(Los Angeles) Quand les contractions de Ness Dominguez ont commencé, elle se trouvait dans la tente qu’elle partageait avec sa conjointe Griselda Flores, dans un campement au bord d’une autoroute à Santa Monica, une banlieue de Los Angeles.

La jeune femme a accouché à l’hôpital, et il était hors de question qu’elle retourne dans son logis de fortune avec son nouveau-né.

« Nous avons vécu dans des motels pour un mois, mais ensuite on n’avait plus d’argent », raconte Griselda Flores.

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Griselda Flores et Ness Dominguez avec leur bébé, Legend

Le couple a alors été dirigé vers le refuge pour familles The Alvarado, de l’organisme Hope The Mission, un ancien hôtel acheté par le comté de Los Angeles grâce au financement du programme Homekey, de l’État de la Californie.

« Si on n’avait pas eu d’endroit où rester, je me serais certainement fait enlever mon bébé », confie Ness Dominguez en cajolant la petite Legend, maintenant âgée de 2 mois.

« Ici, nous sommes en sécurité, on a trois repas par jour et on a tout ce qu’il faut pour le bébé », se réjouit sa conjointe.

Le couple est en bonne position pour se remettre sur pieds et prendre sa vie en main.

Griselda Flores, une immigrée du Honduras sans papiers qui vit aux États-Unis depuis 10 ans, est en processus de régulariser sa situation. Elle doit se soumettre chaque semaine à des tests pour prouver qu’elle ne consomme plus de méthamphétamine en cristaux parce qu’elle espère être reconnue comme deuxième parent de Legend.

Un organisme partenaire l’a aidée pour faire son CV et pour chercher du travail.

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Ness Dominguez et la petite Legend, 2 mois

Avant, on ne savait pas où s’en allait notre vie. Mais maintenant, on a de l’espoir pour améliorer notre situation et trouver une maison pour y élever notre fille.

Ness Dominguez

Ness Dominguez travaillait dans un centre de désintoxication avant de perdre son emploi au début de la pandémie, ce qui l’a menée à la rue.

Un logement, enfin !

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Angela Morales, directrice du refuge pour familles The Alvarado

Après notre entretien avec les deux femmes, alors que nous sortons de leur chambre, la directrice de The Alvarado, Angela Morales, nous confie qu’elle vient juste d’avoir la confirmation qu’un appartement permanent est disponible pour le couple, avec un programme de subventions pour le paiement du loyer. Elle attend notre départ pour lui annoncer.

« Elles vont être tellement contentes ! », se réjouit-elle.

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Une chambre du refuge pour familles The Alvarado

Depuis l’ouverture du refuge de 43 chambres il y a un an, 23 familles qui y sont passées ont pu être placées dans un appartement permanent et être inscrites à des programmes d’aide financière ou d’aide à l’emploi.

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Efren Rodriguez, intervenant de Hope The Mission

Ça demande beaucoup de travail parce que beaucoup sont des familles immigrantes sans papiers qui doivent régulariser leur situation, obtenir un permis de travail, une carte d’identité de l’État, un permis de conduire, s’inscrire à Medicaid, etc.

Efren Rodriguez, intervenant de Hope The Mission

Les employés nous parlent de cette mère de trois enfants, dont un handicapé, originaire du Guatemala, dont le mari est mort en travaillant sur un chantier de construction. De cette autre mère seule de trois bambins qui dormait avec eux dans sa voiture avant qu’elle soit remorquée en son absence. De cette femme qu’ils ont pu placer dans un logement avec une piscine, avec sa famille.

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Gerard Leandro, 3 ans, derrière son père, Darwin Rannos

« Nous avons dormi deux nuits dans la rue et j’avais très peur pour mes enfants. Ils étaient inquiets parce qu’ils voyaient des rats se promener », confie Darwin Rannos, originaire du Venezuela et père de deux garçons de 3 et 6 ans, maintenant installé lui aussi à The Alvarado. « Je suis tellement reconnaissant de l’aide et de l’hospitalité qu’on reçoit ici ! »

À lire demain : les solutions de la Californie pour tenter d’endiguer la crise de l’itinérance