(Londres) En 1988, Naomi Campbell est devenue la première mannequin noire à faire la couverture de Vogue en France. La vedette des podiums des années 90, toujours influente, sera samedi la première top model à se voir consacrer une exposition au musée Victoria & Albert à Londres.

Naomi in fashion retrace quarante ans de carrière de cette mannequin née à Londres en 1970, avec des dizaines de looks qui ont marqué l’histoire de la mode.

Le choix du très réputé Victoria & Albert, un musée d’art et de design, de consacrer une exposition à une mannequin a été questionné. « Mais les plus grands mannequins ne sont pas juste des modèles », répond la commissaire Sonnet Stanfill. Elles sont « une source d’inspiration ».  

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Naomi Campbell. en 2019

« L’allure sans pareil de Naomi Campbell et son alchimie avec la caméra relèvent de la légende de la mode », poursuit-elle.

Comme pour Claudia, Cindy, Christy, Linda, pas besoin de donner son nom pour savoir de qui l’on parle : Naomi compte parmi les plus grandes vedettes de l’ère des top models, dans les années 90.

Enfant, elle se voyait plutôt danseuse, comme sa mère. Mais à 15 ans, un agent l’a repérée à la sortie de l’école, à Covent Garden. Deux ans plus tard, elle avait déjà fait plusieurs unes de magazines de mode et des défilés à New York, Milan, Paris.

Le célèbre couturier Yves Saint Laurent aurait pesé de tout son poids pour que Naomi Campbell fasse la couverture du Vogue français en 1988. « Que Dieu bénisse Yves », dit-elle à son sujet sur l’un des écriteaux placés au début de l’exposition.  

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Le couturier « a vraiment aidé les femmes de couleur et il a changé le cours de ma carrière », explique-t-elle à côté d’une robe en plumes portée lors du défilé automne-hiver 1987, son premier pour Yves Saint Laurent.

Chute sur le podium

Pour construire cette exposition, Sonnet Stanfill a interviewé la top model pendant des heures. « Elle a une mémoire incroyable. Elle se souvient avec qui elle était quand elle portait tel vêtement », raconte la commissaire.  

Elle a pu piocher dans sa collection personnelle, aussi bien des accessoires que des photos, des vêtements ou même ses billets de Concorde entre Londres et New York. Les maisons de couture ont fait des prêts.  

Une section est d’ailleurs consacrée au grand couturier Azzedine Alaïa, décédé en 2017, chez qui, dès ses 16 ans, elle a vécu quand elle était à Paris et qu’elle appelait « papa ». Lui trouvait son inspiration dans ce qu’il appelait ce « corps parfait ».  

Des unes de magazines sont projetées au mur. Des vidéos de ses défilés pour les plus grandes maisons sont diffusées.

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Parmi les looks exposés, celui de Vivienne Westwood que Naomi Campbell portait en 1993, avec des chaussures plateformes d’au moins 15 centimètres de haut. Elle est tombée, tout sourire, sur le podium et la photo avait fait le tour du monde.  

Naomi Campbell a aussi été connue pour sa personnalité, loin de la fille sage. En 2007, elle avait été condamnée à cinq jours de travaux d’intérêt général à New York pour avoir jeté son téléphone sur une assistante.  

Chaque matin, les paparazzi l’attendaient. « Le dernier jour, j’ai décidé de […] relever la tête ». Elle est arrivée, avec son port de reine, dans une robe de soirée Dolce & Gabanna –– exposée au V & A -, et a défilé devant les objectifs.  

Dès 1988, elle avait rejoint un groupe militant pour que les mannequins noires touchent le même salaire. Depuis, la diversité a gagné les podiums.  

À 54 ans, Naomi Campbell continue de défiler, comme récemment pour Burberry.  

L’exposition se termine avec ses conseils pour « marcher comme Naomi » et un podium, pour s’entraîner. « Épauler en arrière », bouger en suivant la musique et en laissant les bras se balancer naturellement et bien sûr « fixer son regard sur la caméra ».