Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Quelques secondes à la Maison Monast-Lahaise suffisent pour être enveloppé de sérénité. On ne saurait dire si l’effet vient de la fraîcheur ressentie – même en pleine canicule – grâce aux épais murs de pierre, des clapotis du ruisseau ou de l’âme de cette propriété chargée d’histoire. On imagine toutefois que les futurs acheteurs voudront bichonner cette grande dame située sur le chemin des Moulins à Mont-Saint-Hilaire.

Originaire de Saint-Jean-Baptiste, situé tout près, Daniel Benoit connaissait bien le secteur. Le coiffeur et fondateur du Salon Pure à Montréal prenait plaisir à passer dans la montagne avec sa femme Monia Grieco, coloriste et formatrice, qui en pinçait pour la maison construite en 1808 selon les registres officiels.

Mais voilà, seules deux familles l’avaient possédée au fil de l’histoire : quatorze générations de Lahaise (sous différents noms) et un artisan de Radio-Canada à partir de 1993. Lorsque le couple a vu une affiche À vendre, en 2009, il a sauté sur l’occasion pour la visiter. « Quelques minutes après notre arrivée, on voulait faire une offre », se souvient M. Benoit.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Monia Grieco et Daniel Benoit

Les visiteurs n’avaient pas encore fait le tour du terrain de 65 804 pieds carrés que la magie avait déjà opéré. « En arrivant ici, le buzz de la ville s’est évanoui, se remémore Mme Grieco. Je regardais l’ancien propriétaire et sa femme, et je me disais que je n’avais jamais vu deux personnes avec des yeux aussi brillants ! »

Un bref instant suffit pour avoir la même impression des propriétaires actuels. Pendant que le photographe de La Presse capture la beauté des lieux en compagnie de monsieur, on découvre le terrain avec madame. Monia Grieco pétille en détaillant le potentiel nourricier du terrain : pommes Saint-Laurent, framboises noires, rhubarbe, vigne, ciboulette, fraises, bleuets et fleurs comestibles. Elle sourit devant la plateforme de bois devant le ruisseau où elle fait son yoga le matin, à l’heure exacte où les rayons du soleil font fuir les moustiques. Et elle s’enthousiasme en se rappelant les fêtes qu’elle a organisées sur le terrain, dont le 60anniversaire de son homme avec 250 convives.

Une propriété à chérir

Au fond, le duo appartient à la propriété autant que l’inverse. « Chez le notaire, l’ancien propriétaire m’a dit : “Vous savez que je vous ai choisis ?”, raconte-t-elle. Je crois qu’il nous a transmis le bâton de gardiens des lieux. »

Son conjoint renchérit en affirmant qu’ils ne vendront pas la demeure à n’importe qui.

L’investissement que j’ai mis là-dedans, c’est complètement fou ! On en a pris soin et on veut que ça continue.

Daniel Benoit, copropriétaire

Solidification de la structure, plomberie et électricité refaites à neuf, rénovation de la salle de bains, aménagement d’un foyer, sans oublier l’ajout d’une véritable cuisine. « À notre arrivée, il y avait un poêle, un lavabo, un petit comptoir et un réfrigérateur de bar, se rappelle-t-il. On s’entend que mon Italienne ne pouvait pas se contenter de ça ! »

Ils ont entre autres ajouté un îlot dont ils ont usé le bois pour faire écho au caractère ancestral des lieux. Une nécessité à leurs yeux. « Quand j’entends quelqu’un dire qu’il changerait les châssis pour mettre ça en aluminium, ce serait un sacrilège pour moi, s’exclame Daniel Benoit. On a le droit de le faire, mais je me suis toujours refusé à effectuer des rénovations modernes. »

En effet, malgré la nature patrimoniale de la Maison Monast-Lahaise, aucune règle n’est imposée. « On peut faire ce qu’on veut avec, mais elle a une réputation à maintenir », dit-il.

Le couple précise que, malgré son grand âge, la propriété est en très bon état. « Avec tous les travaux qu’on a faits, elle est clés en main, dit-il. La maison a été bâtie à une époque où on construisait solide. Si elle n’a pas bougé pendant deux siècles, elle ne bougera pas ! »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le terrain est vaste.

Partout où on pose les yeux, le charme se révèle : dans les boiseries d’époque, la véranda aux allures européennes où se trouvent trois nids d’oiseaux, la trappe dans la cuisine donnant accès à une cave à vin, la vue spectaculaire à partir des chambres à l’étage, l’immensité du terrain où les propriétaires vont faire une marche le matin, un café à la main. « La maison nous donne de la force », affirme Monia Grieco.

Ils vont d’ailleurs avoir du mal à s’en départir.

Je ne peux pas venir la voir tous les jours, sinon je me mets à pleurer. Mais dans la vie, quand le vent tourne, il faut le suivre !

Monia Grieco, copropriétaire

Deux éléments ont changé la direction des vents : un coup de cœur pour une propriété moderne et le manque de temps pour chouchouter la maison historique. « On pensait rester ici jusqu’à notre retraite, mais on n’arrête pas et on voyage beaucoup, explique-t-elle. C’est de plus en plus difficile de prendre soin de la propriété. »

Quand ils visualisent les futurs propriétaires, ils imaginent aussi bien une jeune famille dont les enfants pourraient courir sur le terrain qu’un professionnel en quête d’une maison de campagne ou un couple prêt à s’investir. « C’est très engageant, affirme Mme Grieco. Il faut aimer bouger, mettre la main dans le sol, apprécier la nature et voir la vie évoluer d’année en année. »

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La propriété en bref

Prix demandé : 1 399 000 $

Évaluation municipale (maison et terrain) : 758 900 $

Année de construction : 1808 (selon les registres officiels)

Description : propriété ancestrale détachée possédant 3 chambres, 1 salle de bains et 1 salle d’eau, ainsi qu’un grand garage, une grange d’époque et un ruisseau sur le vaste terrain

Superficie du terrain : 65 804 pi2

Impôt foncier : 5343 $

Taxe scolaire : 576 $

Courtière : Roxanne Jodoin, Royal LePage Privilège