Des bombardements ont visé lundi la bande de Gaza, après l’annonce par le premier ministre israélien que la phase « intense » des combats touchait à sa fin, notamment à Rafah, dans le sud du territoire palestinien, mais que la guerre contre le Hamas se poursuivrait.

Le mouvement islamiste a répondu que tout accord devait « inclure un cessez-le-feu permanent et un retrait complet » israélien de Gaza, des conditions qu’Israël a toujours rejetées.

L’armée israélienne a lancé début mai à Rafah, ville frontalière avec l’Égypte, une offensive terrestre dans le but de détruire le Hamas, auteur le 7 octobre d’une attaque sanglante contre Israël qui a déclenché la guerre.

Les familles des personnes tuées lors de l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre ont porté plainte lundi contre l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’accusant d’avoir contribué à ce massacre sans précédent, selon des documents judiciaires vus par l’AFP.

Considérée par la communauté internationale comme indispensable pour l’aide humanitaire aux Palestiniens depuis des décennies, l’UNRWA est en crise depuis qu’Israël accuse 12 de ses employés d’être impliqués dans cette attaque.

Un rapport d’experts dirigé par l’ex-ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna avait conclu en avril à un problème de « neutralité » politique de l’agence, mais qu’Israël n’avait pas fourni de « preuves » à l’appui de ses accusations.

Ces accusations avaient poussé plusieurs pays à geler leurs financements à l’agence. Beaucoup les ont depuis repris, à l’exception notamment des États-Unis, premier soutien diplomatique et militaire d’Israël.

« L’UNRWA […] a passé plus d’une décennie avant l’attaque du 7 octobre à aider le Hamas à mettre en place [son] infrastructure terroriste », accusent les familles de victimes selon les documents judiciaires.

Elles estiment que l’agence a fourni « sciemment au Hamas les dollars américains en espèces dont il avait besoin pour payer les trafiquants d’armes, d’explosifs et autre matériel terroriste ».

La plainte a été déposée à New York, siège de l’ONU et où l’UNRWA utilise les services bancaires, selon les mêmes documents judiciaires.

La phase « intense » sur le point de se terminer

« La phase intense des combats contre le Hamas est sur le point de se terminer […] Cela ne signifie pas que la guerre est sur le point de se terminer, mais la guerre dans sa phase intense est sur le point de se terminer à Rafah », a affirmé Benyamin Nétanyahou dimanche dans une interview à la chaîne israélienne Channel 14.

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Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou

Lundi au Parlement, M. Nétanyahou a assuré être « attaché à la proposition israélienne que le président Biden a approuvée, notre position n’a pas changé ».

« Nous ne mettrons pas fin à la guerre tant que nous n’aurons pas éliminé le Hamas et tant que nous n’aurons pas ramené les habitants du sud et du nord chez eux en toute sécurité », a-t-il néanmoins souligné.

Le plan présenté fin mai par le président américain Joe Biden, proposé selon lui par Israël, prévoit un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages, notamment des femmes et des malades, et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Ce plan vise à établir un cessez-le-feu « permanent » dans une phase ultérieure, à condition que le Hamas « respecte ses engagements », selon M. Biden.

« Il y aura une guerre »

M. Nétanyahou est vivement critiqué dans son pays, où une manifestation d’une ampleur inégalée depuis le début de la guerre a rassemblé samedi à Tel-Aviv plus de 150 000 personnes, selon les organisateurs, pour réclamer des élections anticipées et le retour des otages.

La guerre a aussi provoqué une escalade militaire à la frontière nord d’Israël avec le Liban, qui fait craindre une extension du conflit.

« Après la fin de la phase intense, nous serons en mesure de redéployer certaines forces vers le nord, et nous le ferons, principalement à des fins défensives […] », a dit dimanche le premier ministre.

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Un hélicoptère de l’armée de l’air israélienne lance des fusées éclairantes alors qu’il survole le nord-ouest de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 juin.

Lundi, l’agence officielle de presse libanaise a rapporté que « des avions de guerre hostiles ont mené trois frappes aériennes sur Jurd Massa et Jenta dans la région de Chiaara » dans l’est du Liban, sans faire état de victimes.

De son côté, le Hezbollah a annoncé avoir ciblé lundi trois sites militaires israéliens de l’autre côté de la frontière.

Les échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, un puissant mouvement islamiste allié du Hamas, armé et financé par l’Iran, ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers d’habitants des zones frontalières du sud du Liban et du nord d’Israël.

« Il y aura une guerre », a prédit Helene Abergel, une habitante de Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, hébergée dans un hôtel de Tel-Aviv. « Une guerre doit avoir lieu pour repousser le Hezbollah loin de la frontière », a ajouté cette femme de 49 ans rencontrée par l’AFP.

Alors que la relation entre M. Nétanyahou et les États-Unis connaît des crispations après des critiques israéliennes sur des retards de livraisons d’armes américaines, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, est arrivé à Washington pour des entretiens qu’il a qualifiés de « cruciaux » pour la suite de la guerre.

« Je voudrais insister sur le fait que l’engagement premier d’Israël est de rendre les otages, sans exception, à leurs familles et à leurs foyers », a déclaré M. Gallant avant d’entamer ses entretiens avec le chef de la CIA, Bill Burns et le secrétaire d’État, Antony Blinken.

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Un homme inspecte les dégâts à l’hôpital Al-Darajj qui a été touché lors d’une frappe israélienne dans la ville de Gaza, le 24 juin.

Pillages et contrebande

Dans la bande de Gaza, assiégée par Israël, des tirs d’artillerie ont visé lundi Rafah ainsi que le camp palestinien de Nousseirat, dans le centre, et le quartier de Zeitoun de la ville de Gaza, où des combats ont été signalés, selon des témoins.

Selon la Défense civile, deux professionnels de santé ont été tués dans une frappe aérienne sur l’hôpital Al-Daraj, à Gaza-ville.

L’armée a annoncé poursuivre ses « opérations ciblées » dans le secteur de Rafah et y avoir « éliminé des terroristes armés ».

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque menée par des commandos du Hamas dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1194 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Lundi, l’armée israélienne a annoncé le décès d’un soldat bédouin, dont le corps avait été emmené dans la bande de Gaza, ce qui porte le bilan de l’attaque à 1195 morts.

Sur 251  personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l’armée.

En riposte, l’armée israélienne a lancé une vaste offensive dans le territoire palestinien qui a fait jusqu’à présent 37 626  morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas depuis 2007.

Le mouvement islamiste palestinien est considéré comme terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.

La guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien où les pillages et la contrebande « sont généralisés » et « empêchent » la livraison de l’aide dont la population a « désespérément besoin », a affirmé le chef de l’Unrwa, l’agence de l’ONU en charge des réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini.