(Genève) Les pillages et la contrebande « sont généralisés » dans la bande de Gaza et « empêchent » la livraison de l’aide humanitaire, a dénoncé lundi le chef de l’agence de l’ONU responsable des réfugiés palestiniens (UNRWA).

« L’effondrement de l’ordre civil donne lieu à des pillages et à une contrebande généralisés qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire [dont la population] a désespérément besoin », a dit Philippe Lazzarini, lors d’une réunion à Genève de la Commission de conseil chargée de superviser la conduite de l’agence.

« Au cours des neuf derniers mois, nous avons été témoins d’un échec sans précédent de l’humanité sur un territoire marqué par des décennies de violence », a souligné le responsable de l’UNRWA, selon une copie de ses remarques.

« Les Palestiniens et les Israéliens ont subi de terribles pertes et ont énormément souffert […] Gaza a été décimée. Pour plus de deux millions de Gazaouis, c’est un enfer. Un cauchemar dont ils ne peuvent se réveiller », a insisté le chef de l’agence, la principale organisation onusienne dans l’étroit territoire palestinien, qui fait l’objet d’intenses et incessants bombardement et combats menés par l’armée israélienne.

Celle-ci riposte ainsi aux attaques sans précédent du 7 octobre sur son territoire par le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle Gaza.

Face aux difficultés de faire rentrer de l’aide sur le territoire — seul le point de passage de Kerem Shalom entre Israël et Gaza est actuellement ouvert —, « la faim est à un niveau castrophique » dans le territoire, selon l’UNRWA. « Des enfants meurent de malnutrition et de déshydratation, tandis que de la nourriture et de l’eau potable attendent dans les camions » à la frontière avec Israël ou l’Égypte, en attendant la réouverture éventuelle du passage de Rafah, fermé depuis début mai.

L’UNRWA a été violemment prise à partie par Israël qui l’accuse de collusion avec le Hamas, ce que l’agence réfute avec véhémence. Ces accusations ont incité certains pays à bloquer les fonds destinés à l’agence, même si un certain nombre les a, en partie, rétablis. Les États-Unis, de loin le principal contributeur, gèle toujours les fonds destinés à l’agence.  

Au-delà de Gaza, M. Lazzarini a parlé aussi de la « tragédie » qui se déroule en Cisjordanie.

« Plus de 500 Palestiniens y ont été tués depuis octobre. Les attaques quotidiennes des colons israéliens, les incursions militaires et la destruction de maisons et d’infrastructures critiques font partie d’un système de ségrégation et d’oppression bien huilé », a dénoncé le responsable, qui a également constaté une intensification des escarmouches à la frontière israélo-libanaise, qui « menacent de se métamorphoser en véritable guerre ».

Les réfugiés palestiniens essaimés ailleurs dans la région « sont les témoins de la plus grande catastrophe depuis la Nakba », a affirmé M. Lazzarini.

La « Nakba » ou « Catastrophe » est le nom donné par les Palestiniens à l’exode forcé d’environ 760 000 d’entre eux en 1948.

L’attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël a entraîné la mort de 1194 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.  

Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l’armée israélienne.

En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive dans le territoire palestinien qui a fait jusqu’à présent 37 626  morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.