(Londres) On ne veut plus des conservateurs, mais les travaillistes ne sont guère mieux… Voilà, en gros, ce qui ressort de nos échanges avec les Londoniens que nous avons rencontrés dans les jours suivant le déclenchement des élections au Royaume-Uni, à la fin de mai.

Des choses très stupides

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Ian Maitland

« J’ai 86 ans. Je vote pour les conservateurs depuis au moins 50 ans parce que c’est un parti pragmatique et non idéologique. Mais pas cette fois ! Ils ont été au pouvoir trop longtemps. Ils ont fait des choses très stupides. Ils ont eu des leaders décourageants. Ils ont causé un vrai bordel. Je pense au Brexit. Un gouvernement est censé faire croître l’économie, le Brexit a eu l’effet inverse ! Je vais voter pour les libéraux-démocrates. Au moins, ils plaident pour un retour dans l’Union européenne… »

Ian Maitland

Penser à court terme

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Joanne Iles

« Désolée, moi, je ne vote pas. Les politiciens ont d’énormes responsabilités, mais ils ne nous prennent pas au sérieux. Est-ce que les travaillistes sont la solution ? Ça fait longtemps qu’ils n’ont pas eu un candidat décent. Les conservateurs ? Pfff… Je ne sais pas trop ce qu’ils veulent. [Le premier ministre Rishi] Sunak veut rétablir le service militaire. Est-ce qu’il espère vraiment avoir le vote des jeunes avec ça ? Ces gens pensent vraiment à court terme… »

Joanne Iles

Un parti fini

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Gill et Tony Philips

« On a voté conservateur toute notre vie, mais cette fois on est tentés de voter pour les travaillistes. Le Parti conservateur est fini. Il a laissé le pays dans un tel état ! Le Brexit a été un désastre. Nos enfants ne peuvent plus travailler en Europe. La City est en déclin. La pauvreté, les sans-abri, les drogues… Il faut être compatissant, mais c’est quand même devenu intimidant. Il y a un malaise dans ce pays. Le Labour s’est recentré, on peut faire avec ça. »

Gill et Tony Philips

Le moins mauvais des deux

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Cairo Watson

« Le pays est en crise. Les gens galèrent. Tout a augmenté. Les gens souffrent. Regardez les sans-abri. Les familles qui n’arrivent plus. Les droits de scolarité qui triplent dans les universités. Je ne suis pas fan du Labour, mais à mes yeux, c’est clairement le moins mauvais des deux partis. Les travaillistes me semblent plus aptes à rétablir la confiance et à aider la jeunesse du pays. Leurs propositions sont plus excitantes. Est-ce qu’ils vont tenir leurs promesses ? Ça, c’est une autre histoire… »

Cairo Watson

Pas clair sur Gaza…

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Tess Morvern

« Je suis plutôt Labour en général. Mais je suis en désaccord avec la vision [du chef] Keir Starmer sur Gaza. Il a trop tardé avant de réclamer un cessez-le-feu et n’a pas de position claire sur la vente d’armes à Israël. Il a aussi reculé sur certaines de ses positions sur le climat. S’il avait eu des positions plus fortes en faveur de l’humanité, je voterais pour lui. Mais avec Starmer, on a l’impression que le Labour est un parti conservateur déguisé… »

Tess Morvern

Comme un écran blanc

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Paul McKeee et Maurice Conray

Maurice : « Les conservateurs n’ont vraiment pas fait un bon boulot. Normalement, la logique serait de changer. Le problème, c’est que l’option de rechange n’est pas très excitante… et est moins talentueuse. Alors je suis indécis, comme 15 % de la population. »

Paul : « Le Labour ne dit pas grand-chose et n’offre rien de mieux. Je ne me souviens d’aucune parole vraiment intéressante que Starmer ait prononcée dans les derniers mois. C’est plus facile pour les électeurs de se projeter dans quelqu’un qui ne dit rien. C’est comme un écran blanc. »

Maurice Conray et Paul McKee

Le Labour, qui d’autre ?

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Sirak Alkhitani

« Je suis un socialiste. Dans l’absolu, je voterais pour les travaillistes. Mais je trouve que le parti n’est plus ce qu’il était. Depuis qu’ils ont forcé Jeremy Corbyn à partir et qu’ils se sont recentrés, les travaillistes ne m’intéressent plus. Je n’aime pas Keir Starmer, en particulier sa vision au sujet de Gaza, qui n’est pas particulièrement empathique. Le problème, c’est que je ne vois pas pour qui d’autre je pourrais voter. »

Sirak Alkhitani