(Paris) À onze jours des législatives en France, l’extrême droite a voulu rassurer sur sa politique étrangère mercredi tandis que la campagne a été percutée par le viol d’une jeune adolescente juive de 12 ans, qui a soulevé une onde de choc politique.

A l’approche des élections anticipées des 30 juin et 7 juillet dont il est favori, le Rassemblement national (RN, extrême droite) a tenté de rassurer les partenaires de la France alors que ses adversaires affirment que son arrivée au pouvoir conduirait à une sortie de l’Union européenne.  

« Je n’entends pas remettre en cause les engagements pris par la France sur la scène internationale », a déclaré mercredi son président Jordan Bardella, en visite au salon de défense Eurosatory près de Paris,  

« Il y a un enjeu de crédibilité à l’égard de nos partenaires européens et de nos alliés de l’OTAN », a-t-il déclaré. Plus question de quitter le commandement intégré de l’Alliance atlantique, en tout cas pas tant que la guerre en Ukraine « est toujours en cours », selon M. Bardella qui tente de gommer l’image pro-Kremlin de son parti.

Le jeune président du RN a d’ailleurs confirmé son intention de maintenir le soutien militaire de la France à Kyiv, avec toutefois une « ligne rouge » sur les « missiles longue portée » qui permettraient de « frapper le territoire russe ».

« Déraisonnable »

Jordan Bardella, qui pourrait devenir premier ministre en cas de victoire de son camp, s’est aussi employé à donner des gages de neutralité en s’engageant à dissoudre « toutes les organisations d’ultragauche et d’ultradroite ». Le RN a aussi annoncé retirer son soutien à un de ses candidats, qui avait écrit sur Twitter en 2018 que « le gaz (avait) rendu justice aux victimes de la Shoah ».

Le président français Emmanuel Macron, qui a convoqué ces législatives après la débâcle de son camp aux européennes le 9 juin, continue, lui, de trouver le programme de l’extrême droite « déraisonnable » à la fois « financièrement et dans son rapport à la politique ».  

Mais il réserve ses flèches les plus acérées à la coalition de gauche Nouveau Front populaire qui rassemble socialistes, écologistes et la France insoumise (LFI, gauche radicale) et dont il a dénoncé le programme « totalement immigrationniste » et certaines mesures sociétales.  

Le président de la République a ainsi dénoncé « des choses complètement ubuesques comme aller changer de sexe en mairie », provoquant des réactions outrées à gauche. « Le président de la République perd ses nerfs », a répliqué sur le patron du Parti communiste Fabien Roussel.  

PHOTO CHRISTOPHE ENA, VIA REUTERS

Le président français Emmanuel Macron

Déjà marquée par les tensions politiques à droite comme à gauche, la campagne a été percutée par le viol en réunion samedi à Courbevoie, près de Paris, d’une jeune adolescente juive de 12 ans juive, également victime de violences antisémites.

« Fléau antisémite »

Au lendemain de l’inculpation pour ces faits de deux mineurs de 13 ans, le président Macron a dénoncé mercredi le « fléau de l’antisémitisme ».  

Le RN a, lui, pointé du doigt « la stigmatisation des juifs depuis des mois par l’extrême gauche à travers l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien ».

Depuis les attaques du 7 octobre en Israël, le parti La France insoumise est accusé par ses détracteurs d’avoir sous-estimé l’antisémitisme en France et a été critiqué pour avoir refusé de qualifier de terroriste le mouvement palestinien du Hamas, à rebours de la position de la France et de l’UE.  

Début juin, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon avait créé la polémique en jugeant « résiduel » l’antisémitisme en France alors que les chiffres font état d’une multiplication par quatre des actes antijuifs en 2023 sur un an.

Mercredi, il a dénoncé « le racisme antisémite » après le viol de Courbevoie. « Horrifié par ce viol à Courbevoie et tout ce qu’il met en lumière concernant le conditionnement des comportements masculins criminels dès le jeune âge, et du racisme antisémite », a-t-il écrit sur X.

Les législatives, dont le second tour se tient au début des vacances d’été, provoquent par ailleurs une ruée record sur les procurations. Plus de 700 000 Français ont déjà choisi cette voie pour voter, soit « 6,3 fois plus » que lors des dernières élections législatives de 2022, selon les autorités.