Des dizaines de milliers de Palestiniens ont fui le sud de la bande de Gaza après un ordre d’évacuation d’Israël qui fait craindre une nouvelle offensive d’envergure dans cette partie du territoire palestinien, soumis mercredi à de nouveaux bombardements israéliens.

Sur le front nord d’Israël, le Hezbollah libanais a affirmé avoir tiré « 100 roquettes » sur des positions militaires israéliennes en riposte à la mort d’un de ses commandants tué dans un raid israélien dans le sud du Liban, sur fond de crainte d’une guerre à grande échelle entre les deux camps.

Alors que les discussions en vue d’un cessez-le-feu à Gaza sont bloquées, le Hamas a affirmé avoir envoyé aux médiateurs de nouvelles « idées » pour mettre fin à la guerre. Israël a dit « évaluer » des « commentaires » du mouvement islamiste palestinien avant de donner sa réponse aux médiateurs-Égypte, Qatar, États-Unis.

Mais mardi, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a de nouveau réaffirmé que la guerre ne s’achèverait qu’une fois « atteints » ses objectifs : « la destruction du Hamas et la libération de tous les otages » enlevés le 7 octobre lors d’une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

Il s’agit « d’une campagne longue », a reconnu le chef d’état-major, le général Herzi Halevi, en allusion à l’offensive dévastatrice de représailles lancée par Israël dans le petit territoire palestinien surpeuplé.

Dans le sud de la bande de Gaza, des dizaines de milliers de Palestiniens ont quitté depuis lundi des secteurs de l’est de Rafah et de Khan Younès, contraintes de repartir en quête d’eau, de nourriture et d’abris.

PHOTO EYAD BABA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des déplacés palestiniens fuyant la ville de Khan Younès, le 2 juillet.

Par des températures proches de 30 degrés, ils ont fui à pied, à bord de véhicules ou entassés sur des remorques surchargées, au milieu des ruines poussiéreuses de Khan Younès, la plus grande ville du sud de Gaza d’où l’armée s’était retirée début avril après une bataille de plusieurs mois.

« Nous sommes partis, mais nous ne savons pas où aller. C’est très dur, il fait très chaud et nous avons des enfants avec nous », déclare Oum Malek Al-Najjar, qui a quitté l’est de Khan Younés.

Environ 250 000 personnes, selon l’ONU, sont visées par l’ordre d’évacuation émis lundi par l’armée après des tirs de roquettes vers Israël.

Cet appel qui concerne un territoire de 117 kilomètres carrés, soit un tiers du territoire palestinien, est « le plus important depuis octobre, quand les habitants du nord de Gaza avaient reçu l’ordre d’évacuer » aux premiers jours de la guerre, a souligné l’ONU.

« Sans abri, sans eau »

Abdallah Mouhareb, un habitant de Khan Younès âgé de 25 ans, raconte avoir été déplacé plusieurs fois. Il vient de quitter de nouveau la ville avec sa famille sans savoir où aller.

« Nous avons dormi dans la rue sans abri, sans nourriture, sans eau. Il y avait des bombardements autour de nous », a-t-il dit alors que l’ONU affirme qu’aucun lieu n’est sûr dans le territoire palestinien assiégé par Israël.

Israël n’a pas indiqué s’il y aurait une nouvelle opération d’envergure dans le sud, mais ses ordres d’évacuation sont généralement un préambule à des offensives.

Après avoir progressé depuis le nord, appelant à évacuer les zones qu’elle visait, l’armée a lancé le 7 mai une opération terrestre dans la ville de Rafah, alors présentée comme le dernier grand bastion du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

Mais ces dernières semaines, les combats ont repris dans plusieurs régions du nord que l’armée avait dit contrôler.

PHOTO AMMAR AWAD, ARCHIVES REUTERS

Un soldat israélien saute d’un char, près de la frontière entre Israël et Gaza, dans le contexte du conflit Israël-Hamas.

Selon un correspondant de l’AFP, des frappes aériennes et des tirs d’artillerie ont visé plusieurs secteurs de Gaza-ville, dont celui de Choujaïya, où une source du Hamas a fait état de combats.

Le 27 juin, elle a lancé une opération terrestre à Choujaïya, un quartier est de Gaza-ville, entraînant le déplacement selon l’ONU de 60 000 à 80 000 personnes.

L’armée a dit poursuivre ses opérations « contre des sites terroristes » à Choujaïya, ainsi qu’à Rafah et dans le centre de Gaza.

« Nous avons fui Choujaïya il y a cinq jours après avoir été réveillés par le bruit des chars », raconte Oum Bashar al-Jamal, 42 ans, qui a trouvé refuge dans un stade de Gaza-Ville. « Nos maisons ont été rasées. »

Escalade Israël-Hezbollah

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël depuis Gaza, ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251  personnes enlevées durant l’attaque, 116 sont toujours retenues à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l’armée.

En riposte, Benyamin Nétanyahou a promis de détruire le Hamas, considéré comme terroriste par les États-Unis et l’Union européenne. L’offensive israélienne à Gaza a fait jusqu’à présent 37 953 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

PHOTO MOHAMMED SALEM, REUTERS

L’armée israélienne a mené une frappe près d’une école gérée par l’ONU abritant des personnes déplacées à Khan Younès, le 3 juillet.

La guerre a provoqué un désastre humanitaire dans Gaza, où l’eau et la nourriture manquent, où l’aide arrive en quantité insuffisante et où 1,9 million d’habitants, soit 80 % de la population, sont à présent déplacés selon l’ONU.

« Les civils palestiniens de Gaza sont plongés dans un abîme de souffrance. Leur vie est brisée », a dit la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour le territoire, Sigrid Kaag.

À la frontière israélo-libanaise, les violences entre le Hezbollah, un allié du Hamas, et l’armée israélienne se sont intensifiées.

L’armée israélienne a confirmé avoir tué un chef militaire du Hezbollah. En riposte, le Hezbollah a tiré des roquettes sur des positions militaires israéliennes.

En riposte, Benyamin Nétanyahou a promis de détruire le Hamas, considéré comme terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël. L’offensive israélienne à Gaza a fait jusqu’à présent 37 953 morts, en majorité des civils, dont au moins 28 ces dernières 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.