(New York) Willie Mays, l’électrisant « Say Hey Kid » qui rassemblait talent, dynamisme et exubérance, s’est éteint mardi, à l’âge de 93 ans.

La famille de Mays et les Giants de San Francisco en ont fait l’annonce en soirée, disant qu’il a rendu l’âme en après-midi.

« Mon père est décédé paisiblement et entouré de ses proches, a déclaré son fils Michael Mays, dans un communiqué. Je tiens à vous remercier tous du fond d’un cœur brisé pour l’amour indéfectible que vous lui avez témoigné au fil des années. Vous avez joué un rôle essentiel dans sa vie. »

Le légendaire voltigeur de centre était le plus âgé des membre du Temple de la renommée.

Sa manière particulière de faire les attrapés et ses courses enflammées autour des buts incarnaient la joie de jouer au baseball.

PHOTO BEN MARGOT, ASSOCIATED PRESS

Willie Mays en 2016

Son catch par-dessus l’épaule sur une longue frappe en Série mondiale, en 1954, est encore aujourd’hui l’un des joyaux défensifs de l’histoire du baseball.

En 22 saisons, pratiquement toutes avec les Giants de New York ou de San Francisco, Mays a frappé pour ,302, récolté 660 circuits, totalisé 3283 coups sûrs, marqué plus de 2000 points et remporté 12 Gants d’or.

Il a été nommé la recrue de l’année en 1951.

Mays a été nommé deux fois le joueur le plus utile ; il a aussi terminé dans le top 10 de ce scrutin en 10 autres occasions.

Il s’est éteint deux jours avant un match entre les Giants et les Cardinals de St. Louis au Rickwood Field de Birmingham en Alabama, en l’honneur des Ligues des Noirs.

« Tout le baseball majeur est en deuil alors que nous sommes réunis au stade même où une carrière et un héritage uniques ont commencé, a déclaré le commissaire Rob Manfred.

« Willie Mays a apporté sa brillante touche des Black Barons de Birmingham à l’organisation historique des Giants. À New York et à San Francisco, Willie a inspiré des générations de joueurs et de partisans alors que le baseball se développait et gagnait sa place dans le tissu social américain. Nous n’oublierons jamais ce vrai géant, sur le terrain et en dehors. »

Rares sont ceux qui avaient les cinq qualités essentielles d’une grande vedette : frapper pour la moyenne, frapper pour la puissance, avoir de la vitesse, exceller au niveau des déplacements en défense et pour la qualité des relais.

Peu de joueurs ont déployé ces qualités avec autant de joie – qu’il s’agisse de claquer des circuits, courir sur les sentiers, la casquette s’envolant, ou bien attraper les ballons au champ centre.

« Quand je jouais, j’essayais de m’assurer que tout le monde apprécie ce que je faisais, a confié Mays à NPR, en 2010. J’ai demandé à un préposé du vestiaire de me donner une casquette qui, lorsque je courais, le vent prendrait en dessous et la ferait s’envoler. Les gens adorent ce genre de choses-là. »

Il a été élu à Cooperstown en 1979, à sa première année d’éligibilité.

En 1999, il n’était devancé que par Babe Ruth sur la liste des plus grandes vedettes du baseball préparée par The Sporting News.

Les Giants ont retiré son numéro 24 et aux abords de leur stade se trouve la Willie Mays Plaza.

Pour des millions de personnes dans les années 1950 et 1960, il a été un athlète et un showman emblématique, à une époque où le baseball était encore le passe-temps par excellence des États-Unis.

Récompensé par la Médaille de la Liberté des mains du président Barack Obama, en 2015, Mays a laissé d’innombrables souvenirs.

Un exploit plus que d’autres a capturé sa magie – un jeu si distingué et marquant qu’on l’a simplement appelé « L’Attrapé ».

Lors du premier match de la Série mondiale de 1954, les Giants de New York recevaient les Indians de Cleveland, qui avaient gagné 111 matchs en saison régulière et étaient de grands favoris.

Le score était 2-2 en début de huitième manche. Vic Wertz de Cleveland affrontait le releveur Don Liddle sans aucun retrait, avec Larry Doby au deuxième coussin et Al Rosen au premier but.

Avec une balle et deux prises, Wertz a envoyé une rapide loin au champ centre. Dans la plupart des stades, et avec un voltigeur moyen, Wertz aurait réussi un circuit, ou du moins un triple facile.

La clôture de l’excentrique Polo Grounds se trouvait toutefois à plus de 450 pieds. Et les compétences de Willie Mays dépassaient de beaucoup la moyenne.

Des décennies de rediffusions n’ont pas diminué le brio du jeu : Mays courant vers la clôture, dos au marbre, tendant le gant et faisant l’attrapé. Ce qui a suivi était également extraordinaire : Mays s’est retourné puis a vite remis au champ intérieur, empêchant Doby de marquer.

Mays lui-même a souligné fièrement que le relais a été aussi important que le catch.

« The Catch » a été vu et entendu par des millions de personnes à la radio et à la télévision, un média alors émergent.

Mays est devenu l’un des premiers athlètes noirs à attirer l’attention des médias. Il a été une star invitée à The Donna Reed ShowBewitched et d’autres émissions.

Les Giants ont balayé les Indians en 1954.

Mays est apparu dans trois autres Séries mondiales : en 1951 et 1962 pour les Giants, et en 1973 avec les Mets.

Lors de ces quatre classiques automnales, il n’a frappé que pour ,239, sans cogner de longue balle.

Son seul circuit en séries a eu lieu en 1971, lorsque les Giants ont perdu contre les Pirates de Pittsburgh.

Entre 1954 et 1966, Mays a récolté au moins 100 points produits 10 fois et a marqué 100 points ou plus 12 fois, en plus de frapper 40 circuits ou plus en six occasions.

Il a aussi mené la ligue dans les buts volés quatre fois.

Il a raté la majeure partie de 1952 et toute l’année 1953 à cause du service militaire.

Ça lui a probablement coûté la chance de dépasser le record de circuits de Ruth de 714 – un honneur qui est allé à Henry Aaron puis au filleul de Mays, Barry Bonds.

Il aurait probablement eu plus de Gants d’or s’ils avaient été accordés avant 1956.

Il est né à Westfield en Alabama en 1931. Il était le fils d’un joueur des Ligues des Noirs, qui voulait que Willie fasse de même. Il se lançait la balle avec lui et le laissait s’asseoir dans l’abri.

Son service militaire a interrompu sa carrière, mais pas son développement.

Instructeur au bâton pour l’équipe de baseball de son unité, Mays a aussi commencé à attraper des ballons en tournant le gant vers le haut près du bassin, comme un panier.

Il l’a fait en partie, car il pouvait relayer plus vite de cette manière.

Il est revenu au baseball à temps plein en 1954 ; il a alors cogné 41 circuits, en plus de mener la Nationale avec une moyenne au bâton de ,345.

La plupart du temps, il était simplement heureux d’être sur le terrain, surtout quand le soleil se couchait.

« Vous aviez les projecteurs et vous n’aviez qu’à vous rendre à votre place. Et là vous étiez tout seul au champ centre, a-t-il décrit. Je trouvais juste que c’était tellement un beau sport que je voulais juste y jouer pour toujours, vous savez. »