Diriger une équipe de la Ligue américaine est en quelque sorte un éternel recommencement, où se succèdent exaltations, tempêtes et mouvements de personnel.

En trois ans derrière le banc du Rocket de Laval, Jean-François Houle a vécu son lot de hauts et de bas. Il sentait toutefois qu’il lui restait encore du travail à accomplir. « C’était important pour moi de finir de bien développer les joueurs qui sont ici présentement et ceux à venir. Je voulais rester avec le Canadien de Montréal », a-t-il expliqué, mercredi, en point de presse virtuel.

Si le Québécois s’exprimait ainsi, c’est parce qu’il a signé une prolongation de contrat de trois ans. En l’annonçant, en matinée, l’organisation avait aussi confirmé le retour de l’entraîneur adjoint Martin Laperrière, du spécialiste des gardiens Marco Marciano et de l’entraîneur vidéo Charles Juneau.

La nouvelle s’est néanmoins fait attendre, considérant que le Rocket a disputé son dernier match le 20 avril. Avant même la fin de la saison, Houle avait exprimé le souhait de garder son poste. Les semaines qui passaient sans mise à jour laissaient croire que l’aventure était peut-être terminée à Laval pour cet entraîneur très apprécié de ses joueurs.

Or, le principal concerné assure avoir toujours senti qu’il avait la « confiance de l’organisation ».

John Sedgwick, directeur général du Rocket et bras droit du DG Kent Hughes à Montréal, est resté en communication constante avec lui. Les deux se sont parlé régulièrement, « aux deux jours », dixit Houle. Au cours de leurs multiples conversations, ils ont procédé à « une évaluation approfondie » des joueurs et du personnel. « Ç’a été une bonne chose pour lui et pour moi », estime l’entraîneur, a posteriori.

Peut-être les négociations ont-elles « pris un peu de temps, pour [son] bien et pour celui de [ses] adjoints », mais « ça fait partie du hockey professionnel », a-t-il ajouté.

« Je suis content de la manière dont tout est tombé en place. »

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John Sedgwick, directeur général du Rocket et bras droit du DG Kent Hughes à Montréal

Même si, au bilan de fin de saison, le pilote de 49 ans avait avoué caresser le souhait d’un jour diriger une équipe de la LNH, il n’a pas cherché de boulot ailleurs, a-t-il assuré. Son rêve est toujours vivant – « tous les entraîneurs ont un chemin différent, je suis un homme patient » –, mais pour l’heure, il ne se voyait pas ailleurs qu’à Laval. Il assure être pleinement heureux dans la famille du Tricolore, une organisation « sur le bon chemin ».

Développement

Théoriquement, tous les entraîneurs de la Ligue américaine ont comme mandat de développer les jeunes joueurs appelés à évoluer à temps plein dans la LNH.

Pour Jean-François Houle, ce qui constituait une partie plus ou moins marginale de sa tâche à son arrivée dans l’île Jésus, en 2021, est devenu l’essentiel de son quotidien.

En trois ans, il a pratiquement dirigé trois équipes différentes, a-t-il rappelé mercredi.

En 2021-2022, à l’exception de rares espoirs du CH comme Rafaël Harvey-Pinard, Jesse Ylönen et Cayden Primeau, son groupe était âgé, surtout expérimenté. Ce même groupe s’est rendu jusqu’en demi-finale du circuit.

En 2022-2023, quelques jeunes visages ont fait leur apparition, dans une campagne dictée par les blessures, à Laval comme à Montréal. C’est presque par miracle que l’équipe s’est hissée jusqu’au tour de qualification des séries éliminatoires.

En 2023-2024, le virage jeunesse a été complet. Pas moins de 14 espoirs du Canadien ont occupé un poste régulier à court, moyen ou long terme. En dépit des rappels et des blessures, le club a toutefois trouvé son erre d’aller, ratant ultimement les séries de peu.

Le mandat de développement, désormais, est total, et Jean-François Houle le comprend mieux que quiconque.

Il est évident que son objectif principal est de développer les athlètes au bénéfice du Canadien. Tous, néanmoins, ne pourront porter l’uniforme tricolore ; c’est surtout évident en défense, position qui déborde d’espoirs à l’heure actuelle.

Qu’à cela ne tienne, « c’est important que tous les jeunes qui passent par Laval, ils développent leur valeur pour l’organisation ». Que ce soit sur la glace ou comme monnaie d’échange.

On parle abondamment de développement individuel, mais Houle ne perd pas de vue l’importance de « faire progresser l’équipe ». Ce qui, dans la Ligue américaine, se mesure davantage par des victoires que dans la LNH.

La saison prochaine, la jeunesse sera encore omniprésente dans la formation, avec les ajouts probables des attaquants Owen Beck et Filip Mesar et des défenseurs Adam Engström, David Reinbacher et Lane Hutson, encore que ces deux derniers seront probablement considérés pour un poste à Montréal. Malgré cela, Houle a dit souhaiter que la direction trouve l’« équilibre » entre jeunes et vétérans. On ne veut pas que des recrues soient freinées dans leur progression, mais on désire aussi « assurer qu’on offre un très bon produit aux partisans ». En outre, dans un monde idéal, l’entraîneur ne détesterait pas ajouter un peu de muscle à son groupe.

Du travail, donc, il y en a encore beaucoup à faire. Et ça tombe bien, car Jean-François Houle est encore affamé. Il attaquera la saison 2024-2025 avec les coudées franches, appuyé par un contrat à long terme et entouré d’un personnel presque inchangé.

« Je pense qu’on est sur la bonne voie pour ça », a-t-il dit au sujet du destin de l’organisation. Les dernières saisons laissent certainement croire que le Rocket est entre bonnes mains.

Un adjoint de plus pendant l’été

La direction du Canadien, de concert avec Jean-François Houle, devra embaucher un entraîneur adjoint pour le Rocket au courant de l’été. Kelly Buchberger, qui a passé les trois dernières saisons à Laval, a quitté l’organisation de son propre chef afin de se rapprocher de sa famille, en Alberta, où il a accepté un poste dans une équipe junior A. « On veut une personne qui cadre dans nos valeurs, a dit Houle. On va prendre notre temps, on n’est pas pressés. »