(Sunrise) « C’est juste un match… »

On aurait pu s’attendre de la part de Matthew Tkachuk à un peu plus d’exubérance et d’enthousiasme après ce premier match presque parfait pour son club, mais non. L’attaquant des Panthers avait l’air assez détaché, presque désabusé du résultat.

Et pourtant, avec cette victoire sans appel de 3-0 ici à Sunrise, les Panthers ont fait deux choses. D’abord, et ce n’est pas banal, ils ont pris une avance de 1-0 dans cette finale de la Coupe Stanley face aux Oilers d’Edmonton. Ensuite, ils ont gagné de manière à jeter le doute dans la tête de l’adversaire.

PHOTO JIM RASSOL, USA TODAY SPORTS

Connor McDavid tente de déjouer Sergei Bobrovsky.

À ce sujet, on peut résumer ce samedi soir en Floride par un seul nom : Bobby, Bobby, Bobby ! Ça, c’est Sergei Bobrovsky, et c’est son surnom que les partisans en rouge ont hurlé de joie comme ça à plusieurs reprises lors de cette soirée, à mesure que le gardien des Panthers enfilait les arrêts, sur les genoux, debout, et parfois même sur le dos, pour mener à un blanchissage tout à fait spectaculaire sur 32 arrêts.

« Il a tout ce qu’on veut de la part d’un coéquipier, a ajouté Tkachuk. Surtout d’un gardien. »

En arrivant à l’aréna quelques heures plus tôt, les cheveux gommés par-derrière, Bobrovsky avait l’air d’un homme en mission, incapable de même regarder ensuite la Coupe Stanley qui avait été déposée sur la glace avant la présentation des joueurs.

Les petits miracles ont ensuite commencé, un à un, et dans les gradins, en plus de scander son nom, les fans se sont mis à hurler qu’ils voulaient la Coupe.

Tout le monde l’a très bien entendu, y compris le gardien.

« Chaque victoire est une grosse victoire, a expliqué Bobrovsky dans son anglais laborieux. Mais c’est aussi une longue série, alors on va se repréparer, on va se reconcentrer, et on va se préparer pour la prochaine bagarre.

« Ils ont une bonne équipe, ils ont une bonne équipe offensive, et j’ai trouvé qu’on avait très bien protégé le devant du filet et les zones dangereuses. Ç’a été un très bon défi, ç’a été un bon match, et il y a encore beaucoup de hockey à disputer. »

Les Oilers doivent sans doute espérer la même chose, eux qui ont semblé rouillés par moments.

Les fans pouvaient bien hurler le nom du gardien, mais si les Oilers avaient pu mieux cadrer quelques tirs, s’ils avaient pu faire fonctionner leur avantage numérique, d’ordinaire pas mal plus efficace – 0 en 3 samedi soir –, sans doute que le résultat aurait pu être différent.

Sans doute aussi que les Oilers peuvent se regarder un peu dans le miroir de la honte, Corey Perry le premier, lui qui a carrément privé son club d’un but en effectuant un arrêt à la place de Bobrovsky en deuxième période.

Connor McDavid, lui, ne semblait pas trop défait dans le vestiaire, malgré cette solide coupure qui ornait son menton.

« Peut-être que les dieux du hockey voulaient nous punir pour ce match numéro six contre Dallas, a-t-il expliqué, alors qu’on ne méritait pas de gagner. Cette fois, peut-être qu’on méritait au moins un but, peut-être deux, et on n’a pas trouvé une façon. »

« Je sais que ce groupe va se retrousser les manches et va être de retour. On retire une certaine fierté, toujours, quand on est en mesure de faire ça. Alors on va se préparer pour un gros match lundi. »

PHOTO SAM NAVARRO, USA TODAY SPORTS

Eetu Luostarinen (27) a marqué dans un filet désert à la fin du match.

Pendant que les partisans des Panthers sortaient dans la nuit floridienne en hurlant, encore, qu’ils voulaient la Coupe, les Oilers, eux, ne semblaient pas trop abattus dans leur très petit vestiaire.

« Il y a beaucoup de bon à retenir de ce match, pour être bien honnête, a ajouté McDavid. J’ai l’impression qu’on a eu plusieurs bonnes occasions, et [Bobrovsky] n’a pas donné grand-chose. Ce qu’on leur a donné, par contre, c’est des occasions dangereuses, et ils en ont profité, comme le font les bonnes équipes. »

McDavid a ajouté que lui et les Oilers savaient à quoi s’attendre de la part de ces Panthers, qu’ils avaient déjà vu tout ça « à la télé », mais samedi soir, sur place, ils ont pu observer autre chose. Ils ont pu observer un aréna soudainement très bruyant après des années de silence, et ils ont pu constater que ces Panthers-là ne sont pas là où ils sont par hasard.

Le capitaine des Oilers a quand même trouvé le moyen de sourire un peu. Après tout, ce n’est qu’un match…