(Kyiv) Un tribunal militaire russe a condamné trois frères à des peines de 17 ans de détention pour « trahison » pour avoir voulu rejoindre les rangs d’un groupe de combattants russes anti-Kremlin basé en Ukraine, selon un communiqué publié mercredi.

Ioann, Alexeï et Timofeï Achtcheoulov « avaient décidé de participer aux activités », notamment militaires, de la « Légion Liberté de la Russie », ont indiqué les services du procureur de Moscou.

Cette unité, classée organisation « terroriste » en Russie, combat pour l’Ukraine et avait réalisé des incursions armées dans des zones frontalières russes plus tôt dans l’année.

Les trois frères sont âgés de 19 à 24 ans, selon le site russe indépendant d’information Mediazona qui a indiqué que deux d’entre eux ont livré un plaidoyer contre le « crime » qu’a commis, d’après eux, la Russie en attaquant l’Ukraine.  

Chose rare pour un procès de ce type en Russie, il ne s’est pas tenu à huis clos.

Les autorités russes arrêtent et condamnent régulièrement des citoyens accusés d’avoir, à des degrés divers, collaboré avec l’Ukraine ou tenté de le faire. Elles répriment aussi ceux qui ont simplement dénoncé l’assaut russe.

Les frères Achtcheoulov, notamment reconnus coupables de « trahison » par une cour militaire de Moscou, ont reçu des peines de 17 ans d’incarcération pour deux d’entre eux, et 17 ans et demi pour le troisième.

Les trois premières années de leurs peines devront être purgées en prison, et les suivantes dans une « colonie pénitentiaire de régime strict », selon le bureau du procureur.

En juillet 2023, ils auraient tenté de rejoindre l’Ukraine à pied, en contournant les points de contrôles officiels.

Ils avaient été arrêtés à 1,5 kilomètre de la frontière, d’après les autorités.

Des clichés publiés par les autorités les montrent dans le box des accusés, tous habillés de t-shirts noirs et l’air juvénile.

Au tribunal, Timofeï, le plus jeune, a assuré n’avoir pas eu l’intention de commettre « quoi que ce soit d’immoral ».

Ses actions, et les poursuites judiciaires qui le visent, découlent « du fait que je considère la conduite de l’opération militaire spéciale comme un crime », a-t-il dit, utilisant l’euphémisme imposé par le Kremlin s’agissant du conflit.

Ioann, 24 ans, a dit avoir voulu empêcher les autorités russes de commettre le « pire crime du 21siècle », selon Mediazona.

Il a refusé de demander l’« indulgence » de la cour, dénonçant un pouvoir judiciaire « assujetti » à l’exécutif. « Je pense que vous n’avez pas de liberté, vous ne pouvez donc pas me la donner. »

Ioann s’est dit « serein » quant à sa peine, assurant ne pas se voir comme un « traître » à son pays.

« Le plus important est ma liberté personnelle, dont vous ne pouvez pas me priver », a-t-il dit en s’adressant à la cour.