(Dijon) Remco Evenepoel s’annonce comme le favori du contre-la-montre « spécial grands crus » vendredi entre Nuits-Saint-Georges et Gevrey-Chambertin, mais Tadej Pogacar voudra montrer ses progrès réalisés dans cet exercice où il a beaucoup souffert ces deux dernières éditions.

En 2022, il avait tendu la joue gauche. L’an dernier, ce fut la droite pour une deuxième claque qui a provoqué un profond travail d’introspection chez le Slovène, dominé par son grand rival Jonas Vingegaard sur les chronos sur la Grande Boucle.

Vendredi, Pogacar prendra le départ en dernier à 17 h, maillot jaune sur le dos, juste après Remco Evenepoel, son dauphin au classement général à 45  secondes, qu’il s’attend à « voir voler » sur ce tracé très roulant de 25 kilomètres dans les vignobles de Bourgogne.

« Le parcours correspond à merveille à Remco Evenepoel, c’est lui le favori », insiste Joxean Matxin Fernandez, le directeur sportif de Pogacar chez UAE, qui garde aussi un œil sur « Jonas (Vingegaard), l’un des meilleurs rouleurs au monde », pour lequel ce rendez-vous sera un test important.

Pogacar attend lui-même énormément de ce chrono pour creuser son avantage de 50 secondes sur le Danois et se réconcilier avec cet exercice dans le Tour.

Tout avait bien commencé pour « Pogi » qui avait renversé Primoz Roglic et l’édition 2020 lors d’un contre-la-montre ébouriffant à la Planche-des-Belles-filles. Il avait enchaîné sur une deuxième victoire l’année suivante à Laval, en route pour son deuxième et à ce jour dernier sacre.

« Confort et aérodynamisme »

Mais depuis, il a reçu un double uppercut qui lui a fait très mal. D’abord en 2022 à Rocamadour où il avait terminé troisième derrière Wout Van Aert et Jonas Vingegaard qui l’avait devancé de neuf secondes alors même que le Danois avait freiné sur la fin pour laisser son coéquipier belge gagner.

Et surtout l’année dernière entre Passy et Combloux où Vingegaard a survolé les débats en s’imposant avec 1 min 38 s d’avance en seulement 22 km.

Ces deux baffes ont enclenché une remise en question chez Pogacar qui, après s’être reposé longtemps sur son talent naturel, a commencé dès l’été dernier un travail spécifique beaucoup plus poussé dans la perspective du Tour. D’autant qu’il y a deux chronos au programme cette année, vendredi et celui, potentiellement décisif, lors du dernier jour entre Monaco et Nice (34 km).

« J’ai beaucoup bossé le chrono et je continue à progresser à chaque entraînement, je suis très satisfait de la direction qu’on a prise avec l’équipe », dit le Slovène qui a changé d’entraîneur cet hiver en passant d’Inigo San Millan à Javier Sola.

« On a changé pour travailler différemment, en passant plus d’heures sur le vélo de chrono », explique Matxin Fernandez à l’AFP. « On a surtout travaillé la position pour trouver le bon équilibre entre confort et aérodynamisme », ajoute le directeur sportif espagnol.

« J’avais mal partout »

Ce travail s’est fait par étapes et en tâtonnant. Aux Mondiaux d’août 2023 à Glasgow, où il a pris une piètre 21place à plus de trois minutes d’Evenepoel, Pogacar a souffert le martyre.

« La position était trop extrême et j’avais mal partout », a raconté le Slovène pendant le Giro où il s’est montré très convaincant lors des deux chronos au programme : vainqueur du premier devant Filippo Ganna, deuxième du second, très plat, à seulement 29 secondes du dragster italien.

« J’avais de bonnes sensations au Giro et depuis on a amélioré encore un peu le matériel en allégeant notamment le vélo. J’arrive avec beaucoup de confiance face à Remco, probablement le meilleur rouleur du monde, ainsi que Roglic et Vingegaard », a-t-il souligné mercredi soir.

Depuis le départ d’Italie, on le voit souvent après les étapes faire sa récupération allongé sur un vélo de chrono. « C’est histoire de faire d’une pierre deux coups : récupérer et rappeler à l’organisme la position de chrono qui est plus avancée au niveau musculaire », observe Sébastien Joly, directeur sportif chez Décathlon-AG2R responsable du contre-la-montre et qui emploie le même procédé avec son leader Felix Gall.

Vendredi, Pogacar espère que ces efforts vont payer, tout en misant aussi sur sa forme, « bien meilleure que l’an dernier », prévient son directeur Mauro Gianetti.