(Sweimeh) Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a annoncé mardi une nouvelle aide américaine de 404 millions de dollars pour les Palestiniens, tout en exhortant d’autres pays à faire de même, à l’occasion d’une conférence internationale en Jordanie sur l’aide humanitaire pour Gaza.

Cette aide porte la contribution totale des États-Unis aux Palestiniens – dans la bande de Gaza, la Cisjordanie occupée et dans la région –, à 674 millions de dollars depuis le déclenchement de la guerre en octobre, selon le département d’État.

M. Blinken a toutefois souligné que l’appel de fonds lancé par les Nations unies en faveur des Palestiniens n’était financé qu’à un tiers, avec un déficit de quelque 2,3 milliards de dollars.

« Certains ont exprimé une grande inquiétude face aux souffrances du peuple palestinien à Gaza, y compris des pays capables de donner beaucoup, qui ont fourni très peu ou rien du tout », a dit le secrétaire d’État américain.

« Il est temps que tout le monde – tout le monde – passe à l’action. Et pour ceux qui ont déjà donné et donné généreusement, donnez encore plus », a-t-il ajouté.

M. Blinken n’a pas précisé les modalités de ce don, mais Washington, principal bailleur de fonds des Palestiniens, s’est concentré sur le Programme alimentaire mondial et des groupes d’aide privés.

Le Congrès américain a interdit toute nouvelle contribution au principal coordonnateur de l’aide à Gaza, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

L’Unrwa s’est retrouvée au cœur d’une tempête diplomatique et au bord de la rupture après qu’Israël a accusé en janvier une douzaine de ses 13 000 employés de Gaza d’être impliqués dans l’attaque du Hamas en Israël qui a déclenché la guerre en cours le 7 octobre.

Cela a conduit de nombreux pays, dont les États-Unis, à suspendre brusquement le financement de l’agence, menaçant ainsi ses efforts d’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, bien que plusieurs États aient depuis repris leurs versements.

Accroître l’aide à Gaza et soutenir un cessez-le-feu

Les dirigeants ont plaidé mardi en Jordanie, lors d’un sommet sur la crise humanitaire à Gaza, pour un plus grand accès de l’aide dans ce territoire dévasté par la guerre et soutenu un cessez-le-feu proposé par les États-Unis.

Déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre en Israël, la guerre entre Israël et le mouvement islamiste a entraîné une très grave crise humanitaire dans le territoire palestinien.  

« L’horreur doit cesser », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors de ce sommet qui se tient sur les rives de la mer Morte.

« Le rythme et l’ampleur […] des tueries à Gaza dépassent tout ce que j’ai connu durant mes années en tant que secrétaire général », a-t-il ajouté.

La Jordanie a invité des dirigeants du monde entier pour des discussions urgentes alors qu’ONG et agences et l’ONU tirent la sonnette d’alarme sur la bande de Gaza, avec pratiquement toute la population de 2,4 millions de personnes dépendant de livraisons d’aide très en deçà des besoins.

Décrivant la guerre comme une « tache sur l’humanité », le coordinateur humanitaire des Nations unies, Martin Griffiths, a lancé un appel pour obtenir 2,5 milliards de dollars, afin de répondre aux besoins des Gazaouis jusqu’à décembre.

M. Guterres a appelé toutes les parties à accepter un plan de cessez-le-feu présenté récemment par le président américain, Joe Biden.

« Malnutrition aiguë »

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, arrivé en Jordanie en provenance d’Israël, a souligné qu’en attendant, il n’y avait pas de temps à perdre pour aider les Gazaouis et a annoncé plus de 400 millions de dollars d’aide américaine aux Palestiniens.

Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a lui indiqué que son pays apporterait 16 millions d’euros (17 millions de dollars).

Le futur président indonésien, Prabowo Subianto, a lui annoncé que l’Indonésie était prête à envoyer à Gaza des équipes médicales, un hôpital de campagne et un navire-hôpital, disant pouvoir évacuer 1000 personnes ayant besoin d’un traitement médical.

Des représentants de 75 pays et des responsables de nombreuses ONG étaient présents à ce sommet, organisé conjointement par les Nations unies, la Jordanie et l’Égypte.

Une grande partie de la bande de Gaza a été réduite en ruines et une majorité de ses habitants ont été déplacés par les combats.

L’ONU avertit depuis plusieurs mois que la famine menace à Gaza.  

« Plus de 50 000 enfants ont besoin d’un traitement pour une malnutrition aiguë », a dit mardi M. Guterres.

Depuis un mois, « le flux de l’aide humanitaire, crucial pour la population de Gaza – qui était déjà très insuffisante – a chuté de deux tiers », a-t-il ajouté.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a accusé Israël, qui assiège la bande de Gaza, d’utiliser la faim comme arme de guerre, ce que dément vivement Israël.

« Accès sans entrave »

De l’aide humanitaire entre dans le territoire au compte-gouttes, notamment depuis que l’armée israélienne a lancé début mai une opération terrestre dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et pris le côté palestinien du point de passage avec l’Égypte, où passait la grande partie de l’aide.

Dans leur communiqué final, les organisateurs du sommet ont appelé à un « accès immédiat et sans entrave pour l’aide humanitaire, ainsi qu’un approvisionnement et une distribution continue dans toute la bande de Gaza, notamment par une coordination robuste, et des mécanismes de notification humanitaire et de déconfliction. »

Ils ont en outre « insisté sur le rôle indispensable et irremplaçable de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) », principal coordonnateur de l’aide à Gaza, « en particulier dans la fourniture de matériel et de services vitaux » et appelé à « lui apporter le soutien nécessaire et un financement transparent et continu. »

L’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis le territoire palestinien dans le sud d’Israël a entraîné la mort de 1194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Lors de cette attaque, 251  personnes ont été emmenées comme otages. Au total, 116 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 41 sont morts, selon l’armée israélienne.

Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.

Son armée a lancé une offensive meurtrière dans le petit territoire côtier. Au moins 37 124  Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.