(Genève) L’ONU a fait état mercredi « de sérieuses inquiétudes » sur le respect du droit de la guerre par l’armée israélienne, dans une enquête menée sur six bombardements « emblématiques » dans la bande de Gaza l’année dernière qui ont fait au moins 218 morts.

Dans un communiqué envoyé par la représentation israélienne à Genève, « l’État d’Israël rejette fermement les conclusions et les assertions factuelles présentées » par l’ONU.

« L’obligation de choisir des moyens et des méthodes de guerre qui évitent ou, à tout le moins, minimisent dans toute la mesure du possible les dommages causés aux civils semble avoir été systématiquement violée lors de la campagne de bombardements d’Israël », a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk, dans un communiqué.

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a publié une évaluation de six attaques « emblématiques » menées l’année dernière par les Forces de défense israéliennes (FDI) à Gaza, « qui ont entraîné un nombre élevé de morts parmi les civils et une destruction généralisée de biens civils, soulevant de sérieuses inquiétudes au regard du droit de la guerre, aux principes de distinction, de proportionnalité et de précaution ».

S’exprimant par liaison vidéo en conférence de presse, Ajith Sunghay, le représentant de l’ONU pour les droits humains dans les territoires palestiniens, a spécifié qu’Israël avait « lancé des initiatives dans cinq des six attaques pour établir les faits », estimant que « ce n’est pas suffisant ».

« Nous n’avons toujours pas vu d’enquêtes crédibles et transparentes sur ces incidents », a ajouté une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani.

« Zones habitées »

Le rapport détaille les six attaques qui ont impliqué, selon l’ONU, « l’utilisation présumée de bombes GBU-31 (1 tonne, 2000  livres), GBU-32 (500 kilogrammes, 1000  livres) et GBU-39 (125 kg, 250 livres) du 9 octobre au 2 décembre 2023 sur des immeubles résidentiels, une école, des camps de réfugiés et un marché ».

Le Haut-Commissariat « a vérifié 218 décès dus à ces six attaques et a déclaré que les informations reçues indiquaient que le nombre de morts pourrait être beaucoup plus élevé », selon le communiqué.

Selon l’ONU, lorsque ce type d’attaques, lorsqu’elles sont commises dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique contre une population civile, « peut impliquer des crimes contre l’humanité ».

Interrogé sur les raisons qui ont poussé l’ONU à ne pas examiner l’incident du 17 octobre à l’hôpital Ahli Arab, à Gaza-ville, M. Sunghay a expliqué que les six attaques ont été choisies car l’ONU disposait « de beaucoup plus d’informations ».

Le Hamas avait initialement parlé de centaines de morts dans cet incident et accusé Israël. Israël a imputé la responsabilité au tir raté de tir d’une roquette du Djihad islamique, une affirmation appuyée par les États-Unis. Des sources des renseignements occidentaux suggèrent un bilan très inférieur à celui avancé par le Hamas.

M. Sunghay a expliqué que le rapport « se concentre assez fortement sur Israël, principalement parce que les armes » utilisées dans les attaques « ne sont pas en possession des groupes armés palestiniens ».

En outre, a-t-il dit, les « missiles tirés » par les groupes armés palestiniens, qui sont « totalement inacceptables », « n’ont pas causé un nombre significatif de morts pendant la guerre ».

Le communiqué de la représentation israélienne affirme que « le seul objectif » du rapport est « de fustiger et d’isoler Israël » et déplore qu’il « n’aborde pas la stratégie délibérée du Hamas visant à maximiser les dommages causés aux civils » en implantant « systématiquement et illégalement ses moyens militaires dans des zones habitées ».

Le Haut-Commissariat « s’est fait l’écho du discours du Hamas et a diffusé des allégations infondées », a dénoncé l’ambassadrice israélienne auprès de l’ONU, Meirav Eilon Shahar.

La guerre a éclaté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251  personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l’armée israélienne.

En riposte, l’armée israélienne a lancé une offensive sur la bande de Gaza, qui a fait jusqu’à présent 37 396  morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza.