Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a rencontré lundi en Israël le premier ministre Benyamin Nétanyahou, lors d’une nouvelle tournée destinée à défendre un plan de cessez-le-feu dans la bande de Gaza après plus de huit mois de guerre avec le Hamas.

Cette huitième tournée régionale du secrétaire d’État depuis le début de la guerre dans le territoire palestinien intervient alors que le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi un projet de résolution américaine soutenant le plan de cessez-le-feu.

Le texte, qui « salue » la proposition de trêve annoncée le 31 mai par le président américain Joe Biden, a recueilli 14 voix pour, la Russie s’abstenant.

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Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi un projet de résolution américaine soutenant le plan de cesse-le-feu à Gaza.

Le Hamas a de son côté « salué la résolution du Conseil de sécurité » et souligné dans un communiqué qu’il « souhaite réaffirmer sa volonté de coopérer avec les frères médiateurs pour entamer des négociations indirectes concernant la mise en œuvre de ces principes ».

Le mouvement islamiste fait ainsi référence à ses exigences sur un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza et un retrait complet des forces israéliennes du territoire.

Les États-Unis font clairement peser sur le Hamas la responsabilité première de l’accepter.

Si Joe Biden a décrit le plan comme venant d’Israël, Benyamin Nétanyahou dit vouloir poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas et les divisions politiques dans son pays pourraient compliquer les efforts américains.

Après une étape au Caire et une rencontre avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, le chef de la diplomatie américaine a rencontré Benyamin Nétanyahou pendant environ deux heures à Jérusalem.

M. Blinken a souligné que « la proposition sur la table ouvrirait la voie au calme le long de la frontière nord d’Israël » avec le Liban et « à une intégration plus poussée » d’Israël « avec les pays de la région », selon le département d’État.

Au Caire, M. Blinken a appelé les pays de la région à « faire pression sur le Hamas » pour qu’il accepte un cessez-le-feu.

« Je crois fermement que l’écrasante majorité » des Israéliens et des Palestiniens « veulent croire à un avenir » dans lequel les deux peuples « vivraient en paix et en sécurité », a-t-il ajouté.

Réserves

La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, faisant 1194 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

L’offensive israélienne en représailles a fait au moins 37 124 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

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Des soldats israéliens près de la frontière entre Israël et Gaza, le 10 juin 2024.

La plupart des membres du Conseil de sécurité avaient dès le début soutenu le principe d’une résolution soutenant le plan de cessez-le-feu, mais plusieurs d’entre eux s’étaient montrés très réservés sur la formulation des précédentes versions du texte américain, en particulier l’Algérie, qui représente le groupe arabe, et la Russie, qui dispose d’un droit de veto.

Répondant aux demandes faites par certains membres, le dernier texte précise certains éléments du plan.

Il indique notamment que si la première phase prend plus de six semaines, le cessez-le-feu sera maintenu « aussi longtemps que les négociations se poursuivront ».

La résolution s’oppose d’autre part à « toute tentative de modification démographique ou territoriale de la bande de Gaza, y compris toute action qui réduirait » son territoire et répète son soutien à la solution à deux États.

Depuis le 7 octobre, le Conseil de sécurité peine à parler d’une seule voix. De nombreux projets de résolution ont été rejetés, soit par manque de voix, soit en raison de veto américains d’un côté, russes et chinois de l’autre.

Après deux résolutions principalement centrées sur l’aide humanitaire, le Conseil avait finalement exigé fin mars un « cessez-le-feu immédiat », pour la durée du ramadan ; un appel précédemment bloqué plusieurs fois par les États-Unis, qui s’étaient cette fois abstenus.

Multiples frappes

Lundi, une frappe israélienne sur une maison dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire, a fait cinq morts, dont une femme enceinte de huit mois, selon la Défense civile.

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Une fillette palestinienne est assise sur un chariot transportant des contenants pour transporter de l’eau, dans la ville de Gaza, le 10 juin 2024.

Toujours dans le nord, une frappe a tué deux personnes dans une maison de Choujaiya, selon l’hôpital al-Ahli.  

Dans le centre, l’aviation a mené une frappe sur Deir al-Balah, tandis que des tirs d’artillerie ont été entendus à l’est de cette ville, faisant des morts selon des témoins.

L’armée a annoncé être engagée dans une opération dans l’est de Deir al-Balah et l’est du camp de Bureij, situé à proximité.

« Les soldats mènent des opérations terrestres et souterraines contre des infrastructures terroristes et des lieux utilisés pour tirer des roquettes vers Israël », a déclaré l’armée.

Dans le sud, des témoins ont signalé des combats dans le centre de Rafah, une ville où l’armée a lancé le 7 mai une offensive terrestre contre le Hamas.