Les insectes pollinisateurs se font de plus en plus rares. Pour leur venir en aide, on conseille avant tout de leur servir des plantes indigènes. Ce qui n’est pas toujours évident, car elles restent méconnues et parfois difficiles à trouver en jardinerie. S’il est vrai que les hybrides de nos indigènes sont souvent plus attrayants que les originales, plusieurs espèces sauvages toutes plus belles les unes que les autres devraient trouver une place au jardin. En voici quelques-unes.

De la nature à la pépinière

PHOTO THINKSTOCK

Il existe plusieurs espèces de verges d’or au Québec et en août, certaines couvrent de jaune des centaines d’hectares. Attention, au jardin, elles peuvent devenir très envahissantes.

Où trouver des plantes indigènes ? Pas question de piller la forêt comme ce fut le cas jadis avec la commercialisation de l’ail des bois, aujourd’hui interdite. Prélever quelques plants de verges d’or, d’anémones du Canada ou encore d’eupatoires dans des champs ou des fossés où on en compte des milliers reste une décision personnelle. En revanche, la grande majorité des plantes indigènes représentant un intérêt horticole sont cultivées aujourd’hui à des fins commerciales et offertes sur le marché souvent à grande échelle, certaines dans des pépinières spécialisées. Par ailleurs, plusieurs sont faciles à obtenir par semis.

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Les printanières

PHOTO PARC NATIONAL SHENANDOAH, WIKIMEDIA COMMONS

Le populage des marais se plaît en milieu très humide. Il fleurit en mai, mais ses feuilles perdurent tout l’été.

De nombreuses indigènes parmi les plus remarquables fleurissent au printemps, au moment où les arbres terminent leur feuillaison, et passeront l’été à l’ombre. La très hâtive sanguinaire du Canada compensera sa floraison souvent éphémère par un feuillage original qui persistera tout l’été.

Les trilles blancs ou rouges, le petit prêcheur, le sabot de la vierge jaune et l’uvulaire, deux splendeurs, de même que le sceau de Salomon donneront leur spectacle floral jusqu’au début de juin. Ceux qui disposent d’un bassin d’eau ou d’une portion de sol humide seront probablement enchantés du jaune intense des fleurs du populage des marais et de ses feuilles rondes, vert très foncé, qui persisteront tout l’été ou encore du feuillage odorant du thé du Labrador. Notre fleur nationale, l’iris versicolore, se plaira aussi dans cet environnement, mais fleurira habituellement début juin et même un peu plus tard, selon l’ensoleillement.

Ail des bois

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

L’ail des bois est facile à transplanter au jardin.

L’ail des bois est un cas à part. Il est facile à transplanter au jardin, dans un terreau riche, mais pousse à l’ombre, comme c’est le cas dans les érablières. Rappelons que la réglementation permet la cueillette de 50 bulbes annuellement. Le feuillage apparaît au printemps pour disparaître à la fin juin. Les fleurs et les fruits font leur apparition discrètement en août. Une cueillette domestique parcimonieuse vous permettra d’obtenir éventuellement une belle colonie.

Les estivales

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Si sa floraison passe presque inaperçue, les fruits de l’actée à gros pédicelles sont de toute beauté et persistent durant des semaines.

Plantes de milieu semi-ombragé, les actées fleurissent au printemps, mais c’est l’été qu’elles se montrent sous leurs plus beaux jours. Leurs grappes de fruits persisteront plusieurs semaines. Juchés sur une hampe florale de 70 cm, les fruits de l’actée rouge se révéleront vers la mi-juin alors que ceux de l’actée à gros pédicelles attendront un peu. Ces petites boules blanches surmontées d’un point noir sont de toute beauté. Mais les autres indigènes estivales ne sont pas en reste. Mi-juin, voilà les épervières orangées, le pigamon et ses nuages blancs diaphanes, puis la délicatesse des clochettes orangées du lis du Canada. L’éblouissement se poursuit avec la géante eupatoire, le bleu de la grande verveine hastée, le jaune de l’hélénie d’automne, la rudbeckie hérissée et sa fleur de marguerite orangée avec son œil noir, sans oublier les fleurs blanches dont la texture rappelle le papier de l’immortelle de Virginie. En août vient le tour des asters d’automne ou encore de la rudbeckie trilobée, une vivace de courte durée, mais qui se ressème allègrement.

Les ambitieuses

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Pas de monarques sans nos asclépiades. L’espèce commune est toutefois envahissante.

Si jolies soient-elles, certaines indigènes exigent une bonne réflexion avant leur introduction au jardin. C’est qu’elles ont de grandes ambitions territoriales. L’asclépiade commune (A. syriaca) est de celles-là. Comme elle est la nourriture essentielle pour la chenille du papillon monarque, plusieurs organisations préconisent son implantation pour favoriser l’insecte. Ses fleurs roses parfumées, qui se transforment en fruits comestibles, séduisent. Mais attention, il faut limiter son territoire ou avoir l’espace approprié. Cela s’applique aussi à l’irrésistible anémone du Canada aux jolies et délicates fleurs blanches printanières qui prolifère parfois dans les fossés. La verge d’or, le dicentre à capuchon, un mignon cœur saignant blanc de même qu’une fougère, l’onoclée sensible, ont aussi tendance à s’étendre au-delà de nos espérances.

À l’ombre

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Le capillaire du Canada est une de nos plus belles fougères.

Certaines fougères se distinguent pour enjoliver les coins d’ombre. La plus connue est la fougère-à-l’autruche, celle qui nous donne les crosses de violon au printemps. Elle se répand rapidement, mais a une légère tendance à l’envahissement que certains gourmets apprécieront probablement. La plus attrayante est le capillaire du Canada avec son harmonieux feuillage en éventail. Quant à la petite fougère du hêtre, elle figure parmi les plus gracieuses. Elle se plaît même au soleil si le sol est humide.

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