(Beyrouth) Le Hezbollah libanais a tiré jeudi plus de 200 roquettes et drones explosifs sur le nord d’Israël et le Golan occupé, faisant redouter un nouveau conflit dans la région, à l’heure où la guerre ne connaît pas de répit dans la bande de Gaza.

Ce qu’il faut savoir

  • La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël ;
  • Sur 251 personnes enlevées durant l’attaque, 116 sont toujours retenues à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l’armée israélienne ;
  • L’offensive israélienne à Gaza a fait jusqu’à présent 38 011 morts ;
  • Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir tiré « plus de 200 roquettes » et des drones explosifs sur des positions militaires dans le nord d’Israël ;
  • L’armée israélienne a annoncé avoir frappé en représailles des installations militaires dans le sud du Liban ;
  • Dans la bande de Gaza, bombardée par Israël, des combats faisaient rage à Choujaïya, dans le nord, et à Rafah, dans le sud ;
  • Au total, 1,9 million d’habitants de la bande de Gaza, soit 80 % de la population, sont à présent déplacés, selon l’ONU.

Dans le même temps, après des mois de blocage, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a décidé d’envoyer une délégation pour de nouvelles négociations sur un cessez-le-feu et libération des otages retenus depuis le 7 octobre à Gaza, au lendemain de l’annonce par le Hamas de nouvelles « idées » pour un accord.

Le chef du Mossad israélien, David Barnea, est en route pour le Qatar, un des médiateurs dans le conflit à Gaza, a indiqué jeudi soir une source proche des discussions, un responsable américain évoquant une « opportunité importante ».

En riposte à l’attaque d’une ampleur sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël, l’armée israélienne a lancé une offensive d’envergure contre la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien est au pouvoir depuis 2007.

PHOTO OMAR AL-QATTAA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des Palestiniens transportent un mort, tué par l’armée israélienne, à Gaza-ville.

Le lendemain, le Hezbollah pro-iranien a, en soutien au Hamas, ouvert un front avec le voisin israélien et depuis les échanges de tirs dans les zones frontalières sont quotidiens, gagnant parfois en intensité et doublés d’une rhétorique belliqueuse.

Jeudi, le mouvement libanais a affirmé avoir tiré « plus de 200 roquettes » et des drones explosifs notamment sur des positions militaires dans le nord d’Israël et sur la partie du Golan syrien occupée par Israël, au lendemain d’un premier barrage de roquettes.

Ces tirs, a-t-il dit, sont en riposte à l’élimination mercredi par Israël d’un de ses commandants dans le sud du Liban.

PHOTO GIL ELIYAHU, REUTERS

De la fumée s’élève au-dessus du plateau du Golan occupé par Israël et derrière la mer de Galilée, après que le Hezbollah libanais a déclaré avoir lancé plus de 200 roquettes et une nuée de drones sur des sites militaires israéliens.

Après avoir fait état d’alertes partout dans le nord d’Israël, jusqu’au Golan occupé, l’armée israélienne a indiqué qu’« environ 200 projectiles » avaient été identifiés. La plupart ont été interceptés et la chute de débris a provoqué des incendies dans plusieurs régions.

Un soldat a été tué par le tir d’une roquette dans le nord d’Israël, selon une source militaire.

En représailles, l’armée a mené des frappes contre des « installations militaires » dans le sud du Liban.

« Dans la dure campagne contre le Liban, nous avons établi un principe : quiconque nous fait du mal est un homme mort », a déclaré M. Nétanyahou lors d’une visite au QG de l’armée de l’air à Tel-Aviv.  

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël depuis Gaza ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1195 personnes en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.  

« Où aller ? »

Principal allié d’Israël, les États-Unis ont averti qu’une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait provoquer un « conflit régional ».

PHOTO BASHAR TALEB, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un couple palestinien tient ses enfants dans ses bras alors qu’ils marchent à travers les débris à Khan Younès.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël depuis Gaza ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1195 personnes en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.  

Sur 251  personnes enlevées durant l’attaque, 116 sont toujours retenues à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l’armée.

En riposte, Benyamin Nétanyahou a juré de détruire le Hamas, considéré comme terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.

L’armée israélienne a lancé une offensive aérienne puis terrestre à Gaza qui a fait jusqu’à présent 38 011 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

PHOTO MOHAMMED SALEM, REUTERS

Les Palestiniens déplacés s’abritent dans une école gérée par l’ONU qui a été endommagée lors de la frappe israélienne.

Selon la Défense civile, sept personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dont cinq dans une école à Gaza-Ville, dans le nord du territoire palestinien assiégé et bombardé par Israël depuis près de neuf mois.

Des combats ont continué principalement dans le quartier de Choujaïya à Gaza-ville, et à Rafah, dans le sud où un ordre d’évacuation israélien émis lundi fait craindre une nouvelle offensive d’envergure.

Des témoins ont fait état de frappes aériennes intenses, de tirs d’artillerie et de combats à Rafah.

Ces dernières semaines, les combats ont repris dans plusieurs régions que l’armée avait dit contrôler, dont Choujaïya.

Depuis l’ordre d’évacuation, des dizaines de milliers de Palestiniens ont quitté des secteurs de l’est de Rafah et de Khan Younès, une nouvelle fois jetés sur les routes du territoire dévasté, en quête d’eau, de nourriture et d’abris.  

PHOTO BASHAR TALEB, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une Palestinienne cuisine dans une école de l’ONU abritant des personnes évacuées.

« Nous sommes partis mais nous ne savons pas où aller », a témoigné Oum Malek Al-Najjar, qui a quitté avec ses enfants l’est de Khan Younès.

« Beaucoup à faire »

Dans le territoire palestinien en proie à une catastrophe humanitaire, 1,9 million d’habitants de Gaza, soit 80 % de la population, sont à présent déplacés, selon l’ONU.

Alors que toutes les tentatives d’un accord pour une trêve à Gaza ont échoué ces derniers mois, le bureau de M. Nétanyahou a annoncé que « le premier ministre a fait part au président (américain Joe) Biden de sa décision de dépêcher une délégation pour poursuivre les négociations en vue de la libération des otages ».  

M. Biden s’est félicité de la décision de M. Nétanyahou.

Les derniers éléments fournis par le Hamas « pourraient fournir la base nécessaire pour conclure un accord », a indiqué un haut responsable américain qui a requis l’anonymat. Mais « il reste beaucoup à faire sur certaines étapes de mise en œuvre », a-t-il indiqué, en prévenant que ce serait « difficile ».

Jusque-là les belligérants ont campé sur des positions inflexibles.  

Benyamin Nétanyahou affirme vouloir continuer la guerre jusqu’à « la destruction du Hamas et la libération de tous les otages ». Et le Hamas réclame un cessez-le-feu permanent et un retrait total israélien de Gaza avant tout accord sur une libération d’otages.