintenant à prouver qu’il peut occuper ce rôle dès le début de la saison, dans un effectif en santé. Les blessures à Kirby Dach et à Christian Dvorak, même s’ils sont des centres, ont ouvert le jeu pour des candidats inattendus.

Dans une formation en santé, on peut présumer que Dach, Newhook, Nick Suzuki, Cole Caufield, Juraj Slafkovsky et Joel Armia ont leur place dans ces trois premiers trios. Voilà six postes de pris. Où cadreront les hauts salariés Brendan Gallagher, Josh Anderson et Dvorak ? Rafaël Harvey-Pinard pourra-t-il rebondir après une saison moins éclatante ? Et surtout, Kent Hughes conclura-t-il une transaction pour obtenir un attaquant, comme il l’a fait lors des deux derniers étés ?

En connaissant un bon camp, Roy aura la chance d’ajouter une couche de complications au casse-tête. Se voit-il déjà comme un joueur de la LNH ?

« Ce sera à moi de prouver que je suis capable. En arrivant au camp, j’aurai eu un gros été d’entraînement et je serai prêt. Mon but, c’est de faire ma place pour avoir un poste », dit-il.

Jouer dans le top 9, « c’est ça, l’objectif. Je vais mettre toutes les chances de mon côté avec un gros été d’entraînement et il arrivera ce qu’il arrivera. Je ne suis pas inquiet, ils vont prendre la bonne décision pour moi. Mais ma mentalité est de faire ma place ».