(Kharkiv) Des frappes russes ont fait trois morts et une cinquantaine de blessés samedi à Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine régulièrement bombardée, ont annoncé les autorités, après une nuit déjà marquée par une attaque « massive » contre le fragile système énergétique du pays.

L’armée russe a frappé cette ville, proche de sa frontière, à l’aide de quatre « bombes aériennes guidées », des armes à la force dévastatrice, a précisé le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Telegram.

Trois personnes sont mortes, un immeuble résidentiel ayant été touché, a-t-il déploré. Cinquante-deux autres personnes ont été blessées, dont trois adolescentes, a indiqué le bureau du procureur régional.

Le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov, avait déclaré plus tôt que quatre blessés étaient « dans un état grave », les médecins se « battant pour leurs vies ».

Le bâtiment a été éventré, toutes ses fenêtres soufflées. Des morceaux de meubles et de métal étaient éparpillés sur le trottoir le longeant, où un large trou signalait le probable impact d’une bombe, près de voitures endommagées.

Un habitant regardait l’étendue des dégâts, la tête entre les mains, tandis que les secouristes évacuaient les blessés.

PHOTO SERGEY BOBOK, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des secouristes travaillent dans les décombres d’un bâtiment atteint par une frappe russe.

Le corps d’une femme reposait devant un abri de bus, son sac encore près d’elle, a constaté un journaliste de l’AFP.

Dmytro, un résident, se trouvait dans une pièce où « tout a été complètement soufflé, il ne reste plus rien ».

Par miracle, lui s’en est sorti sain et sauf. Mais il a dit avoir eu tellement « peur » que ses mains et sa voix en tremblaient encore.

2400 bombes

La ville de Kharkiv est souvent endeuillée par des attaques russes.

Depuis le début du mois, l’armée russe a utilisé 2400 bombes aériennes guidées, dont 700 rien que dans la région de Kharkiv, selon Volodymyr Zelensky.

Le président a toutefois assuré samedi que l’Ukraine était parvenue, grâce à ses partenaires occidentaux, à détruire un « lanceur de missiles russes près de la frontière », sécurisant la région.

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La frappe a fait trois morts et une cinquantaine de blessés.

Fin mai, Washington a accepté que les Ukrainiens utilisent les armes américaines pour frapper, dans certains cas, des cibles sur le territoire russe proches de cette zone.

Cette décision faisait suite au lancement, début mai, d’une offensive terrestre surprise de la Russie dans la région de Kharkiv, où les combats restent violents.

Moscou disait avoir pour but de créer une zone tampon afin de mieux défendre son territoire contre des frappes de Kyiv, notamment la région de Belgorod, frontalière de celle de Kharkiv.

Un civil y a été tué par une frappe ukrainienne dans une exploitation agricole, a indiqué samedi son gouverneur Viatcheslav Gladkov.

Réseau énergétique à la peine

Dans la nuit, le réseau énergétique ukrainien, déjà en difficulté, a été la cible d’une nouvelle attaque russe.

Des installations d’Ukrenergo, opérateur ukrainien, ont été « endommagées » dans les régions de Zaporijjia (sud) et de Lviv (ouest), a indiqué le ministère ukrainien de l’Énergie.

Ukrenergo a déclaré que deux de ses employés avaient été blessés et hospitalisés à Zaporijjia.  

Selon le ministère, il s’agit de la huitième attaque « massive » contre des centrales électriques ukrainiennes au cours des trois derniers mois, ce qui a entraîné de fréquentes coupures d’électricité, le réseau électrique peinant à résister aux frappes ciblées des Russes.

Le ministère russe de la Défense a dit samedi avoir mené une « frappe groupée » contre des installations énergétiques ukrainiennes, « en réponse » aux attaques de Kyiv sur son propre territoire.

La Russie, en multipliant ses attaques, a détruit la moitié de la capacité énergétique de l’Ukraine, selon M. Zelensky.

Kyiv appelle ses alliés à l’aider à reconstruire son réseau électrique, un projet qui requiert d’importants investissements, et à lui fournir plus d’équipements de défense antiaérienne pour contrer les bombardements russes.

Les autorités d’occupation russe dans la région de Zaporijjia ont par ailleurs affirmé que des attaques ukrainiennes avaient endommagé une sous-station de la centrale nucléaire, contrôlée par les troupes russes, tout en assurant que la sécurité nucléaire n’était pas affectée.