Souhaitons à Pascal Vincent d’être assez vif d’esprit pour donner rapidement une bonne première impression, car sa première rencontre avec son nouveau patron fut brève.

Don Waddell, le nouveau président des opérations hockey et directeur général des Blue Jackets, a été présenté aux médias de Columbus, mercredi. Son embauche avait été annoncée la veille et visiblement, tout va très vite.

« J’ai rencontré Pascal en bas pendant peut-être trois minutes », a admis Waddell, dans un point de presse auquel les médias pouvaient aussi participer de façon virtuelle.

Waddell arrive en poste à une période chaotique de l’année. En fin de semaine à Buffalo s’amorce le camp d’évaluation de la LNH en vue du repêchage, d’une durée d’une semaine. Deux semaines plus tard, la planète hockey convergera vers Las Vegas pour le repêchage, les 28 et 29 juin. Le 1er juillet, le marché des joueurs autonomes s’ouvrira. Et du moment où la Coupe Stanley est gagnée, le mercato des transactions est bouillonnant.

Ça laisse donc bien peu de temps à Waddell pour jouer à La tête de l’emploi, non pas avec Véronique Cloutier, mais plutôt avec les membres de son personnel hockey, à commencer par Pascal Vincent, entraîneur-chef.

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Don Waddell, nouveau président des opérations hockey et directeur général des Blue Jackets de Columbus

« D’ici une semaine ou deux, je vais rencontrer tout le monde, dont Pascal. Je connaissais les équipes de Pascal, mais c’est la première fois que je le rencontre, a reconnu Waddell. J’ai besoin de temps avec lui, et je ne veux pas m’imposer d’échéancier. Le repêchage et les joueurs autonomes, c’est facile, car il y a des dates. Pour le reste, on va devoir obtenir nos réponses. »

Relancé plus tard sur l’avenir de son coach, Waddell a réitéré le souhait de « passer le plus de temps possible avec Pascal ».

Quand tu arrives dans une nouvelle équipe où il y a déjà des gens en place, tu ne fais pas de changements à moins d’avoir une raison d’en apporter.

Don Waddell

Vincent est un des cinq entraîneurs en chef québécois dans la LNH, avec Jim Montgomery, Martin St-Louis, Patrick Roy et André Tourigny. Il a obtenu une promotion derrière le banc en catastrophe, à l’ouverture du camp d’entraînement en 2023, après le rocambolesque départ de Mike Babcock. Départ qui n’a d’ailleurs sans doute pas aidé le prédécesseur de Waddell, Jarmo Kekäläinen, à demeurer en poste.

Sa première saison a été ponctuée de décisions audacieuses. Il a laissé de côté Patrik Laine, cloué au banc Johnny Gaudreau et n’a pas exactement ménagé les susceptibilités de Kent Johnson, un cinquième choix au total qui a lui aussi été redirigé vers la passerelle, puis vers la Ligue américaine, en début de saison.

Cela dit, si Waddell gère sa fougère aussi bien qu’en Caroline, la situation sera enviable pour Vincent ou son successeur. Les Hurricanes venaient de rater les séries neuf ans de suite lorsqu’il en a été nommé directeur général en 2018. Depuis, ils y ont participé chaque année et ont toujours minimalement atteint le deuxième tour, sauf une fois, en 2020.

Et comme la Caroline en 2018, les Blue Jackets collectionnent les jeunes talents. Ils détiennent actuellement le 4e choix du repêchage à venir dans un mois ; ils auront donc un droit de parole dans le top 6 pour la quatrième année de suite. En ajoutant les sélections de Cole Sillinger (2021) et de Denton Mateychuk (2022), Columbus aura repêché six fois dans le top 12 entre 2021 et 2024.

Un des mandats de Waddell sera d’ailleurs de gérer un de ces choix, Kent Johnson (cinquième en 2021). Après une première campagne prometteuse (40 points en 2022-2023), l’attaquant a connu une baisse de régime cette saison (16 points en 42 matchs), ce qui lui a valu de se retrouver dans moult rumeurs de transaction.

Un drôle de départ

Dans une conférence de presse de près de 30 minutes, la question du départ de Waddell des Hurricanes allait forcément revenir sur le tapis.

Les circonstances sont en effet particulières. À 65 ans, Waddell délaisse les Hurricanes, une équipe dont le talentueux noyau arrive à pleine maturité, pour se joindre à une organisation qui n’est pas à un an d’aspirer à la Coupe Stanley, et qui a historiquement peiné à retenir ses meilleurs éléments.

C’est vrai, je pourrais partir à la retraite, mais je ne suis pas même près d’être rendu là. Je ne viendrais pas ici si je ne croyais pas en la possibilité de succès.

Don Waddell

Pour ajouter à l’étrangeté de sa décision, il quitte la Caroline à peine une semaine après l’annonce d’une prolongation de contrat à Rod Brind’Amour. C’est donc dire que le futur DG des Canes s’amènera sans possibilité de choisir son entraîneur-chef.

De l’extérieur, il est tentant de croire que Brind’Amour a négocié directement avec Thomas Dundon, l’excentrique propriétaire des Hurricanes, réputé pour sa propension à la microgestion. Mais Waddell assure qu’il a piloté ce dossier.

« C’est moi qui ai négocié avec Rod, a répondu Waddell. Son cas était différent. Il a joué là-bas, il a gagné une Coupe, sa famille est installée là-bas, donc il ne voulait pas partir. On a commencé à parler en janvier, je n’avais aucune idée que je partirais à ce moment. Il voulait rester, le propriétaire voulait le garder, donc je devais faire mon devoir de DG et je m’en suis assuré.

« C’était réglé depuis plusieurs mois. Puis, le temps a passé et il voulait que je règle aussi ses adjoints, donc on a attendu que les séries finissent pour tout annoncer d’un coup. »

Un dossier d’entraîneur réglé, voilà qu’il doit s’attaquer à un autre.