Hugo Houle n’aura pas l’occasion de disputer ses troisièmes Jeux olympiques dans son pays d’adoption.

L’athlète de 33 ans a appris avec une certaine résignation qu’il n’était pas l’un des deux candidats retenus pour les épreuves de cyclisme sur route à Paris, le 5 juin. Le vétéran Michael Woods et la nouvelle sensation Derek Gee seront les deux représentants masculins pour le Canada.

« C’est certain que j’aurais aimé faire partie des Jeux olympiques, a indiqué Houle mercredi midi. Ça reste un évènement d’importance, surtout que ça se passe à Paris. La sélection n’était pas simple, encore plus avec les récentes performances de Derek Gee. Il est plus jeune aussi, ça peut donc lui donner une occasion [pour l’avenir]. Mike a bien fait à Tokyo. Il voulait assurément aller aux Jeux pour y performer. Ça faisait une sélection difficile. »

Houle avait été le premier à reconnaître ne pas avoir été à la hauteur ce printemps. « Je n’ai pas été à mon niveau, avait-il admis au début du mois. Là-dessus, il n’y a rien à dire. »

Il gardait quand même espoir de disputer ses troisièmes Jeux après ceux de Rio en 2016 et de Tokyo en 2021. Ses trois compatriotes qui avaient les qualités pour être choisis, Woods, Gee et Guillaume Boivin, des coéquipiers chez Israel-Premier Tech, ne s’étaient pas montrés beaucoup plus à leur avantage cette année, surtout en raison de chutes ou d’ennuis de santé.

Houle, qui a fait l’objet d’un documentaire olympique diffusé par Radio-Canada vendredi, croyait avoir le profil idéal pour jouer l’un des deux rôles définis dans la politique de sélection de Cyclisme Canada (CC). « En partant du principe que tu mets un leader et un équipier, c’est sûr que je pensais avoir une bonne chance en tant qu’équipier. C’est quand même ma spécialité. »

Finalement, Woods, cinquième à la course sur route à Tokyo, a été choisi comme « chef d’équipe » du duo. Gee a été désigné « coureur de soutien et chef d’équipe en réserve ». Il disputera assurément le contre-la-montre du 27 juillet, le lendemain de la cérémonie d’ouverture.

« En théorie, ils ont dit que c’est Mike le leader, a noté Houle. Derek devrait donc être là pour le soutenir. Ça, c’est aux fins de sélection. Je ne sais pas quelle sera la vraie stratégie de course. »

PHOTO FOURNIE PAR ISRAËL PREMIER TECH

Derek Gee

En mai, Woods a abandonné le Giro au lendemain d’une chute à la cinquième étape. Le grimpeur d’Ottawa se sentait déjà amoindri par des ennuis de santé qui lui ont fait rater les classiques ardennaises, un mois plus tôt. Le coureur de 37 ans a même songé à la retraite, avant de découvrir qu’il était affecté par un virus mystérieux qu’il croit avoir contracté en Afrique du Sud, a révélé Radio-Canada le 6 juin.

Sa victoire d’étape solo au Tour de France, l’été dernier, pouvait difficilement être ignorée par les sélectionneurs. Woods participera samedi à la course sur route des Championnats canadiens à Saint-Georges, où il tentera de décrocher un premier maillot à feuille d’érable.

Grande vedette du Giro de 2023, Gee, lui aussi d’Ottawa, s’est fracturé une clavicule et une main, en plus de subir une commotion cérébrale dans une chute en compétition survenue le 24 février. Le 4 juin, il a remporté la troisième étape du Critérium du Dauphiné, dernière épreuve préparatoire pour le Tour de France qu’il a conclue au troisième rang au général.

Ces exploits se sont toutefois produits tout juste après la période considérée pour la sélection. « Nous avons beaucoup d’autres données », avait cependant indiqué le directeur des services de haute performance à la fédération canadienne, Kris Westwood.

Gee a donc appris qu’il participerait à ses deuxièmes Jeux au lendemain de son succès d’étape au Dauphiné, où il a reçu les félicitations de Houle, choisi comme premier remplaçant. Gee, un ancien pistard, a été un moteur essentiel de la cinquième place du Canada à la poursuite par équipes à Tokyo.

« J’accepte la décision, il n’y a pas de frustration de mon côté, a assuré Houle. Ça fait partie du jeu. On est tous des coureurs de la même équipe. La sélection est ce qu’elle est, il n’y a pas grand-chose à discuter. C’est un sport où il y a des critères. C’est subjectif. Ce n’est pas de savoir si l’un ou l’autre est meilleur. C’est plus une question de la stratégie que Cyclisme Canada a décidé de mettre en place. »

PHOTO BENOÎT TESSIER, ARCHIVES REUTERS

Guillaume Boivin

Désigné comme deuxième remplaçant, Boivin n’a pas été surpris d’être laissé de côté. « Je pense que j’étais très bien adapté à ce parcours olympique, mais avec le printemps que j’ai eu, je n’avais pas vraiment d’espérance », a admis l’ex-champion canadien de 35 ans, ralenti par la COVID-19, des blessures et une chute ce printemps.

« Honnêtement, j’avais un peu fait mon deuil après les classiques considérées dans le processus de sélection. Et en Derek Gee, une force de la nature, et Mike Woods, le meilleur cycliste canadien depuis des années, la compétition était assez intense ! »

Pour atteindre la parité des genres, le peloton masculin pour les Jeux de Paris a été réduit à 90 coureurs, avec un maximum de 4 partants pour les cinq principales nations, ce qui risque de créer un scénario très particulier. Le peloton féminin est passé de 62 à 90. Selon Le Journal de Québec, premier à annoncer l’absence de Houle, la Québécoise Olivia Baril et l’Albertaine Alison Jackson seront les deux représentantes canadiennes. La sélection officielle doit être dévoilée par le Comité olympique canadien le 25 juin.

Houle termine un stage en altitude à Isola 2000, dans les Alpes maritimes, en prévision du Tour de France, qu’il devrait disputer pour la sixième fois à partir du 29 juin.