Plusieurs équipes de la LNH cherchent désespérément un gardien à l’aube du repêchage, un moment propice pour les échanges.

Les Devils du New Jersey, les Kings de Los Angeles, les Maple Leafs de Toronto, les Red Wings de Detroit, les Sénateurs d’Ottawa et l’Avalanche du Colorado ne cracheraient pas sur un bon gardien d’expérience.

Il y en a justement plusieurs sur le marché : Linus Ullmark à Boston, Jacob Markstrom à Calgary, Juuse Saros à Nashville et John Gibson à Anaheim.

Un club craquera-t-il et cédera-t-il un choix de premier tour et, ou, un espoir, pour obtenir du renfort à cette position ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Premier constat à faire : la plupart des meilleurs gardiens de la LNH ont été repêchés et développés par leurs organisations. C’est le cas des Connor Hellebuyck, Igor Shesterkin, Andrei Vasilevskiy, Thatcher Demko, Juuse Saros, Jeremy Swayman et Ilya Sorokin. Sergei Bobrovsky, acquis sur le marché des joueurs autonomes moyennant 10 millions par saison, constitue une rare exception.

Voyons maintenant les échanges d’importance pour acquérir des gardiens dans la dernière quinzaine d’années. En juillet 2021, le Colorado a cédé un choix de premier tour en 2022 et le jeune défenseur Conor Timmins pour Darcy Kuemper, 31 ans, dont il restait seulement une année de contrat. Sans être extraordinaire, Kuemper a connu de bonnes séries éliminatoires et l’Avalanche a remporté la Coupe Stanley.

Le choix cédé aux Coyotes de l’Arizona a donc chuté au 32rang en raison de ce triomphe. Timmins tente encore à bientôt 26 ans de s’établir dans la LNH, mais les blessures n’ont pas aidé. Kuemper est resté seulement un an à Denver, avant de profiter de son autonomie complète, mais le pari a réussi à court terme.

Antti Raanta représentait un solide auxiliaire à Henrik Lundqvist à New York en 2017 lorsque le DG des Coyotes, John Chayka, a cédé son choix de premier tour, septième au total, et un jeune Tony DeAngelo, pour l’obtenir avec le centre Derek Stepan. Raanta, 28 ans au moment de l’échange, a connu une grosse saison en Arizona, mais les blessures l’ont rattrapé.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Antti Raanta

Les Rangers n’ont pas profité de cette belle occasion de mettre la main sur un joueur de premier plan puisqu’ils ont repêché Lias Andersson, devant Casey Mittelstadt, Owen Tippett, Gabriel Vilardi, Martin Necas et Nick Suzuki, entre autres. Les Coyotes en auraient-ils choisi un parmi ceux-là ?

La transaction aurait pu être avisée si l’Arizona avait eu une formation prête à rivaliser avec les meilleures équipes, mais Chayka a été un peu trop pressé à faire grandir son club.

Les Sharks de San Jose ont eux aussi cédé un choix de premier tour de 2016 aux Bruins de Boston, en 2015, pour obtenir Martin Jones. Celui-ci n’a jamais été considéré parmi l’élite, mais il a donné six bonnes saisons aux puissants Sharks. Ceux-ci ont atteint la finale dès la première saison de Jones en Californie, de sorte que le choix de premier tour a été refoulé au 31rang. Boston a opté pour Trent Frederic.

En 2011, l’Avalanche du Colorado, probablement les plus actifs dans la recherche d’un gardien au 21siècle, a cédé son choix de premier tour en 2012 pour Semyon Varlamov des Capitals de Washington. Varlamov, âgé de seulement 23 ans et un choix de premier tour, était coincé derrière Braden Holtby à l’époque. Washington a hérité du douzième choix au total et repêché Filip Forsberg, mais Varlamov a donné une belle saison à l’Avalanche.

En 2012, les Blue Jackets ont réalisé un vol en obtenant des Flyers un jeune Sergei Bobrovsky, 23 ans, confiné au rôle d’auxiliaire derrière Ilya Bryzgalov, pour un choix de deuxième tour et deux choix de quatrième tour. Bobrovsky a joué sept ans à Columbus et gagné le Vézina avec les Blue Jackets en 2013 et 2017.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Sergei Bobrovsky

Robin Lehner a coûté un choix de premier tour aux Sabres, 21e au total, le 26 juin 2015. Lehner avait 24 ans lorsqu’il a été obtenu des Sénateurs. Il a joué trois ans à Buffalo. On apprendra plus tard qu’il a été aux prises avec des problèmes de santé mentale, mais il n’a pas été vilain pour les Sabres. Ce club n’était néanmoins pas outillé pour progresser au classement.

Le lendemain de cet échange, le nouveau DG des Oilers obtenait Cam Talbot, 28 ans, moyennant des choix de deuxième et troisième tours aux Rangers. Talbot a été solide pendant trois ans à Edmonton, ses coéquipiers beaucoup moins. Mais on peut parler d’un pari réussi compte tenu du prix.

En bref, le dossier des gardiens demeurera toujours un peu complexe. Un club puissant comme l’Avalanche ou les Maple Leafs peut se permettre de céder un choix de fin de premier tour au repêchage pour un gardien dont il reste moins de deux ans de contrat comme Saros, Ullmark ou Markstrom.

On le déconseille aux Kings, aux Devils ou, surtout, aux Sénateurs. On leur suggère plutôt d’aller à la pêche pour un gardien dans la mi-vingtaine de qualité coincé derrière un numéro un.

Dubois candidat à un rachat ? Peu probable…

Pierre-Luc Dubois vient au premier rang de la liste des candidats à un rachat de contrat, selon l’analyste de TSN, Frank Seravalli. Dubois, 25 ans, touchera en moyenne 8,5 millions au cours des sept prochaines années. Il a obtenu 40 points, dont 16 buts, l’hiver dernier à sa première année de contrat, après avoir été obtenu à gros prix pour Gabriel Vilardi, Alex Iafallo, Rasmus Kupari et un choix de deuxième tour en 2024.

PHOTO PERRY NELSON, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Pierre-Luc Dubois (80)

Même si le DG Rob Blake a déclaré qu’il n’y songe pas, Seravalli affirme qu’il s’agit de maintenant ou jamais. Il s’agit en effet du dernier été où les Kings pourront économiser 66 % du salaire qu’on lui doit (hormis les bonis), avant le 26anniversaire de Dubois. On réglerait la note en lui versant 27,3 millions sur les 59,5 millions restants, une économie de plus de 31 millions.

Mais compte tenu du jeune âge de Dubois, de celui du centre numéro un Anze Kopitar, bientôt 37  ans, du manque de relève au centre, des saisons de plus de 60 points de Dubois avant son arrivée à Los Angeles et du prix pour l’acquérir, il serait étonnant qu’on procède à un rachat, quoiqu’en dise Seravalli.