(Paris) Des sénateurs français de tous bords politiques ont déposé mardi à l’ambassade d’Iran en France un courrier demandant la « libération immédiate » de trois Français détenus par Téhéran et considérés par le gouvernement français comme « otages d’État ».

Dans ce courrier, dont l’AFP a eu copie et qu’a déposé le parlementaire socialiste Rachid Temal dans la boîte aux lettres de l’ambassade, 79 sénateurs attirent l’attention de l’ambassadeur iranien à Paris Mohammad Amin Nejad « sur le sort » de Cécile Kohler, Jacques Paris et d’un troisième Français prénommé Olivier, dont le nom n’est pas public.

Ils sont « injustement détenus en Iran », écrivent-ils.

« C’est un geste symbolique » alors que l’ambassade a refusé de recevoir en mains propres cette missive, a déclaré Rachid Temal à des journalistes sur place. Le courrier sera par ailleurs officiellement adressé par la poste à l’ambassadeur.

En cette veille de Journée internationale de lutte contre la torture, les sénateurs signataires exigent que les conditions de détention des trois Français « respectent les textes internationaux dont la République islamique d’Iran est cosignataire, à savoir la Déclaration universelle des droits de l’Homme, le pacte international sur les droits civils et politiques ainsi que la Convention de Vienne sur les relations consulaires ».

« Nous allons continuer cette lutte importante pour qu’ils aient de bonnes conditions de détention immédiatement, mais surtout [pour obtenir] leur libération le plus rapidement possible », a ajouté Rachid Temal. « Ils sont otages d’État parce qu’ils sont Français. Et donc nous devons, nous, la France, tout faire pour qu’ils soient libérés immédiatement », a-t-il insisté.

Les sénateurs déplorent l’absence de « procès équitable », le non-respect des droits de la défense, l’absence de visites consulaires régulières et des conditions de détention jugées indignes.  

Le couple formé par Cécile Kohler et Jacques Paris avait été arrêté en mai 2022, accusé d’être des espions.  

Noémie Kohler, la sœur de Cécile, a exprimé auprès de la presse sa vive inquiétude sur l’état de santé physique et psychologique de sa sœur.

« On a très peu d’information sur son état de santé réel et c’est très angoissant », a-t-elle souligné, expliquant que le dernier appel à leur mère remontait au 13 avril dernier alors que jusqu’alors les appels étaient généralement espacés de 4 à 5 semaines.  

« Les appels sont très courts, quatre à cinq minutes, et sont sous haute surveillance. Sa parole est contrainte », a-t-elle poursuivi, exprimant sa grande tristesse de n’avoir aucune information « réconfortante » à lui communiquer sur une éventuelle libération.

« C’est terriblement difficile », a-t-elle confié.

À la suite des trois visites consulaires dont la dernière remonte à février, la famille de Cécile a appris qu’elle était détenue dans la Section 209 de la prison d’Evin (Téhéran), l’une des plus dures avec des cellules sans fenêtre et une lumière allumée jour et nuit.

Les trois sorties de trente minutes par semaine sont « parfois supprimées », elle dort « à même le sol » et elle n’a pas eu la vingtaine de livres que sa famille lui avait envoyés, a également raconté Noémie Kohler.

Les sénateurs sollicitent l’intervention de l’ambassadeur iranien pour obtenir le transfert immédiat de Cécile Kohler et de son compagnon « de la section 209 dans laquelle ils sont incarcérés vers le quartier des prisonniers politiques, dont la rigueur est moins critique ».

Outre les sénateurs, Jean-Luc Romero, adjoint à la Mairie de Paris chargé des droits de la personne, était présent devant l’ambassade d’Iran, avenue d’Iéna.

« L’Iran est le dernier pays sur les droits de la personne, sur la liberté de la presse, enfin sur tout », a-t-il déploré. « On est à côté de nos trois Français qui sont des otages. Le Conseil de Paris va voter unanimement, j’en suis persuadé, la semaine prochaine, un nouveau vœu appelant à leur libération ».