La Russie a essuyé mardi de vives critiques lors d’une réunion d’urgence au Conseil de sécurité de l’ONU sur des frappes meurtrières en Ukraine la veille, en particulier sur des hôpitaux, une haute responsable des Nations unies évoquant un « crime de guerre ».

Cette réunion coïncide avec le sommet de l’OTAN à Washington pour les 75 ans de l’Alliance atlantique. Les États-Unis, principal allié de l’Ukraine, comptent à cette occasion augmenter ses capacités de défense antiaérienne face aux attaques russes.

Le Conseil de sécurité des Nations unies, dont la Russie assure actuellement la présidence tournante, tient mardi une réunion d’urgence à la demande de Kyiv, à la suite de ces frappes qui ont fait au moins 38 morts dans le pays, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Lancer intentionnellement des attaques contre un hôpital protégé [par le droit international] est un crime de guerre dont les auteurs doivent rendre des comptes.

Joyce Msuya, sous-secrétaire générale de l’ONU aux affaires humanitaires

Elle s’est alarmée d’une « tendance inquiétante à attaquer systématiquement les centres de soins et d’autres infrastructures civiles à travers l’Ukraine ».

L’ambassadeur ukrainien auprès des Nations unies, Sergiy Kyslytsya, a accusé la Russie de « viser délibérément ceux qui constituent peut-être la population la plus vulnérable dans toute société », montrant ce qu’il a affirmé être des preuves du tir d’un missile de croisière russe sur l’hôpital pour enfants touché lundi.

La Russie a pour sa part réaffirmé que l’hôpital avait été atteint par la chute d’un missile antiaérien ukrainien.

« Si cela avait été une frappe russe, il ne serait rien resté du bâtiment et tous les enfants ainsi que la plupart des adultes auraient été tués et non pas blessés », a déclaré son ambassadeur à l’ONU, Vassili Nebenzia, dénonçant une « campagne de propagande de Kyiv ».

PHOTO ANATOLII STEPANOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Cibler des hôpitaux en Ukraine est un « crime de guerre », a déclaré un haut responsable de l'ONU lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité le 9 juillet, convoquée à la suite de frappes meurtrières que Kyiv imputait à la Russie.

« Guerre d’agression »

L’ONU a cependant jugé « fort probable » que l’hôpital ait été touché par « un tir direct » de missile russe.

« L’attaque d’hier montre très clairement que (le président russe Vladimir) Poutine n’est pas intéressé par la paix. Il tient à semer la mort et la destruction pour poursuivre sa guerre d’agression », a estimé l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield.

Son homologue français Nicolas de Rivière a « condamné ces violations flagrantes du droit international » qui s’ajoutent à la « liste des crimes de guerre dont la Russie devra répondre », la représentante britannique Barbara Woodward fustigeant la « lâcheté » des attaques russes.

La Chine, autre membre permanent du Conseil de sécurité, a réitéré son appel à des négociations pour mettre fin au conflit. Son représentant Fu Cong a exhorté la Russie et l’Ukraine à « faire preuve de volonté politique pour faire un pas l’une vers l’autre afin d’entamer des pourparlers de paix dès que possible ».

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déjà condamné lundi les frappes russes en Ukraine, qu’il a qualifiées de « particulièrement choquantes ».

« Mener des attaques contre des civils est interdit par le droit international, et ce genre d’attaque est inacceptable et doit cesser immédiatement », a déclaré son porte-parole dans un communiqué, citant les deux centres médicaux touchés.

Kyiv réclame en particulier des systèmes de défense antiaérienne, dont des batteries sol-air Patriot, particulièrement efficaces contre les missiles balistiques. Les frappes russes ont déjà fait des dizaines de morts et détruit la moitié des capacités énergétiques de l’Ukraine.