(Buffalo) Des espoirs de premier plan repêchés après un an dans la NCAA, ça arrive. Mais de la façon dont Macklin Celebrini s’y est pris, ça arrive moins souvent.

À moins d’un cataclysme, Celebrini deviendra le 28 juin prochain le premier de classe de ce repêchage 2024. S’il n’est pas attendu comme un talent aussi exceptionnel que son prédécesseur, Connor Bedard, son parcours, lui, n’est pas moins exceptionnel.

Sa particularité ? Il a joué dans la NCAA à 17 ans. On s’explique.

Le 1er choix en 2021, Owen Power, de même que Jack Eichel (2rang, 2015), Matty Beniers (2rang, 2021) et Adam Fantilli (3choix l’an passé) ont tous joué dans les rangs universitaires la saison précédant leur repêchage.

Mais ces joueurs ont tous en commun d’être nés après le 15 septembre, soit la date qui détermine l’admissibilité au repêchage. Ils sont ce qu’on appelle communément des « late », soit des joueurs qui sont repêchés à 18 ans, à quelques mois de leurs 19 ans. Ce qui signifie qu’ils avaient 18 ans lors de leur première saison au collège.

Celebrini, lui, est né le 13 juin. C’est donc dire qu’il a disputé l’ensemble de sa saison universitaire à 17 ans, ce qui est rare. Le site QuantHockey ne répertorie que 24 joueurs de 17 ans dans la NCAA au fil des ans, une liste qui comporte notamment Jonathan Toews, Zach Werenski et l’ancien espoir du CH Ryan Poehling.

Celebrini est de loin le plus productif de cette liste. Il a terminé la saison en tant que troisième marqueur de la NCAA avec 64 points (32 buts, 32 passes) en 38 matchs, avec Boston University. Or, rappelons que l’âge moyen des équipes de Division I de la NCAA cette saison variait entre 20 ans et 9 mois et 23 ans et 2 mois*.

Sa décision de tenter sa chance à l’université à 17 ans « était principalement basée sur le hockey », a-t-il expliqué dans un point de presse réservé à cinq des meilleurs espoirs, vendredi. « Je sentais que le niveau de jeu allait m’aider à m’améliorer. »

Sur le plan scolaire, cependant, Celebrini a dû faire, dans les mots d’André Ruel, de l’agence CAA, qui le représente, « deux années en une » afin de pouvoir être admis. « Pendant que je jouais pour le Steel de Chicago [en 2022-2023], j’ai dû suivre plein de cours de 11e et 12années afin d’obtenir tous mes crédits. Mais du reste, ce n’était pas tant de travail », a expliqué l’adolescent.

Côté hockey, c’est Michael Hage, un espoir du repêchage de 2024 qui a joué avec lui à Chicago, qui a le mieux expliqué la situation. « Avec ce qu’il a fait à sa première année, il n’avait rien à gagner à revenir dans l’USHL avec le Steel », nous a expliqué Hage.

À 16 ans, Celebrini avait en effet terminé au 1er rang du circuit junior américain pour les buts (46) et les points (86), et ce, en 50 matchs.

Un futur Shark

Avec de tels exploits, le Vancouvérois s’est imposé comme le choix consensuel au 1er rang de la cuvée 2024.

Or, il a habilement évité le piège de se présenter comme un futur membre des Sharks, et ce, malgré des questions fortement orientées en ce sens. « Au bout du compte, on ne sait jamais ce qui va se passer », a-t-il souligné.

Il a certes concédé avoir cassé la croûte avec Mike Grier, directeur général des Sharks, mais sans plus.

La question la plus piégée a été celle d’un collègue lui demandant s’il était soulagé de compter Will Smith parmi ses coéquipiers. C’est que Smith, un espoir des Sharks, portait les couleurs de Boston College la saison dernière, un des grands rivaux de Boston University. Ce même Smith a confirmé, fin mai, qu’il quittait les bancs d’école et signait un contrat avec les Sharks.

« Ce n’est pas plaisant de l’affronter, a convenu Celebrini. C’est un joueur spécial, super talentueux. Chaque fois qu’on l’affrontait, il nous faisait mal. » Bref, pas une ligne sur la perspective d’être son coéquipier.

Mais à moins d’une blessure, il y a fort à parier que Smith et Celebrini vivront leur baptême de la LNH dans l’ancien uniforme de Pat Falloon quelque part en octobre prochain.

* Source : College Hockey News

En bref

Le charisme sans les mots

Un dirigeant du Canadien nous avait prévenu. « Ce gars-là est tout un personnage. On dirait qu’il n’a jamais eu une mauvaise journée de sa vie. » Il était question d’Artyom Levshunov, défenseur à Michigan State pressenti pour faire partie des trois premiers joueurs repêchés. Les journalistes qui assistaient au point de presse de vendredi ont vite eu une idée de ce charisme. Levshunov s’est présenté au podium en compagnie d’un autre espoir, Zeev Buium ; quand le modérateur a présenté Levshunov aux médias, ce dernier a aussitôt agité les bras pour nous faire de grandes salutations, comme s’il voulait s’assurer que personne ne le confonde avec son collègue. Cela dit, le Biélorusse a offert des réponses relativement courtes, possiblement en raison de la barrière de la langue. Même s’il joue en Amérique du Nord depuis deux saisons, son anglais demeure hésitant. Il a tout de même révélé avoir soupé avec les Blackhawks de Chicago, détenteurs du 2choix.

Les conseils d’Owen Beck

Auteur d’une saison sensationnelle à Saginaw, Zayne Parekh est un autre nom qui fait jaser cette semaine. Ses 33 buts et ses 96 points en 63 matchs sont d’autant plus impressionnants que l’Ontarien joue à la position de défenseur. Une sélection dans le top 10 est certainement une possibilité pour lui. Parekh est par ailleurs débarqué à Buffalo en tant que champion de la Coupe Memorial, puisqu’il porte les couleurs du Spirit de Saginaw. C’est d’ailleurs là qu’il a fait la connaissance d’Owen Beck, espoir du Canadien échangé à Saginaw en janvier. Parekh a indiqué avoir contacté quelques coéquipiers pour se préparer pour ce camp d’évaluation, dont Beck. « Ils m’ont tous dit la même chose : les équipes seront sur ton cas, elles vont poser des questions difficiles et elles veulent juste voir comment tu vas répondre. Sois confiant et exprime-toi », a-t-il résumé.

Des espoirs difficiles d’accès

Cette édition du camp d’évaluation a ceci de particulier que les meilleurs espoirs sont plus difficiles à contacter que ceux des dernières années. En 2022, La Presse avait pu rencontrer plutôt facilement Shane Wright, Logan Cooley et Juraj Slafkovsky, trois des quatre meilleurs espoirs – sur papier – de cette cuvée. Cette année, les représentants de Macklin Celebrini ont fait savoir qu’il n’accorderait pas d’entrevues individuelles. Idem pour Tij Iginla, le fils de Jarome, un attaquant qui divise les analystes, mais qui devrait aboutir quelque part en première moitié du premier tour. À cela s’ajoute le silence radio autour de l’attaquant Beckett Sennecke. Et les deux meilleurs espoirs européens selon la Centrale de recrutement, Anton Silayev et Ivan Demidov, sont russes et jouent dans leur pays, ce qui vient toujours avec un certain degré d’opacité quand vient le temps d’organiser des entrevues. Cela dit, les autres espoirs, notamment ceux du Québec, ont répondu comme à l’habitude et ces entrevues ont pu s’organiser sans anicroche.