(Moscou) Un tribunal militaire russe a condamné à 20 ans de prison un professeur de dessin accusé de « haute trahison » pour avoir envoyé de l’argent à l’Ukraine et qui avait affirmé avoir été dénoncé par des collègues de son école.

Daniil Kliouka, âgé de 27 ans, effectuera cinq ans de sa peine « en maison d’arrêt » et les 15 autres « dans une colonie à régime sévère », a déclaré jeudi à l’agence de presse Ria Novosti un porte-parole anonyme de cette juridiction.

Selon une notice sur le site internet du tribunal, le verdict a été rendu la veille. L’accusé était poursuivi pour « haute trahison » et « soutien à des activités terroristes ».

L’accusation, a souligné le média russe RBK, affirme qu’il avait fait deux virements en cryptomonnaie d’une valeur de 100 000 et 20 000  roubles (environ 1468 et 294 dollars canadiens) à un fonds ukrainien, « Come back alive », qui collecte des fonds pour l’armée ukrainienne. Toujours selon l’accusation, il prévoyait aussi d’envoyer de l’argent au régiment Azov, désigné « organisation terroriste » en Russie.

Le média RBK explique qu’il a plaidé coupable pendant son procès.

Daniil Kliouka a été arrêté en février 2023 dans la région de Lipetsk, à 350 km au sud de Moscou, ont raconté plusieurs médias russes.

Dans une lettre publiée en juillet 2023 par le groupe Telegram Politzek-Info, couvrant les répressions politiques, il était revenu sur les circonstances de son arrestation.

Il y affirmait avoir l’habitude de gribouiller des « cornes », des « barbes » et des « moustaches » sur les personnages d’un journal local favorable au Kremlin disponible dans son école, pour « rigoler » ou « exprimer » ses « sentiments ».

Puis, après l’offensive russe contre l’Ukraine de février 2022, ses collègues ont remarqué ces dessins sur les exemplaires de ce journal défendant alors l’attaque contre Kyiv : il a été convoqué, puis licencié.

« Ils ont aussi appelé le FSB, lui ont donné ces journaux et raconté que je m’intéressais aux explosifs », écrivait-il.

Dans cette lettre, il soutenait que les agents de FSB avaient trouvé dans son téléphone des virements envoyés à un membre de sa famille originaire de Louhansk, en Ukraine occupée, et l’avaient « forcé » à avouer que ces transferts visaient à financer le régiment Azov.  

En Russie, l’attaque à grande échelle contre l’Ukraine a été suivie d’une répression débridée contre toute critique ou tout soutien supposé de Kyiv.

Des milliers de personnes ont été réprimées, à coups de menaces, d’amendes ou de lourdes peines de prison dont certaines dépassent les 20 années.